Voilà une démo qui porte foutrement bien son nom. Visceral. En effet, on ne peut qu’opiner du chef à l’écoute du gros quart d’heure que nous propose les ricains de Clinging To The Trees Of A Forest Fire : si ça, ça ne vient pas des tripes, alors je n’y comprends plus rien…Bon après, ce qui vient des tripes n’est pas forcément synonyme de qualité. Prenez le vomi par exemple, ca vient de cette zone là, et ca reste bien dégueulasse tout de même. Bon, sans aller jusqu’à dire que Visceral l’est, je dois avouer que l’écouter m’a été plutôt désagréable. Et pourtant, je suis habitué à me prendre des décibels dans la tronche, et je trouve toujours quelque chose d’attirant, d’attrayant où d’intéressant dans les styles les plus extrêmes et les plus innommables, et dans les formes d’expressions les plus controversées. Et Pourtant, CTTTOAFF m’en a touché une sans faire bouger l’autre.
Le style du groupe est pourtant fait d’un mélange de choses que j’aime, comme du Death, du Grindcore, du Doom et du Metalcore, mais dans leurs versions les plus glauques et les plus lourdes. Le résultat est difficile à expliquer : un chant hurlé écorché, en pleine rupture, des gros riffs très lourds, très lents et foutrement gras, des larsens, des accélérations dévastatrices qui ressemblent à un beau foutoir, une tendance à rechercher la disharmonie et la dissonance, avec des arpèges oppressants (« Asthmatic »). Les compos ci-présentes forment un ensemble indéniablement noir de chez noir, violent et dérangeant. Pour ne pas dire désagréable. Mais c’est certainement le but recherché. C’est à peine si l’on retrouve un peu d’humanité là dedans, avec une apparition fugace d’une chose qui ressemble à du groove sur le riff d’ouverture de « Biracial ». Les compos sont également d’une froideur impressionnante. Bref, Visceral porte bien son titre je le répète, car il semble littéralement vomi par ses créateurs, comme un accès de haine incontrôlé et incontrôlable, comme quelque chose qui nous bouffe et qui doit à tout prix sortir, sous quelque forme que ce soit. Ici c’est la musique, ca aurait aussi pu être un furoncle. Un ignoble furoncle qui vous éclate en pleine face et qui répend sur votre peau vierge de tout défaut son infâme contenu.
Ceci s’adresse aux seuls initiés de la musique extrême, ceux qui fuient la mélodie, ont soif de noirceur et de violence et se délecte de hurlements sous fond de gros riffs bien gras. Bienvenu dans un cauchemar et bon appétit.
Sheol (05/10)
Prosthetic Records / 2011
Tracklist (16:02 mn) 01. (Intro) instrumental 02. Lower Than Life, High as the Sky 03. Garbage 04. Special Education 05. Biracial 06. Asthmatic