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oshy_22122010_banC’est d’une destination peu commune que nous vient l’une des bonnes surprises de cette fin d’année 2010 : la Serbie, ou Bane s’est formé en 2006. Chaos, Darkness & Emptiness est le premier album du groupe qui, malgré une longue intro assez pompeuse nous propose un Black/Death bien personnel qui ne cesse de m’étonner au fil des écoutes. Pour la petite histoire, sachez que ce premier album des serbe a été enregistré, mixé et masterisé aux Hellsound Studio en République Tchèque, par Honza « Butcher » Kapak (connu pour ses collaborations avec Judas Iscariot, Nargaroth, Maniac Butcher entre autres) et que l’artwork, très réussi, est quant à lui l’œuvre de Marcelo Vasco qui a également bossé avec des groupes comme Satyricon, Belphegor , Vader, Gorgoroth, Keep Of Kalessin etc. A ces niveaux, le boulot se passe de commentaires tant il est bon et efficace.

Pour ce qui est de la musique, Bane a une personnalité déjà bien marquée, en plus d’avoir un potentiel simplement énorme. Pour être honnête, ce premier album est d’un niveau assez impressionnant dans l’ensemble, tant au niveau des compos que de la production. Les serbes nous proposent en plus un mélange Black/Death original et nuancé, à cheval entre le Black mélodique, le Black Sympho avec par moments une touche de Death intelligemment placée pour durcir le ton. C’est, comme vous l’aurez compris, le Black qui à la part belle ici, un Black fin, riche et subtile, que l’on croirait venu de Suède.

Un travail soigné disais-je, avec un album divisé en trois chapitres cohérents et justifiés, respectivement nommés « Chaos », « Darkness » et « Emptiness ». Le premier chapitre, « Chaos », est composé des deux morceaux (« The true insomnia » et « Pandemonium »)et porte bien son nom, car il condense plus de brutalité que le reste de l’album, avec des morceaux lourds, rapides et agressifs, des guitares aiguisées et un batteur qui n’hésite pas à faire parler la double. Et comme tout est finement pensé dans cet album, c’est l’instrumental « Lost shadows » qui conduira en douceur l’auditeur au second chapitre « Darkness » composé lui aussi de deux morceaux («Abhorrence » et «Plague upon yourself »). Ce second chapitre met en relief plus de changements de rythmes, avec l’arrivée de quelques passages plus lents et l’incursion de quelques éléments acoustiques, il est en parfaite adéquation avec son intitulé, et l’auditeur attentif pourra saisir la différence entre les différents chapitres. Les émotions ne sont pas les mêmes, et à la rage du premier chapitre succède une partie clairement plus mélancolique sans pour autant tomber dans le larmoyant. « Plague uopon yourself » est d’ailleurs l’un des meilleurs morceaux de l’album, en plus d’être l’un des plus riches. 

Le troisième chapitre, « Emptiness », sera le premier introduit par un vrai morceau et comportera également deux pièces (« Inherited infection » et « The haunting presence »), plus classiques dans leur approche, plus posés et plus mélodiques, avec moins de nuances et de variations et carrément plus Doom mélodique et plus easy listening que le reste. Une fois encore, et d’autant plus avec l’outro instrumentale, ce chapitre colle parfaitement à son intitulé. Voilà donc pour ces trois chapitres, qui nous proposent chacun de légères variations qui rendent au final l’album très digeste et franchement agréable avec ces différentes atmosphères et émotions. Je ne me suis pas ennuyé un seul instant, et après de très nombreuses écoutes, je ne m’en lasse pas ! Et pour couronner le tout, ceux qui auront reçu l’album via Abyss Records auront droit à une bonne cover de « The dawn no more rises » de Dark Funeral, que demander de plus ?

