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Baby Brings Bad News – S/T

oshy_050211_BabyBadNIl y a des soirs comme ça, ou l’on se retrouve face à un groupe qu’on ne connait pas et qu’on aborde sans grand enthousiasme. On attend absolument rien du groupe en question et on à même une légère tendance à s’en méfier (certainement pour déculpabiliser si le groupe s’avère mauvais, genre, « je m’en doutais de toute façon ») et pourtant, dès que les instruments résonnent la magie opère et au final on se prend une vraie bonne claque, puis on se sent même un peu honteux d’avoir failli loupé ça juste par…ignorance et suffisance même. Vous avez tous déjà connu ça, je suppose.

C’est en effet lors d’un festival local que j’ai connu les mulhousiens de Baby Brings Bad News dont j’avais vaguement entendu parler avant, mais sans pousser la curiosité jusqu’à aller écouter ce que le groupe faisait. J’ai donc eu le plaisir de découvrir tout d’abord les compos du groupe en live, ce qui est très important pour la suite de la chronique comme vous le verrez. Mais commençons par le commencement, et parlons tout d’abord de ce premier album autoproduit sobrement intitulé Baby Brings Bad News, un album que le groupe à pris le temps de sortir et qu’il a soigné dans le moindre détail. Nous pourrons donc apprécier tout d’abord l’artwork vraiment sympa qui colle parfaitement au contenu et au Rock énergique du groupe.
Pas besoin d’aller bien loin quand on aime le Rock, la scène française est en effet largement pourvue d’attributs aguichants, et Baby Brings Bad News en fait partie et à d’ores et déjà tout d’un grand : le son, la personnalité, l’inspiration, l’esthétique. En gros, ce premier album est une vraie petite perle de Rock énergique et mélodique, avec une personnalité déjà bien trempée et résolument Rock’n’roll dans le sens le plus noble du terme. La guitare est incisive et le chant plein de feeling, avec un registre vocal original (on retrouve ici et là quelques intonations qui rappellent Cedric Zavala Bixler des excellents Mars Volta dont je suis un fan inconditionnel), et l’ensemble dégage surtout une foutue énergie. Certains refrains, certains riffs vous squatteront l’esprit un bout de temps croyez moi. Les Baby Brings Bad News ont un je ne sais quoi de vraiment spécial dans leur style musical, qui touche l’auditeur au bon endroit et qui attire la plus grande sympathie. Les influences doivent assurément être diverses, mais elles restent parfaitement digérées et peu discernables. On pourrait évoquer un mélange de Rock français dans l’esprit de Noir Désir pour l’énergie dégagée, à un quelque chose d’anglais dans le style, pour un résultat moderne porté par une vision originale mise en pratique avec sincérité, simplicité et surtout avec talent.

Mais là ou la musique des BBBN fera mouche à coup sur et vous mettra à genoux, c’est avant tout sur scène. De ce que je peux vous en dire, moi qui ai tout d’abord découvert leurs compos en live, c’est que ce groupe est taillé pour la scène, et que les compos prennent tout leur sens dans ce contexte (j’ai eu pendant un bout de temps certains passages en tête après le concert). Les prestations survoltées du groupe donnent un énorme coup de boost aux compos et les haussent à un registre carrément Metal. Autant vous dire qu’étant habitué à écouter des styles plus extrêmes, je ne me suis pas senti dépaysé. La musique du groupe prend ainsi une toute autre dimension qu’il vous faut absolument découvrir si vous aimez le son sur album. Quoi de mieux, en attendant cela, que de vous procurer ce premier album ?! Depuis que je l’ai en ma possession il tourne régulièrement chez moi, je terminerais donc en vous le conseillant fortement.

Sheol (08/10)

http://www.reverbnation.com/babybringsbadnews

myspace.com/babybringbadnews

Autoproduction / 2011

Tracklist (39:32 mn) 1. Nothing to say 2. Praying mantis 3. Beautiful dance 4. Another freak show 5. Wish a new empty space 6. Strange rock’n’roll sex 7. Look around 8. Memory lane 9. No way, man! 10. Bad news dinner 11. You get on my nerves

 

 

abraham-eye2011 débute en me laissant l’impression étrange de me faire rouler dessus pas un panzer nourri au vitriol…le bilan 2010 à peine bouclé, v’la t-y pas que les grosses baffes de la nouvelle année se bousculent au portillon, en attendant qu’on leur présente notre séant pour le botter sévèrement et repartir en headbanguant pour laisser la place aux suivants. Et c’est Pelagic Records, le label de Robin Staps de The Ocean qui se fait remarquer d’emblée avec Abraham et son premier album An Eye On The Universe. Si ce groupe ne vous dit rien, c’est peut être normal car il est tout de même assez récent (formé en 2007 par le guitariste de Kruger, Jacques Verdiaz) et s’appelait auparavant « Le baron vampire » (et ils ont bien fait de changer de nom…). Malgré tout Abraham à déjà fait ses armes dans son pays la Suisse, notamment en partageant l’affiche avec des groupes comme Mumakil, Kruger, Knut etc. et maitrise son sujet à la perfection, vous vous en rendrez très vite compte à l’écoute de ce premier album qui est…monstrueux. (Vous remarquerez également que je suis très mauvais pour faire tenir le suspens…).

