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Withered – Dualitas

oshy_20112010_withWithered n’est pas un groupe très connu en France, il n’empêche que Dualitas est pourtant le troisième album des américains, et que les deux premiers « Memento Mori » et « Folie circulaire » ont reçus d’excellentes critiques chez nos confrères d’outre Atlantique, dont certains n’hésitaient pas à parler de Withered comme d’un groupe extrêmement doué. Malheureusement pour moi à l’heure ou je vous écris je n’ai pas encore eu l’occasion d’écouter les deux premiers albums du groupe, et il semblerait que j’arrive vraiment au mauvais moment puisque Dualitas est l’album du changement car il s’agit du premier composé par le groupe sans le guitariste fondateur et principal compositeur, qui a décidé de quitter l’aventure après « Folie circulaire ». Foutredieu, je ne suis pas verni ! C’est donc sans point de comparaison que je vais disséquer Dualitas.

Ouvrant les hostilités d’une façon très brutale, avec un « Extinguish with the weary » très Black/Death dans l’âme, Withered donnera par la suite tout son sens au titre de l’album en mettant en avant une propension certaine à la dualité par une alternance de morceaux brutaux et rentre dedans, et de morceaux plus rampants faisant ressortir un côté largement Doom/Death. Etonnant cet album, par ses nuances et sa personnalité bien trempée, puisant à plusieurs sources son inspiration. Dès le second morceau Withered nous propose en effet une autre facette (la pochette est révélatrice !) et se montre beaucoup plus posée et aussi plus vicieux en nous proposant une compo à l’opposée de la précédente : lente, mélodique et lourde avec des vocaux ultra gutturaux et des passages ambiants à base d’arpèges doux mais dégageant une atmosphère très sombre. Ce second visage est aussi le plus intéressant du groupe, car il devient alors carrément imprévisible et l’auditeur peut sentir comme le poids d’une menace qui peut frapper à chaque instant. « Residue in the void » est d’ailleurs un excellent morceau car il condense en lui seul tout ce que le groupe fait passer dans la totalité de l’album (tout comme le fera « Aethereal breath » à la fin). Le morceau suivant reviendra à un Black/Death violent, plutôt bien foutu même si le groupe est somme toute très classique et assez brouillon dans ces moments là. Et ainsi de suite.

Dualitas est un album schizophrène, dans le sens étymologique du terme. Il contient d’excellents passages, mais aussi de moins bons, qui rendent l’ensemble assez inégal. L’auditeur sera tout du long balancé entre passages lents et passages beaucoup plus furieux et violents : dans certains cas cette dualité est jouissive, mais avec Withered elle est déstabilisante et pénalise parfois l’album, qui perd en homogénéité, surtout que le groupe n’est pas particulièrement inventif quand il enclenche le mode brutal… il en résulte un album en demi-teinte, qui laisse quelque peu l’auditeur sur sa faim malgré un potentiel évident. Dommage.

Sheol (06,5/10)

www.facebook.com/witheredmetal

Prosthetic Records / 2010     
Tracklist (42:41 mn) 1.Extinguished With The Weary 2.Residue In The Void 3.Seek The Shrouded 4.Interlude 
5.From Shadows 6.The Progenitor's Grasp 7.Aethereal Breath 8.Outro

 

The Ocean – Anthropocentric

oshy_20112010_TheOcSortir deux albums en une année, pas mal de groupes l’ont déjà fait… et souvent au détriment de la qualité, il faut être honnête. Mais sortir deux albums tels qu’Heliocentric et Anthropocentric la même année, c’est déjà plus difficile, et le nombre de groupes capable de relever un tel challenge est déjà beaucoup plus restreint. 2010 sera donc une année particulière pour The Ocean, qui après un surprenant mais très bon Heliocentric nous propose ce que l’on pourrait qualifier comme sa suite logique, Anthropocentric, cinquième album d’un groupe qui a littéralement explosé depuis 2007 et Precambrian.

Et le terme « groupe » est désormais applicable à The Ocean, qu’il était plus judicieux de qualifier de « collectif » il y a encore un an de cela, mais qui depuis Heliocentric a décidé de fonctionner avec un line-up plus condensé, plus proche du groupe donc que du collectif. Et c’est une belle réussite. J’ai mis un certain temps à me faire à Heliocentric : la différence avec Precambrian était tout de même importante du fait d’une grosse évolution, et il m’aura fallu un certain temps d’adaptation. Avec un peu de recul, je dois dire qu’il s’agit d’un album sympathique qui contient du bon mais aussi du moins bon. Une petite déception donc, après la claque qu’a été Precambrian. Anthropocentric à été plus facile à apprivoiser, car il est en quelque sorte la suite « logique » de Heliocentric dans la forme, mais pas une banale suite logique, car elle surpasse son prédécesseur dans le fond en corrigeant ses défauts.

