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oshy_23042011_Crawling_in_SluTarzé a Crvéa est le premier album de Crawling In Sludge (CIS pour les intimes) qui, comme son nom l’indique, évolue dans un registre…Rock/Stoner/Sludge. Jusqu’ici, tout va bien, sauf si vous vous êtes posé des questions en voyant le nom de l’album. Tarzé a Crvéa. Non, CIS n’est pas un groupe étranger, ils sont bel et bien français, et le titre de l’album est à l’image de tous ses textes, et c’est même là l’attrait majeur de cette galette : tous les morceaux sont chantés en langue poitevine (et on me dit dans l’oreillette que c’est l’écusson poitevin qui orne la pochette). Mis à part qu’on y comprend absolument rien, cela ne change pas grand-chose car cette langue passe plutôt bien chantée voire hurlée. La démo sortie en 2009 était pourtant chantée en anglais, mais il faut croire que les membres du groupes ont voulu s’amuser un peu, et quand on lit les remerciements on comprend l’attrait que peut avoir une telle langue, dont certains mots sont assez marrants à lire (« ma bounefame », « ma fumèle » etc.). 

Musicalement CIS se situe donc dans un Stoner/Sludge plutôt léger, assez bien fait et bien produit il faut le dire, avec un son assez puissant et bien équilibré, tout en ayant ce petit arrière goût légèrement croustillant qui sied si bien à ce style, avec notamment une basse qui ronronne bien fort et des riffs bien lourds, mais aussi un certain groove qui fait remuer la tête. Rien de nouveau sous le soleil du Sludge dirais-je, mis à part l’usage de la langue poitevine CIS ne propose rien de très original, si ce n’est peut être le sixième morceau, « La mariène », sorte de ballade acoustique chantée en chant clair, un chant plaintif et assez approximatif d’ailleurs, et une atmosphère très étrange qui rappelle dans une certaine mesure les mélopées moyenâgeuses. En dehors de ce morceau qui sort clairement du lot, CIS alterne des lignes de chant clair et hurlé, et propose généralement des tempos assez lents, qui renforcent encore la lourdeur du propos, avec un aspect mélodique qui reste présent par le biais de quelques soli et d’arpèges.

Vous l’aurez compris, CIS ne révolutionnera pas le style et n’en a d’ailleurs pas la prétention. Ce premier album n’en reste pas moins d’une qualité indéniable, et démontre une maturité et un savoir faire évidents de la part des membres du groupe. Malheureusement, Tarzé a Crvéa se noie dans la masse des albums du même acabit qui sortent chaque année -et Dieu sait qu’ils sont nombreux- sans avoir les moyens de se distinguer outre mesure. Pour ce faire il faut mettre sur la table des arguments qui font ici défaut au groupe : ce premier album manque encore d’impact, de riffs marquants, bref, de morceaux mémorable.

Sheol (06/10)

Pogo Records / 2011

Tracklist (45:34 mn) 1. Enferàie. 2. 3 min 3. Supjhe cojhé 4. Le pllat 5. L’oume den la tue-vers 6. La mariéne 7. Prdéque mégraesir 8. Lés tolls 9. Chés buns mouments

 

Beyond The Dust – New Dawn

oshy_21042011_Beyond_the_DComposé entre autres de membres de Betraying The Martyr ou de Hell Of A Ride, les parisiens de Beyond The Dust nous proposent avec New Dawn leur premier EP s’inscrivant dans un registre Djent, à savoir, puisque le terme n’est courant que depuis peu, un mélange de Math Metal et de Death avec une dimension progressive et parfois jazzy. Beyond The Dust s’adresse donc aux adeptes du Metal à la sauce Meshuggah, Textures ou encore Periphery. 

Le groupe ne fait pas les choses à moitié pour cette première sortie, et tout dans New Dawn, je dis bien absolument tout mérite quelques louanges. La présentation tout d’abord, très pro, très bien faite, donnant un accent moderne à l’EP, permet déjà un premier contact agréable et prometteur. L’artwork, même s’il ne brille pas forcément par son originalité, fait son effet au premier coup d’œil. Musicalement on reste sur la même longueur d’onde, avec un travail très pro une fois encore, notamment une excellente production assurant un très gros son à ces cinq compos. Le niveau est élevé et on sent direct que Beyond The Dust n’est pas le premier projet des musiciens qui le composent. Techniquement c’est irréprochable, les musiciens maitrisent à fond leur sujet et nous proposent cinq compos vraiment intéressantes et d’une qualité qui laisse entrevoir un fort potentiel et un avenir serein pour le groupe.

