Quand on est habitué à recevoir des démos et autres albums de groupes encore méconnus ou au stade embryonnaire de leur parcours, et qu’on lit dans la présentation du groupe des trucs comme « …très jeune formation…premier EP…Metal extrême…deux ans d’existence… » on ne peut pas faire autrement que d’avoir quelques a priori et de s’attendre à quelque chose de plus ou moins limité, voire carrément moisi pour être tout à fait honnête, avec tous les atours habituels des premiers enregistrements, à savoir une prod maison, un son qui tient pas la route, une technique limitée, une personnalité encore pas très défini et un style encore un peu trop pompé sur les influences . Bref, vous voyez le topo.
Mais parfois, on se prend une bonne galoche et on ravale ses a priori qui sont finalement eux même très moisis et très caricaturaux, et on apprécie la bonne surprise, qui nous prend à revers et fait mentir tous les clichés évoqués plus haut. Comme quand on reçoit un EP dans le style de celui que nous propose Amoeba, (très) jeune groupe en provenance de l’Est de la France. Je vais être clair et concis : ces gars là ont apparemment seulement 17 ans de moyenne d’âge, et se permettent de nous retourner la tronche en seulement trois titres pour un total d’à peine dix minutes.
Bon dieu de bon dieu, j’ai du mal à en croire mes oreilles ! Amoeba se dit influencé par des groupes comme The Last Felony, Trigger The Bloodshed ou encore Behemoth, et nous propose effectivement avec Days In Black un petit condensé de ce qu’il se fait de mieux actuellement dans ce style. Ca tabasse, c’est solide, puissant (bordel, cette voix, j’en reste pantois !!!), maitrisé, technique et bien produit. En un mot, surprenant. Les trois titres que nous propose le groupe sont vraiment bons, à tous les niveaux. Un niveau qui laisse d’ailleurs perplexe, tant il est déjà élevé et maitrisé (les solis sont par exemple vraiment bien sentis et tirent l’ensemble vers le haut). Certains groupes connus font à peine mieux, et je dis ça très objectivement.
Le Brutal Death du groupe est résolument moderne, et se teinte d’un arrière goût Deathcore indéniable. Et cette production, aïe caramba, tous les groupes rêveraient de la même pour commencer ! Et comme nos nouveaux amis ne font pas les choses à moitié, ils inscrivent leur trois titres dans une démarche conceptuelle qui, pour les citer « constitue un ensemble, une prolepse catastrophique et fataliste à travers le prisme des paroles, de la musique et de l'artwork, qui invite l'auditeur à la réflexion sur cette situation : l'idée absurde que nous pourrions être, à court terme, les artisans de notre propre fin ». Voilà, prends en de la graine gamin, et ramasse tes dents. En attendant, les artisans de notre propre fin, ils viennent de l’Est de la France et ils se nomment Amoeba.
Vous l’aurez compris, Days In Black fait l’effet d’une grosse claque doublée d’une surprise énorme, compte tenu de la jeunesse du groupe. Amoeba semble avoir un potentiel qui laisse rêveur et qui risque de faire des jaloux. Ce premier EP est d’ores et déjà une carte de visite bien solide pour le groupe, en plus d’être une vraie leçon. Tout ça en seulement trois titres, c’est la classe ou je ne m’y connais pas. A écouter d’urgence, et vivement la suite.
Sheol (10/10)
Autoproduction / 2011
Tracklist (10 mn)
01. The incoming vehemence 02. Martyrdom 03. Our last gasp