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oshy_18042011_BlindeaJusqu’à maintenant j’ai l’impression que Blindead reste plus connu pour le passage de son leader au sein de Behemoth que pour ses propres qualités. Pourtant, ce qui n’était certes au départ qu’une sorte de passe temps est maintenant devenu un groupe à part entière pour Mateusz « Havoc » Smierzchalski, mais surtout un groupe qui mérite qu’on s’attarde sur son cas pour le faire sortir de son relatif anonymat, car avec ce troisième album qui est aussi leur effort le plus complexe et le plus abouti, les polonais démontrent un talent indéniable.

Mais tout d’abord, de façon à aborder cet album comme il se doit, sachez qu’Affliction est basé sur un concept : les compos évoquent le cas d’une petite fille atteinte d’autisme, et tentent de nous faire découvrir son univers intérieur, ainsi que celui de ses parents, témoins impuissants de la pathologie de leur enfant et de son évolution. Plombant me direz-vous, et je ne pourrais pas vous contredire, car Affliction est un album très sombre, mais aussi très profond, et qui, malgré le sujet abordé, arrive à sublimer tout ça pour offrir à l’auditeur un ensemble beau et puissant.

Entreprendre une écoute sans connaitre le concept de l’album serait une erreur je ne vous le cache pas… 
Délaissant quelque peu le Sludge/Doom des débuts, Blindead évolue et élargit son champ d’action vers un style bien plus complexe, plus progressif et aussi plus nuancé. Il est difficile de décrire Affliction en terme de style, car c’est un album qui est difficilement catégorisable dans la mesure où il lorgne vers différents styles sans jamais y plonger totalement. On peut dire qu’il se place dans un registre proche d’une sorte de Post Metal progressif, sans pour autant oublier ses débuts Sludge/ Doom comme le démontre bien le premier morceau avec ses riffs lourds, son chant hurlé et sa section rythmique puissante et appuyée. La suite nous démontrera que l’album n’est pas figé et qu’il s’affine au fil des morceaux, tout en s’ouvrant de plus en plus vers des éléments non Metal dans leur utilisation courante comme la contrebasse sur « Self consciousness is desire and… », la trompette sur « After 38 weeks » ou encore le piano sur « Dark and Grey », mais aussi un chant clair placé entre l’éthéré et le plaintif, se muant en hurlements sur certains passages…autant d’éléments qui participent à la richesse d’un tel album, et à sa personnalité propre, complexe et aboutie. Il faut plusieurs écoutes et un minimum de recul pour bien entrer dans un tel album, mais il vaut la peine que l’on prenne son temps pour l’apprivoiser.

Je le répète, il ne faut pas aborder un tel album avec légèreté. Il faut connaitre le concept sur lequel il a été construit et il faut surtout se donner le temps de l’écouter plusieurs fois posément, même si les premières écoutes vous semblent laborieuses du fait d’un ensemble quelque peu hermétique…une fois cette démarche correctement entreprise, il ne vous restera plus qu’à apprécier cet excellent travail de Blindead, qui ne vous laissera aucun doute quant au fait que le groupe mérite d’être mis en avant. Une excellente surprise.

Sheol (08/10)

www.facebook.com/blindeadofficial

myspace.com/blindead

Mystic Productions / 2010

Tracklist (46:07 mn) 1.Self-consciousness Is Desire and 2.After 38 Weeks 3.My New Playground Became 4.Dark and Gray 5.So, It Feels Like Misunderstanding When 6.All My Hopes and Dreams Turn Into 7.Affliction XXVII II MMIX

 

Altar Of Plagues – Mammal

AltOfPlaMM032011C’est un album délicat à aborder que voila: se contenter d’une écoute pour se faire un avis serait une grosse erreur, car Mammal est le genre d’albums qui se dévoilent sur la longueur et qui demandent un effort particulier de la part de l’auditeur. Le décrire n’est d’ailleurs pas plus évident que l’apprivoiser, car Altar of Plagues démontre une personnalité complexe qui se ressent dans sa musique, et qui donne à son Black Metal des allures polymorphes difficilement saisissable. Black Metal n’est d’ailleurs pas à prendre dans son sens le plus strict. On va dire que la base est indéniablement Black, mais qu’en lorgnant vers l’ambiant, l’atmosphérique et même légèrement le Doom, elle s’est étirée, s’est ouverte, à élargie son champ d’action tout en se nuançant. Il s’agit donc d’un Black Metal à prendre avec des pincettes car il est ouvert et très nuancé.

Les irlandais n’hésitent pas un seul instant à proposer des compositions très longues (plus de 18 minutes pour la plus longue, environ 9 minutes pour la plus courte) avec des ambiances très travaillées. Sur ce point Mammal est particulièrement réussi, car les ambiances valent le détour et sont, elles aussi, très nuancées, sombres et oppressantes, voire foutrement bizarre et dépaysantes par moments (l’excellent duo « When the sun drowns in the ocean » / « All life converges to some center» est le point paroxystique de l’album et en même temps le plus improbable et le plus hypnotisant). La musique d’Altar Of Plagues se démarque également par une lenteur prépondérante : il n’y a finalement que peu de violence pure et dure sur cet album, et les quelques accélérations ou vocaux typiques du Black sont sporadiques et minoritaires dans l’ensemble, l’intérêt de l’album ne ressort pas de ces passages là.