Plus le temps passe, plus The Ocean me donne l’impression de s’affiner et de devenir progressif. Malgré la longueur de certains morceaux, l’ensemble est extrêmement fluide, et aéré intelligemment par de petits interludes et par un côté mélodique qui a été revu à la hausse depuis Heliocentric, même si les orchestrations ont presque disparues ici. Le groupe n’en a pas perdu pour autant de son énergie presque Hardcore, elle est tout simplement plus diffuse et mieux gérée. Rassurez vous, il reste pas mal de moments bien brutaux et rentre dedans, et The Ocean nous propose ici un album bien plus cohérent et accrocheur que ne l’était Heliocentric, qui pêchait notamment par ses passages trop mous. J’ai juste le sentiment, en écoutant cet album, que The Ocean grandit, s’affirme en tant que groupe, et s’assagit peut être un peu, en effet. Il se dégage une grande maturité et une vraie osmose de cet ensemble qui compose Anthropocentric, ainsi qu’une force indéniable provenant sans doute de cette faculté qu’a le groupe de proposer des compos alliant puissance et douceur, mélodie et brutalité, sans jamais se perdre.

En effet, malgré les nuances apportées, Anthropocentric forme un tout bien homogène qui semble être un condensé de la carrière du groupe : subtil et fin comme il l’est aujourd’hui, mais aussi brutal et lourd comme il l’a été jusqu’à Precambrian, et les musiciens qui sont aujourd’hui très affutés sont désormais capables de laisser leur potentiel et ses différentes facettes s’exprimer sans faire de faux pas. Il n’y a absolument rien à reprocher à ce cinquième album: la production est parfaite, les compos intéressantes, l’exécution irréprochable et la présentation une fois de plus très réussie. Anthropocentric est sans aucun doute possible à classer aux côtés de Precambrian comme pièce majeure dans la discographie de The Ocean. Un excellent album, il sera à mon avis difficile de faire mieux, mais avec The Ocean on ne sait jamais à quoi s’attendre…

Sheol (09/10)

 

Site Officiel: http://www.theoceancollective.com/

MySpace Officiel: http://www.myspace.com/theoceancollective 

Metal Blade Records / 2010

Tracklist (50:02) : 1. Anthropocentric 2. The Grand Inquisitor I: Karamazov Baseness 3. She was the Universe 4. For He That Wavereth 5. The Grand Inquisitor II: Roots & Locusts 6. The Grand Inquisitor III : A Tiny Grain of Faith 7. Sewers of the Soul 8. Wille Zum Untergang 9. Heaven TV 10. The Almightiness Contradiction 11. The Grand Inquisitor IV: Exclusion from redemption * * Limited edition/Vinyl bonus track

 

oshy_20112010_AbomLa productivité d’Abominant est réglée comme un métronome : tous les deux ans, les américains sortent un nouvel album. Cette régularité n’est pas forcément une bonne chose, car elle cache très souvent une certaine linéarité et une absence d’évolution. C’est le cas avec Abominant.

Where Demons Dwell, neuvième album du groupe, repose sur des bases solides et sur une mixture qui a déjà fait ses preuves: c’est le Death Metal qui prédomine ici, avec une forte tendance à chiper ici et là quelques gimmicks en provenance du Black Metal, ainsi qu’une lichette de Thrash sur certains riffs. La maîtrise du propos est évidente, Abominant sait de quoi il parle et a déjà une grosse expérience derrière lui qu’il met à profit pour proposer des compos puissantes et solides ; Where Demons Dwell envoie le boulet c’est certain, mais il n’est pas transcendant pour autant sauf si l’on écoute peu de groupes de ce style… Bien que la mixture soit relativement efficace, elle est déjà vue et manque d’accroche et de moments marquants. Ecouté d’une traite, WDD est quand même très linéaire et devient rapidement monotone. La faute à des compos qui manquent de saveur et d’impact et dont on ne retient pas grand-chose au final, même après de nombreuses écoutes, sauf peut être quelques soli bien foutus et un duo « After the fallout »/ « The wolves of hate » un poil plus intéressant que le reste. La faute également à une production qui aurait pu être bien plus agréable si la voix n’était pas étrangement sous mixée, et par conséquent étouffée par les guitares et la batterie. Dommage, car le potentiel est là ! Abominant a les moyens de mieux faire c’est évident. 

Where Demons Dwell est un album « classique », entendez par là un album comme on en trouve beaucoup…autrement dit, moyen et même légèrement frustrant, car on sent qu’il ne lui manque finalement pas grand-chose pour gagner en impact.

Sheol (05.5/10)

 myspace.com/abominant

Deathgasm Records/ Clawhammer PR – 2010     

Tracklist (38:00 mn)
1.Baptized by Steel 2.Bloodland 3.Firestorm 4.Rain of Ash 5.After the Fallout 6.The Wolves of Hate 7.Blackened Earth 8.Where Demons Dwell