Après une intro qui met direct dans une ambiance modern et post apocalyptique, les choses sérieuses démarrent et il est évident d’emblée que Beyond The Dust a son mot à dire au sein de cette jeune scène Djent en plein essor. La section rythmique, sur laquelle repose l’ossature solide des morceaux, est puissante et carrée, à l’image de ce qu’on trouve généralement chez la majorité des avatars post Meshuggah. L’une des caractéristiques de Beyond The Dust repose sur deux voix qui s’alternent et se complètent avec deux registres différents, l’un plutôt clair hurlé et l’autre plus proche du growl, avec en complément quelques lignes de chant clair ici et là. Cette particularité fait aussi la force du groupe, qui démultiplie de cette façon l’impact des compos, qui frappent déjà assez fort ne serait-ce qu’instrumentalement. Le résultat est vraiment bon, et les compos ne manquent pas d’accroche, entre leur facette brutale avec de grosses rythmiques et des riffs bien lourds et saccadés, et leur facette plus mélodique avec quelques refrains en chant clair et de bonnes ambiances, cet EP a une dimension addictive assez forte, et pour peu que l’on soit friand de cette scène, on ne s’en lasse pas.

Un excellent travail de Beyond The Dust ! Fortement conseillé.

Sheiol (08/10)

www.beyond-the-dust.com

www.facebook.com/beyondthedust

Autoproduction / 2011

Tracklist (27:03 mn) 1. Ascending 2. New Dawn 3. Dust in my veins 4. Silenced 5. Chained at the gate 6. The fall

 

oshy_20042011_BlutausNPremier chapitre d’une trilogie annoncée, 777-Sect(s) est aussi le huitième album d’un Blut Aus Nord dont la productivité pousse au stakhanovisme (l’an dernier sortait Memoria Vetusta II, suivi cette année par la réédition de The Mystical Beast Of Rebellion,). Quant aux deux chapitres suivants, ils sont annoncés pour la fin 2011, séparés par un intervalle de quelques semaines seulement. 

La démarche est mystérieuse et énigmatique, mais cela n’a rien d’étonnant quand on connait un peu le groupe, je dirais même que c’est une habitude. Mais tout de même, cette trilogie gorgée de symboles intrigue…je vous laisserais le plaisir de pousser plus loin les recherches et de trouver le(s) sens de ce nouveau travail, il m’est avis que les français nous mènent une fois de plus par le bout du nez jusqu’à un point qu’eux seuls connaissent. Je n’en ai pas moins le sentiment que cette trilogie ouvrira une nouvelle ère pour le groupe…wait and see !

Au-delà de la difficulté à décrire cet album, difficulté inhérente à chaque œuvre du groupe et devenue une habitude, il me semble que ce premier volet concentre grosso modo les principaux éléments ayant forgés jusqu’ici l’identité musicale si particulière de Blut Aus Nord, sa griffe, son hermétisme : 777- Sect(s)s est bel et bien un mélange parfait de ce que l’on pouvait trouver sur chaque full length allant jusqu’à l’énorme MoRT : vous retrouverez ici le côté industriel tapageur de The Work Which Transforms God, les dissonances et l’arythmie suffocante de MoRT, mais aussi le côté tordu de The Mystical Beast Of Rebellion avec ses riffs qui se répètent , qui se tordent et se distordent jusqu’à former de lugubres anti mélopées. Blut Aus Nord est toujours aussi hermétique, toujours aussi lancinant, toujours aussi profond et prenant, toujours aussi particulier, et comme c’est souvent le cas, sans être identique cette nouvelle œuvre est en lien logique avec ce qui a précédé et a donc un léger côté prévisible. Mais allez savoir pourquoi, ce premier chapitre est extrêmement vicieux, plus que le groupe ne l’a jamais été, et un double ténébreux de Terpsichore vous tends les bras pour vous mener jusqu’à la transe avec un sourire entendu aux lèvres. Car dans cette homogénéité et dans cette cohérence qui donnent à l’ensemble un aspect monolithique et opaque se cachent des pistes, égrenées ici et là au bon vouloir des géniteurs malins, qui nous mènent vers Dieu sait quoi.

Voici un premier élément qui ne prendra réellement de sens que lorsque les deux suivants nous serons connu et qu’il nous sera possible de réunir la trilogie pour en saisir tous les aspects. En attendant, Blut Aus Nord reste égal à lui-même : insaisissable, dense, énigmatique, hypnotique, et d’une noirceur à couper au scalpel. Indispensable aux fans, innommable pour les autres…

Sheol (07.5/10)

myspace.com/thehowlingofgod

Debemur Morti Productions / 2011

Tracklist (45:26 mn) 1.Epitome I 2.Epitome II 3.Epitome III 4.Epitome IV 5.Epitome V 6.Epitome VI