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oshy_11052011_GravehiIl n’y a vraiment rien d’exceptionnel chez Gravehill, tout comme il n’y a rien d’exceptionnel dans le fait de s’envoyer un burger bien gras devant un bon vieux série Z. Et pourtant, on prend toujours le même plaisir à faire ce genre de truc. Invariablement, l’homme reste attaché aux mêmes attitudes monomaniaques et répétitives. En musique c’est un peu la même chose, et l’on prend chacun un panard inavouable en s’envoyant les unes à la suite des autres des galettes n’ayant absolument pas la moindre once d’originalité. Et pourtant…et pourtant ! Un peu comme le Swedish Death Metal : il suffit d’écouter les deux premiers albums des groupes fondateurs du style pour en avoir fait le tour, mais rien ne pourra nous empêcher de nous repaître des suiveurs actuels qui se contentent simplement –avec plus ou moins de talent, certes- d’en rajouter une couche et de répéter grosso modo ce qui a été établi au début des années 1990. Putain d’époque, pourrie jusqu’à la moelle me direz-vous.

Hé bien Gravehill colle merveille à ces images : ce second album des ricains fait l’effet d’un bon vieux burger bien gras, à l’ancienne. Rien d’original, mais bordel que c’est bon de se rouler dans ce genre de crasse old school à la prod brute de décoffrage, sans artifices et sans aucune intention de grossir le trait pour paraitre plus evil que son voisin. La Californie possède aussi des coins où le soleil ne passe pas et ou l’odeur de renfermé est reine dans son royaume crasseux et underground. Gravehill est un fidèle sujet de sa majesté l’Ombre, qui nous sort avec When All Roads Lead To Hell sa seconde offrande de « metal of death ». Un tel album, c’est une ode à un style de pensée bien particulier, c’est pour ainsi dire déjà vu et presque classique dans son approche, mais on prend toujours le même plaisir. Le plaisir des voix glaireuses et méchantes, du son cradingue et des soli envoyés avec fausses notes en supplément, le plaisir de tendre bien haut son majeur à la face du monde. « Fuck mankind… Fuck the world ». Si vous êtes d’avis que le Death actuel, avec ses grosses prod polissées et ses performances au millimètre manque de charme, et s’éloigne de ses origines, alors Gravehill est fait pour vous.

Sheol (07/10)

www.gravehill666.com

www.facebook.com/gravehill

Dark descent Records – Clawhammer PR / 2011

Tracklist (49 mn) 1. Intro 2. Unholy executioner 3. Devil worshiper 4. Extinction 5. When all roads lead to Hell 6. Suffer no man to live 7. Pray for war 8. Consumed by rats 9. 7:06.

 

Infestus – Ex|Ist

Le désormais one man band Infestus nous reviens pour son troisième album, avec Andras seul aux commandes, alors que Dagon s’en est allé voir ailleurs. Et bien loin d’être affaibli par la perte d’un de ses membres, Infestus garde la flamme et nous livre avec Ex|Ist une oeuvre magistrale.

C’est aussi une œuvre personnelle, résultant d’un questionnement profond sur le sens de la vie. Un Black Metal que l’on pourrait qualifier de dépressif, dans la veine de Shining, dans le sens ou cet examen froid et détaché sur le vide, sur la futilité de la vie marque de son empreinte la musique d’Infestus qui devient angoissante, sinistre, inquiétante, mais aussi chargée d’émotion, même si celles-ci mènent à une sorte de découragement. Ce troisième album du groupe est le reflet d’une maturité et d’une maitrise exemplaire, mais surtout d’un talent indéniable pour mettre en musique un cheminement personnel intérieur. Ce faisant, pour saisir toute l’intensité et toute la finesse d’un tel album, il vous faudra vous abandonner à lui et l’écouter dans son ensemble. Ex|Ist est un album qui ne peut s’apprécier que comme un tout monolithique. Et de cette façon seulement, vous pourrez saisir l’étrange paradoxe résultant de telles œuvres, celui qui consiste à voir ressortir d’un ensemble sinistre et torturé une beauté étouffante qui entrera en résonnance avec votre moi profond et, peut être, avec vos propres questionnements et remises en questions. C’est réellement un voyage que nous propose Infestus, un voyage introspectif, une œuvre aboutie, dense et tourmentée, dont les longues compositions sont autant de combat intérieur à la recherche de réponses … Et le travail est d’autant plus exceptionnel qu’il n’est l’œuvre que d’un seul homme.