On pourra certes dire que Bane n’invente rien, ce qui est vrai. Mais il fait ce qu’il fait à merveille, on se passe donc d’une révolution stylistique, et on apprécie le boulot sans broncher, car il n’y a absolument RIEN à redire sur ce premier album qui est une vraie réussite à tous les niveaux : une écriture et un travail très mature, une maitrise du sujet impeccable, un ensemble propre et puissant, et une façon d’envoyer la sauce que certains groupes expérimentés n’ont toujours pas atteint après plusieurs albums. Et après vérification je tire mon chapeau au groupe car même si les membres ont chacun d’autres projets, ils sont tous issus de la scène underground serbe.

Un petit conseil pour finir : ce groupe fera parler de lui, alors gardez le à l’œil, parce qu’il risque de devenir gros, parole de Sheol ! J’attends la suite avec impatience !

Sheol (08.5/10)

www.myspace.com/baneband

 

Abyss Records – Clawhammer PR / 2010

Tracklist (38:58 mn) 1. Awakening of the evil spirits 2. The true insomnia 3. Pandemonium 4. Lost shadows 5. Abhorrence 6. Plague upon yourself 7. Inherited infection 8. The haunting presence 9. Dysthymia 10. The dawn no more rises (Dark Funeral cover, limited edition digipack version, bonus track released via Abyss Records)

 

oshy_27112010_darkenPour peu que l’on ait été fan d’Artefact, on reconnaitra assez rapidement la griffe d’Aldébaran sur ce premier full length de Darkenhöld. L’ancien leader d’Artefact a en effet une personnalité musicale bien marquée, et même si le registre dans lequel évolue Darkenhöld n’est pas identique à celui de feu Artefact, on retrouve quelques repères et ce goût si particulier qu’avait par exemple Magic Spellcraft. Mais Artefact appartient désormais au passé, et c’est avec Darkenhöld qu’Aldébaran a le loisir de s’exprimer sans barrières. 

C’est dans un registre qui pourrait s’apparenter à un Black mélodique véloce avec des touches atmosphériques et un univers médiéval et fantastique que Darkenhöld évolue. A Passage To The Towers nous propose dix compos très directes, dans lesquelles la spontanéité et l’énergie priment sur la technicité. On ressent une dimension clairement épique sur certains morceaux, grâce à des ambiances qui sont très travaillées, notamment à l’aide de claviers omniprésents et plutôt bien dosés. La production est très bonne, elle n’est pas gonflée aux amphets, et donne au contraire une impression de spontanéité elle aussi, grâce à un son rêche et naturel. Le sujet est bien entendu maitrisé à 100% et l’ensemble est cohérent et très homogène.

Mine de rien, les compos sont assez denses et il faut un certain temps pour les intégrer. Mais répéter les écoutes ne devient pas un problème dans la mesure ou APTTT est bien fait et assez aéré pour ne pas se sentir pris à la gorge. Le groupe s’affirme en effet par des compositions qui mêlent mélodie et vélocité et qui de ce fait ne sont pas lassantes : le Black proposé par Darkenhöld est nuancé et a une personnalité qui lui est propre et qui correspond à la vision d’Aldébaran, seul compositeur et tête pensante du groupe. Je le répète, ceux qui connaissaient Artefact reconnaitront assez facilement la signature du monsieur, mais ne vous méprenez pas, Darkenhöld n’en est pas pour autant une copie d’Artefact, loin de là. C’est comme acheter une voiture d’une même marque mais d’un modèle différent, on retrouve ses marques mais les sensations ne sont pas les mêmes : Darkenhöld est plus rentre dedans, moins mélodique et moins progressif, pour résumer, plus Black Metal !

Voilà donc un très bon premier album qui ne souffre d’aucun défaut majeur, mais qui manque juste peut être de passages marquants si l’on cherche la petite bête. En tous cas le niveau est élevé et Darkenhöld a un gros potentiel, la suite ne peut donc qu’être placée sous de bons augures.

