Jusqu’à maintenant j’ai l’impression que Blindead reste plus connu pour le passage de son leader au sein de Behemoth que pour ses propres qualités. Pourtant, ce qui n’était certes au départ qu’une sorte de passe temps est maintenant devenu un groupe à part entière pour Mateusz « Havoc » Smierzchalski, mais surtout un groupe qui mérite qu’on s’attarde sur son cas pour le faire sortir de son relatif anonymat, car avec ce troisième album qui est aussi leur effort le plus complexe et le plus abouti, les polonais démontrent un talent indéniable.
Mais tout d’abord, de façon à aborder cet album comme il se doit, sachez qu’Affliction est basé sur un concept : les compos évoquent le cas d’une petite fille atteinte d’autisme, et tentent de nous faire découvrir son univers intérieur, ainsi que celui de ses parents, témoins impuissants de la pathologie de leur enfant et de son évolution. Plombant me direz-vous, et je ne pourrais pas vous contredire, car Affliction est un album très sombre, mais aussi très profond, et qui, malgré le sujet abordé, arrive à sublimer tout ça pour offrir à l’auditeur un ensemble beau et puissant.
Entreprendre une écoute sans connaitre le concept de l’album serait une erreur je ne vous le cache pas…
Délaissant quelque peu le Sludge/Doom des débuts, Blindead évolue et élargit son champ d’action vers un style bien plus complexe, plus progressif et aussi plus nuancé. Il est difficile de décrire Affliction en terme de style, car c’est un album qui est difficilement catégorisable dans la mesure où il lorgne vers différents styles sans jamais y plonger totalement. On peut dire qu’il se place dans un registre proche d’une sorte de Post Metal progressif, sans pour autant oublier ses débuts Sludge/ Doom comme le démontre bien le premier morceau avec ses riffs lourds, son chant hurlé et sa section rythmique puissante et appuyée. La suite nous démontrera que l’album n’est pas figé et qu’il s’affine au fil des morceaux, tout en s’ouvrant de plus en plus vers des éléments non Metal dans leur utilisation courante comme la contrebasse sur « Self consciousness is desire and… », la trompette sur « After 38 weeks » ou encore le piano sur « Dark and Grey », mais aussi un chant clair placé entre l’éthéré et le plaintif, se muant en hurlements sur certains passages…autant d’éléments qui participent à la richesse d’un tel album, et à sa personnalité propre, complexe et aboutie. Il faut plusieurs écoutes et un minimum de recul pour bien entrer dans un tel album, mais il vaut la peine que l’on prenne son temps pour l’apprivoiser.
Je le répète, il ne faut pas aborder un tel album avec légèreté. Il faut connaitre le concept sur lequel il a été construit et il faut surtout se donner le temps de l’écouter plusieurs fois posément, même si les premières écoutes vous semblent laborieuses du fait d’un ensemble quelque peu hermétique…une fois cette démarche correctement entreprise, il ne vous restera plus qu’à apprécier cet excellent travail de Blindead, qui ne vous laissera aucun doute quant au fait que le groupe mérite d’être mis en avant. Une excellente surprise.
Sheol (08/10)
www.facebook.com/blindeadofficial
Mystic Productions / 2010
Tracklist (46:07 mn) 1.Self-consciousness Is Desire and 2.After 38 Weeks 3.My New Playground Became 4.Dark and Gray 5.So, It Feels Like Misunderstanding When 6.All My Hopes and Dreams Turn Into 7.Affliction XXVII II MMIX
C’est un album délicat à aborder que voila: se contenter d’une écoute pour se faire un avis serait une grosse erreur, car Mammal est le genre d’albums qui se dévoilent sur la longueur et qui demandent un effort particulier de la part de l’auditeur. Le décrire n’est d’ailleurs pas plus évident que l’apprivoiser, car Altar of Plagues démontre une personnalité complexe qui se ressent dans sa musique, et qui donne à son Black Metal des allures polymorphes difficilement saisissable. Black Metal n’est d’ailleurs pas à prendre dans son sens le plus strict. On va dire que la base est indéniablement Black, mais qu’en lorgnant vers l’ambiant, l’atmosphérique et même légèrement le Doom, elle s’est étirée, s’est ouverte, à élargie son champ d’action tout en se nuançant. Il s’agit donc d’un Black Metal à prendre avec des pincettes car il est ouvert et très nuancé.
Que vous connaissiez ou pas Across The Sun, il suffira d’une seule écoute de ce premier full length du groupe pour se faire une idée déjà bien arrêtée quant au potentiel du groupe : il est énorme. Ce premier album des américains est en effet d’une telle fluidité et d’une telle fraicheur qu’on ne peut qu’être intéressé par les compos, même si au départ rien dans le style du groupe ne laissait augurer un quelconque regain d’intérêt.