S’il existait un juste milieu entre Shining et Dark fortress il me semble qu’Infestus se poserait là. Mais au-delà des comparaisons, il convient d’appréhender cet album comme le fruit d’un long travail. C’est pourquoi, bien qu’il s’agisse de Black Metal, cet album ne partage pas certaines caractéristiques commune de ce style : Ex|Ist n’est pas un album froid et misanthrope par exemple, il n’est pas non plus une œuvre d’où la brutalité ressort plus que toute autre caractéristique, non. Il s’agit d’un Black Metal humain avant tout, et donc, marqué par l’humain, marqué par l’homme et par ses tourments intérieurs…qui induisent forcément ténèbres et agressivité, agitation et déchainements…mais pas seulement. Les passages acoustiques dépouillés donnent d’ailleurs aux compos un aspect vraiment humain et presque poétique. La dimension atmosphérique qui se cache derrière chaque compo leur donne de plus une réelle profondeur. Infestus nous touche, et à défaut de se lamenter et de crier bêtement au suicide, Ex|Ist est rattaché à la vie, comme son nom l’indique, même si ce rattachement est fragile et instable, qu’il procède d’un recul analytique constant. Au dehors…en dedans…quel est le sens de tout cela ? Est-ce que je vis, ou est-ce que je me contente de respirer ? Cette spirale inquiétante et hypnotique qu’est la vie fait-elle de moi un simple pion qui se contente de voir passer le temps, et où puis-je me placer dans cette pièce universelle qui se joue sans mon contentement ?

Infestus nous livre ici une œuvre magistrale, je le répète. Un album prenant et beau, dont l’apparente dureté repose en effet sur une évidente fragilité, qui ébranle totalement l’homme qu’elle touche.

Site officiel: http://www.infestus.com

 9/10  Sheol

Tracklist (51,52min) 1. Akoasma 2. Down spiral depersonification 3. Darkness blazing in the flame of fire 4. Torn observer 5. Mirror mind reality 6. Der blick hinaus 7. Descend direction void

 

oshy_04052011_Cult_of_ErinyPlus j’écoute cet album, plus la baffe que me mettent les belges de Cult Of Erinyes est douloureuse…Bon dieu quel album ! J’ai envie de dire que Les Acteurs De L’Ombre ont eu le nez fin sur ce coup là, car il ne s’agit pas d’un simple bon album passe partout non, A Place To Call My Unknown est réellement un gros morceau qui mérite qu’on s’attarde sur son cas. Il s’agit là de loin de la meilleure sortie de LADLO Productions à ce jour, une sortie qui va apporter une bonne crédibilité à ce jeune label. 

Mais rendons à Satan ce qui revient à Satan, et louons avant tout les mérites de nos amis belges de Cult Of Erinyes qui nous proposent là un album d’une maitrise et d’une maturité tout bonnement hallucinante. -Et il s’agit de leur premier full length, je précise !-. 
Le groupe évolue dans une sphère Black Metal dense et malsain, qui me rappelle dans une certaine mesure les groupes du style d‘ Averse Sefira : un Black Metal lourd, aux compositions longues et insidieuses, qui s’infiltrent progressivement en l’auditeur comme un poison. Avec un côté légèrement hermétique, du fait de cette lourdeur de l’ensemble, et de cette densité, qui nécessite beaucoup d’écoutes pour pouvoir s’en faire une vue d’ensemble. Très classe tout ça. Et la production est calibrée à point pour un rendu des plus malsains. Mais, à la diférence des groupes comme Averse Sefira justement, Cult Of Erinyes insuffle ici et là une dimension ambiante à ses compos, avec quelques passages durant lesquels le tempo se fait plus lent et la voix va jusqu’à murmurer sur de sombres arpèges… l’ambiance se fige dans des tonalités grises…faux espoir, la lumière restera lointaine et le côté délétère des compos n’en sera qu’amplifié. 

On dirait également par moments que l’ombre de groupes tels que Glorior Belli plane au dessus de morceaux comme « Black Eyelids », dans sa façon de progresser lentement mais surement et de donner l’impression que l’étau se ressert autour de la gorge de l’auditeur. Efficace et vicieux ensemble qui ne se dévoile qu’au fil d’écoutes répétées et attentives, qui en deviennent presque hypnotiques. Et pour donner un peu d’air à l’auditeur, le groupe place même deux compos instrumentales qui aèrent presque l’ensemble (« Permafrost » et « Thou art not »), ou tout du moins, qui permettent à l’auditeur de sortir un peu la tête d la vase pour prendre une bouffée d’air –vicié- avant de reprendre et de conclure sur un énorme « Last light fading » qui porte foutrement bien son nom et qui achèvera littéralement l’auditeur avec un dernier coup de massue sombre et lancinant.

Chapeau bas Cult Of Erinyes, pour ce superbe album et cet énorme potentiel si bien exploité. A Place To Call My Unknown est une totale réussite, pleine de noires promesses.

Sheol (08.5/10)

www.facebook.com/cult.erinyes

 

LADLO Productions / 2011     
Tracklist (46:47 mn) 1. Call No Truce 2. Insignificant 3. Ísland 4. A Thousand Torments 5. Permafrost 6. Velvet Oppression 7. Black Eyelids 8. Thou Art Not 9. Last Light Fading