Troisième album de Daath, “The concealers” à la lourde tâche de succéder à « The hinderers » qui les avait révélés au grand jour en accroissant à juste titre leur fan base et leur quota de critiques élogieuses. Avec en plus un changement de chanteur sur ce nouvel album, ce qui n’est jamais évident. Attendu de pied ferme ce troisième album des américains, c’est le moins que l’on puisse dire, surtout en sachant l’importance que revêt en général un troisième album dans la carrière d’un groupe, celui-ci étant porteur –selon l’observation empirique- d’une certaine maturité, censée exploiter les qualités du groupe donné en stabilisant par la même occasion son style. Mais je le répète, il s’agit là d’un constat général qu’un cas à cas vicieux aura vite fait de démentir.
Et, je me permets là une digression de plus, je me plaît à appliquer ce principe, rêveusement, à la vie courante pour justifier la véracité de cette assertion en vous faisant remarquer qu’étant moi-même le troisième venu parmi mes frères et sœurs, je suis aussi le plus mâture, le plus stable, et bien entendu le plus beau…(autodérision, quand tu me tiens…) Bref, trêve de plaisanterie, Sheol, tu nous fait chier avec tes digression narcissiques, viens en aux faits on a pas que ça à foutre ! Bon.
Alors, comme il n’est jamais facile de donner suite à un excellent album, sachez que Daath s’en tire à merveille car « The concealers » en plus de confirmer tout le talent de ce jeune groupe, relève encore un peu plus le niveau en proposant un ensemble plus cohérent et encore plus fou, notamment avec des compos en général plus rapides et plus subtiles dans l’amalgame des différentes influences (et une très belle cover pour l’aspect agréable à l’œil). On ne peut qu’apprécier cette fraicheur, cet entrain et ce petit grain de folie accompagné d’un petit quelque chose de novateur qui émane des morceaux de cet album. D’entrée l’auditeur est comme happé par ces refrains qui vous squattent le cortex dès la première écoute (Rhaaa « Sharpen the blades », avec ses rythmiques folles, comment espérer une meilleure entrée en matière ??).
On peut dire que Daath pose son style, dans le sens ou « The concealers » fait moins appel aux bidouillages de toute sorte et aux breaks mi- indus mi- technoïdes par exemple que l’on pouvait trouver sur son prédécesseur. Les morceaux sont plus posés donc, mais gagnent en cohérence et en impact, tout en dégageant encore et toujours ce quelque chose de bigarré, de coloré, de foutrement ouvert, car le groupe n’hésite pas à toucher à différents styles (l’étonnant instrumental « Duststorm » et le morceau qui le suit « …. Of poisened sorrow » qui rappel Static-X sur le refrain). Difficile toutefois de décrire avec exactitude le style du groupe, qui est plutôt un mélange d’influences donnant une forte personnalité, lorgnant des côtés d’un Death mélodique teinté de touches Indus et Hardcore.
En tout cas, les gars de Daath sont toujours aussi loquaces et aussi inspirés, avec notamment une guitare solo qui nous lâche des pépites sur chaque morceau, et un batteur qui fait un travail tout bonnement excellent (il s’agit de Kevin Talley, qui a officié au sein de groupes comme Dying Fetus, Chimaira, Misery Index et The Black Dahlia Murder…belle carte de visite donc !). Puisqu’on en est à parler du talent des musiciens, il faut dire que le nouveau venu au micro se débrouille vraiment très bien et qu’il n’a rien à envier à son prédécesseur. Il amène au contraire une énergie différente grâce à ses vocaux, une énergie plus « Hardcore » en quelque sorte, plus rentre dedans, qui se répercute sur les compos. Notons au passage une bonne production de Jason Suecof et Mark Lewis (Trivium, All that remains, devildriver etc.) juste un peu froide et pas assez puissante dans les graves, mais rien de bien gênant.
Comment ne pas être charmé par cette galette qui déploie du début à la fin une fraicheur et une énergie impressionnante ? Armé d’un tel album, et d’un talent qui n’est plus à prouver, Daath à toutes les cartes en main pour se faire une place de choix au sein de la scène Death actuelle.
Sheol (08.5/10)
Century Media – 2009
Tracklist (41:26 mn) : 1. Sharpen The Blades 2. Self-Corruption Manifesto 3. The Worthless 4. The Unbinding Truth 5. Silenced 6. Wilting On The Vine 7. Translucent Potency 8. Day of Endless Light 9. Duststorm 10. …Of Poisoned Sorrows 11. Incestuous Amplification