Sheol (07.5/10)

www.facebook.com/Darkenhold

darkenhold.bandcamp.com

Ancestrale Production / 2010

Tracklist (40:53 mn) 1.A Passage… (Overture) 2.Ghouls and the Tower 3.Marble Bestiary 4.Citadel of Obsidian Slumber 5.Chains of the Wyvern Shelter 6.In the Crystal Cavern (Interlude) 7.Cleaving the Ethereal Waves 8.Crimson Legions 9.Darkenhöld 10.Sorcer

 

 

oshy_22112010_tripti« Plût au ciel que l’auditeur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il écoute, trouve sans se désorienter son chemin abrupt et sauvage à travers les morceaux de cet album sombre et plein de poisons ; car à moins qu’il n’apporte dans son écoute une logique rigoureuse et une tension d’esprit au moins égale à sa défiance, les émanations mortelles de ce disque imbiberont son âme comme l’eau le sucre… ».

Une fois de plus, un écrivain génial que j’admire depuis mon adolescence vient à mon secours, comme il l’avait fait pour ma chronique de l’immense Monotheist de feu Celtic Frost en 2006… Et ne croyez pas que je cherche à m’approprier ces lignes parfaites issues des Chants de Maldoror, il me semble simplement que la verve intemporelle de Lautréamont peut être tirée de son carcan littéraire pour s’appliquer à une autre forme d’art, en l’occurrence la musique. Et pas n’importe quelle musique : celle qui prend aux tripes, qui est profonde, qui vous retourne et vous hypnotise, celle qui est selon moi tout aussi intemporelle que certains écrits.

Mais revenons en au début de Triptykon, né sur les cendres encore fumantes de Celtic Frost, sans qui il n’aurait jamais vu le jour. Car Eparistera Daimones est bel et bien le frérot puissant et viril de Monotheist, il est sa continuité, sa suite logique, et se place à ses côtés sur la même marche. Avec Triptykon, Fisher a continué son œuvre, a parachevé ce qu’il n’avait pas pu finir avec Celtic Frost. Mais finalement, bien fou celui qui osera s’en plaindre, car ce premier acte de Triptykon n’est pas un simple Monotheist bis, non. Il le prolonge, il le complète, et il forme désormais avec lui un duo imparable, nécessaire, marquant. A quoi bon tenter de décrire cet album ? Il fait partie des œuvres qui se vivent de l’intérieur, qui se ressentent, et qui entrent en cohésion avec vous… ou non.

Ceux qui n’ont pas aimé Monotheist peuvent passer leur chemin et aller voir ailleurs, car ils n’aimeront pas Eparistera Daimones. Ceux qui l’ont aimé par contre, ceux qui ont vibré en l’écoutant savent de quoi je parle : d’un foutu poison qui s’infiltre en vous en vous procurant tant de plaisir que vous vous en délectez, d’une œuvre écrasante en phase avec son époque, qui vous rend dépendant et dont vous ne vous lassez pas, d’un syncrétisme imparable et intemporel des styles extrêmes parmi lesquels le Doom, le Thrash, le Black et le Death, tous unis en une même vision après avoir été passés au filtre de Tom G. Fisher, qui réussit le pari de sortir à quatre années d’intervalle et avec deux groupes différents deux albums qui feront date et qui marqueront le Metal de leurs empreintes. 

Oui, vous avez bien compris ou je veux en venir, je veux simplement dire que l’Eparistera Daimones de Triptykon rejoint le Monotheist de Celtic Frost au Panthéon du Metal. Cet album est indispensable. Ces albums sont indispensables, et ils ne vieilliront pas au même rythme que les autres, et c’est une chose rare. Dans dix ans, dans quinze ans, Celtic Frost et maintenant Triptykon feront encore parler d’eux, croyez moi. Pourvu que Fisher continu à nous abreuver de cette façon encore longtemps, nous autres, amateurs d’œuvres obscures.

Sheol (10/10)

 

http://triptykon.net

www.facebook.com/triptykonofficial

myspace.com/triptykonofficial

Century Media records / 2010

Tracklist (72:42 mn) : 1. Goetia 2. Abyss Within My Soul 3. In Shrouds Decayed 4. Shrine 5. A Thousand Lies 6. Descendant 7. Myopic Empire 8. My Pain 9. The Prolonging