Mammal est avant tout un album que l’auditeur ressent, vit, plus qu’il ne le subit comme ceux d’un registre Black Metal violent qui assènent leur noirceur à coup de hurlements ou de blast beats. C’est aussi en partie pour cela qu’il s’adresse avant tout, selon moi, à ceux qui aiment également le Black atmosphérique ou ambiant, ou encore le Black progressif. Les fans inconditionnels d’un Brutal Black à la suédoise n’y trouveront donc pas leur compte, car Mammal prend son temps pour se déployer : les ingrédients de base ne sont pas la brutalité, la vélocité ou encore la misanthropie. Au contraire, Altar Of Plagues arrive à accrocher l’auditeur avec des compos vicieusement longues et hypnotiques dont certains passages particulièrement redondants font penser à du Blut Aus Nord, d’autres à du Xasthur, mais toujours d’assez loin. Le groupe à en effet sa personnalité, et sa propre façon d’aborder le Black Metal, qui donne à un tel album un goût vraiment particulier, qui frôle parfois le Post Metal (Cf. « Feather and bone »).

Mammal est un album original, profond et varié, qu’il faut aborder avec précaution : si vous arrivez à y entrer, vous risquez d’avoir du mal à en sortir tant il est prenant. Voilà un groupe dont l’approche sort des sentiers battus, gardons-le à l’œil.

Sheol (07.5/10)

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 www.facebook.com/altarofplagues

 myspace.com/altarofplagues

Candlelight Records / 2011

Tracklist (52min) :
1.Neptune is Dead 2.Feather and Bone 3.When the Sun Drowns in the Ocean 4.All Life Converges to Some Center

 

oshy_21032011_Across_the_SQue vous connaissiez ou pas Across The Sun, il suffira d’une seule écoute de ce premier full length du groupe pour se faire une idée déjà bien arrêtée quant au potentiel du groupe : il est énorme. Ce premier album des américains est en effet d’une telle fluidité et d’une telle fraicheur qu’on ne peut qu’être intéressé par les compos, même si au départ rien dans le style du groupe ne laissait augurer un quelconque regain d’intérêt.

Before The Night Takes Us est en effet un album assez complexe à aborder, car il donne légèrement l’impression de manger à tous les râteliers. Mais ce qui fait passer la pilule, c’est qu’il le fait bien. Très bien même. Across The Sun semble avoir bâti son style sur une sorte de mélange des styles extrêmes dans leur frange mélodique : vous trouverez donc ici et là du Thrash mélodique, du Heavy, du Death mélodique, une lichette de Power Metal et une propension indéniable à donner une dimension orchestrale aux compos avec des arrangements assez bien foutus. Rajoutons qu’au chant clair prépondérant viennent se greffer sur certains passages des vocaux Deathcore, ou plutôt agressifs et aigus. Diversité est le maitre mot de l’album, vous l’aurez compris.

Et le tout est balancé avec une telle maitrise qu’on en reste assez interloqué. Vélocité, technique, plans inattendus…le niveau est élevé et les musiciens semblent être des touches à tout. L’album comporte une facette versatile qui est néanmoins quelque peu déstabilisante : les plans s’enchainent rapidement et malgré la fluidité de l’ensemble il est parfois difficile de suivre le glissement d’un style à un autre. Pourtant, le tout passe plutôt bien et ne lasse pas, même s’il peut sembler légèrement pompeux voire un peu gnangnan sur certains arrangements. En faisant attention on pourra même aisément déconstruire la musique du groupe pour remarquer ensuite qu’il n’y a rien d’original dedans et qu’il ne s’agit que d’une sorte d’assemblage de styles et de plans déjà entendus ici et là. Rien d’original en effet, mais on va dire que la sauce est bien homogène malgré tout, et que l’auditeur se laisse facilement prendre au jeu car la mixture est faite avec intelligence et talent. 

En plus, pour s’ouvrir à un maximum de gens, chez Across The Sun c’est un peu comme chez Casto, il y a tout ce qu’il faut. Les amateurs de gros son y trouveront leur compte, de même que les amateurs de petites gâteries techniques et de menues branlettes de manche. Et le champ d’action des américains est tellement large que ceux qui aiment le Metal orchestral avec une dimension progressive ne seront pas mis de côté. Bref, il y a du gros riff, de la batterie qui frappe fort et qui n’hésite pas à faire parler la double, du solo bien mélodique et rapide, du clavier pompeux, des refrains qui restent en tête et plein de petites douceurs techniques un peu partout. Le tout est emballé dans une prod moderne et puissante, qui donne aux compos un aspect propre sur elles.

Même si je ne suis pas fan de ce genre de mixtures en général, je dois avouer qu’Across The Sun ne m’a pas laissé indifférent. Pour un premier album, le groupe frappe fort. Même si Before The Night Takes Us n’aura pas le privilège de tourner tous les jours dans ma playlist ou de figurer dans mon top dix annuel, il dégage une sacrée énergie, fourmille de bonnes intentions et vous fera passer à coup sur un bon moment si vous vous donnez la peine d’aller au-delà de vos préjugés. A découvrir ! 

Sheol (07/10)

www.myspace.com/acrossthesun

Metal Blade Records / 2011

Tracklist (40 mn)
1. Tipping the scales 2. Song for the hopeless 3. Seasons 4. Descent and discovery 5. Ghost of grandeur 6. Before the night takes us 7. A moment of clarity 8. Blessing in disguise 9. In the face of adversity 10. Belay my judgement