Hé oui, on ne les attendait pas forcément de cette façon, mais les suisses et leur Post Hardcore viril sont l’une des grosses claques de ce début d’année. An Eye On The Universe est d’une puissance impressionnante et vous collera au mur dès les premières secondes de « Coyote versus machete ». Quel son ! Les guitares sont lourdes et abrasives, et la section rythmique est pachydermique. Le chant n’est pas en reste, car il également très viril. L’album bénéficie d’une production en béton armé, offrant aux compos un son terriblement puissant tout en étant assez propre pour que l’on discerne chaque instrument. Mais réduire Abraham à sa puissance ne serait pas faire honneur au groupe, qui nous propose certes un album dense et riche, mais avec des compos nuancées qui ne donnent pas uniquement dans la lourdeur PostCore/Sludge : le groupe sait parfaitement aérer l’ensemble en nous proposant de nombreux passages plus doux et mélodiques, voire atmosphériques ( « Astro zombies »), avec des lignes de chant qui s’adaptent, et varient entre un registre clair chanté ou crié (le début de « Saloon bizarre », dont les quelques fébrilités du chant clair donnent une saveur particulière au morceau) et un registre presque growlé genre homme de cavernes en rut. Bon dieu que c’est bon ! S’envoyer cet album, c’est accepter de se prendre huit rafales de parpaings dans la tronche.

Et on pourra également dire que la simplicité des compos n’est pas étrangère à leur impact : les riffs sont simples tout comme les structures, mais foutrement efficace. Et je ne finirais pas sans dire un mot sur le très beau digipack envoyé par le label, c’est de plus en plus rare, et ca fait plaisir, surtout quand l’objet est aussi bien fait ! Pour résumer, si vous êtes adepte de Post Metal bien lourd, que vous rêvez d’un mélange entre Cult of luna et Howl ou Neurosis par exemple, vous devez impérativement posséder An Eye On The Universe. Il n’y a vraiment rien à mettre de côté dans cet album, chaque minute se déguste. Bravo Abraham !

Sheol (09/10)

 myspace.com/abrahamband

Pelagic Records / 2011

Tracklist (44:22) : 1. Coyote versus machete 2. Saloon bizarre 3. Astro zombies 4. The statues 5. Bullet dozer 6. Herz, Knie, Staub 7. Hellsinki 8. Baruch

 

Antropofago – Beyond Phobia

AntrBeyPho_012011J’avais été bien enthousiaste à l’écoute de la demo 2010, qui en l’espace de douze petites minutes, laissait entrevoir un bon potentiel de la part d’Antropofago, et une personnalité intéressante. Plus rapidement que je ne le pensais, le groupe nous revient avec son premier album signé sur le label hollandais Miceli records, fort de douze nouvelles compos et remontés à bloc.

Une nouvelle fois le travail est très pro : l’artwork en jette, la production est soignée, et le son est très propre (peut être un peu trop d’ailleurs) et on peut discerner tous les instruments nettement, comme sur la démo, avec notamment une basse bien audible. On appréciera dès lors le travail qui a été fait sur chaque compo, avec un niveau technique assez élevé ; une guitare sans faille, une basse très carrée et relativement mise en avant dans le mix, et une batterie hyper précise (le rendu est parfois d’ailleurs peu naturel, je me demande si le groupe n’a pas un peu retouché ça par la suite). On appréciera également le retour des vocaux très particulier de Melmoth the wanderer, qui se caractérise par un registre très personnel pour du Brutal Death, une sorte de mélange entre le growl et le chant Black, qui semble cela dit lui aussi peu naturel. Ma foi, ca passe plutôt bien comme ça, même si les vocaux manquent légèrement de puissance et de nuance : à la longue les lignes de chant paraissent assez monotones. Il me semble que comme la guitare, elles auraient mérité d’être mises un peu plus en avant dans le mix, pour se sortir des lignes de basse et de batterie par exemple.

Le fait de passer d’une démo de douze minutes à un album trois fois plus long induit également quelques travers qui n’étaient pas vraiment discernable sur un quart d’heure, mais qui deviennent évidents ici. Le genre de « défauts » qui sont totalement imputables à un premier album. Une certaine impression de répétition et de linéarité par exemple. Beyond phobia manque un peu d’accroche et de passages marquants. Sur quatre morceaux, ca passe, mais sur un album entier ce n’est pas le cas. Le groupe fait pourtant un bon travail technique, la maitrise est évidente et constante tout au long de l’album (il y a une évolution flagrante par rapport à la démo qui justifierai que l’on rajoute un « technique » derrière le Brutal Death) et il fournit l’effort d’inclure quelques samples ainsi qu’un instrumental qui aère intelligemment l’ensemble (« Nightfall thoughts »), même s’il arrive légèrement trop tard. Pourtant le sentiment qu’Antropofago se répète est bien là, car le problème vient premièrement des compos elles mêmes, qui donnent l’impression de suivre toutes un peu le même schéma et d’être bloquées en mode blast un peu trop souvent, et ensuite du traitement du son, qui donne un ensemble un peu trop homogène. Il manque quelques breaks avec un tempo moins élevé, dans le style de « My darkest hour » ou de « Burnt alive » qui sort un peu du lot, et quelques gros riffs velus simples et faciles à retenir. Beyond Phobia souffre d’un défaut majeur qui nuit à l’ensemble : le manque de variation et de naturel dans le son.

L’album nous offre quand même de très bons moments (« Arachno », « My darkest hour » par exemple) et démontre une personnalité déjà bien marquée, et c’est ce que nous retiendront. Je réitère ce que je disais dans ma chronique de la démo de 2010 : Antropofago à un très beau potentiel, et Beyond Phobia, au-delà des défauts inhérents au manque d’expérience et de cette critique exigeante qui en découle, est un bon premier album.

Sheol (07/10)

myspace.com/antropofagometal

Miceli Records / 2011

Tracklist : 1. Intro 2. Hundred eyes 3. Ghost in the closet 4. Arachno 5. My darkest hour 6. Diabolus ex machina 7. Wrinkled skin 8. One more second 9. Panic room 10. Burnt alive 11. Nightfall thoughts 12. Paranoid visions (part II)