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Le duo composé de Heinrich et de Hreidmarr a définitivement tourné le dos au black metal primaire pour lancer une hellektronikal dancefloor warmachine sur le marché… Je crois que vous avez compris ce qui vous attend : la TERREUR. Ce changement d'orientation a valu au groupe un nombre incalculable de lettres d'insultes… KEEP TALKING. WE KEEP LAUGHING. Voilà en gros ce que vous disent les droogies du Count. Avec ses premières demos le groupe a acquis une petite réputation dans le milieu underground. Passant d'un black metal teenage vraiment mauvais à un premier album très dark dancefloor, le groupe a suscité quelques vives réactions. Comme disait un naze à la sortie de l'album, « C'est nul, on dirait de la techno ».

Ultraviolence Über Alles est un album totalement hystérique. On prend une véritable décharge d'adrénaline en l'écoutant. Il donne envie de sauter, courir, hurler, frapper. L'ambiance est un instantané de notre jungle urbaine ultra-tolérante, ultra-clinique, prétendument civilisée et pourtant ultra-violente.
Un charme assez intemporel se dégage de l'ensemble, renforcé par une certaine naïveté et un côté très pulsionnel. Ces deux aspects sont particulièrement visibles par certaines structures alambiquées. On constate que le groupe a réutilisé des chansons composées à ses débuts, c'est le cas notamment de "L.K Nosferat" ou de "Love Game Over" (anciennement Sieghilde). De fait, on ne rencontre pas de structures pop classiques, il y a un coté rentre-dedans totalement incontrôlé. Ce qui est d'ailleurs en total contraste avec la précision et la vitesse des machines utilisées. Les beats sont hyper rapides, le flot de parole également.
Le chant est rempli de haine et de hargne, Hreidmarr assure des parties qui sont parfois proches de l'intorchable.
Huit titres composent l'album, et « Political Police » et « Get a gun – shoot at random » sont des tubes incontournables. Au niveau du concept, on est dans le même registre que la musique – cohérence oblige. La décadence est partout, avec de nombreuses références au chef d'œuvre qu'est Orange mécanique. Heinrich et sa Kubrick stare, les samples utilisés, les costumes… On note aussi quelques samples provenant de Full Metal Jacket.
En son temps l'album était sortit chez Kodiac. Il avait été distribué de manière relativement confidentielle mais avait laissé une rune indélébile sur le front de la scène musicale. Suite à la fermeture du label, l'album est longtemps resté en attente de réimpression.

Une brillante réédition a été faite chez Season Of Myst. Et je n'emploie pas le mot brillante par hasard… le label n'ayant pas été foutu de mettre une couverture mate au digipack comme le groupe l'avait demandé. Détail? Non! Crasse incompétence. Car quand on voit le travail fourni sur cette réédition, on se dit que franchement, l'album méritait un écrin exemplaire. Valnoir s'est  magistralement chargé du graphisme ; c'était LE point en retrait sur l'édition d'origine. La couverture a fait parler d'elle, je vous laisse le soin de la découvrir.
Le groupe a fait quelques changements au niveau du mixage. Le son est un peu plus moderne. Quelques ajouts qui viennent rajeunir l'ensemble ; aucun véritable bouleversement et c'est tant mieux.  La principale nouveauté réside dans l'adjonction d'une seconde partie au disque, contenant des reprises des titres de l'album par différents groupes. Plutôt que de fournir de pâles remix sans âme, tous ont joué le jeu de s'approprier les morceaux. Ainsi par exemple, Blackrain signe une reprise vraiment époustouflante de "Get a Gun", probablement la plus proche du morceau d'origine, mais également la plus efficace. Varsovie et Lower 48 offrent des prestations tout aussi convaincantes. Les autres groupes ne déméritent pas… préparez-vous à être conquis. Il y en a pour tout les goûts.  En somme, la réédition apporte un lot de références supplémentaires (ça va du mur de Berlin au sang de porc), avec un contenu vraiment massif : l'Übercharged donne un coté plus mature à Ultraviolence Über Alles.
 

Ymishima (07/10)

www.thecnk.org

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Kodiac / 2002 – Season Of Mist / 2009

1.Political Police 2.Jim Beamed Ahnenerbe TV 3.L.K. Nosferat 4.Kommando '96 5.Apology 6.Get a Gun – Shoot at Random 7.Love Game Over 8.Bunkermoon Khaos 3

Bonus Übercharged
1.Political Police (Lower 48 Remix) 2.Jim Beamed Dum-Dum Khaos (Tamtrum Remix) 3.L.K. Nosferat (Enjoy Crash Mix by Momie) 4.(We Don't Care About) Kommando '96 (Herrschaft Remix) 5.Apology (Helel Remix) 6.Get a Gun, Shoot at Random (Blackrain Remix) 7.Love Game Over (Varsovie Remix) 8.Bunkermoon (Total War Mix by HIV+)

Wormfood – Posthume

La drogue et les ruptures amoureuses sont deux bons engrais pour la création. D’ailleurs vous avez certainement remarqué que les gens qui ne se droguent pas, ou qui ne se font jamais larguer sont chiants comme la mort… Et justement Emmanuel, l'âme de Wormfood, n'est pas vraiment quelqu'un de chiant. Il n'y a qu'à en juger par la qualité de son dernier rejeton : Posthume.

Depuis 2005 et son album « France », Wormfood était en état de mort cérébrale. Fort d'un nouveau line-up le groupe a décidé de reprendre un bail avec la vie, pour nous offrir encore plus de désespoir… Cette fois le registre est différent… Fini le grand guignol… On laisse le monde et son mégadéconophone… La décadence baroque de « France » est au passé, ici, on est dans le domaine des (contre) addictions, de la mort, de la solitude… Cet album nous rappelle à quel point dans nos carcasses nous sommes seuls, terriblement… À l'intérieur on est TOUJOURS seul. C'est pour ça qu'en dedans tout est permis… Avec « Posthume » on est en plein excès d'atrabile. Marqué par les expériences de son meneur le groupe nous conduit, sans babillages, à travers un mauvais rêve… Comme un jour sans alprazolam…

L'album s'ouvre sur « Les noces sans retour » et on constate immédiatement la grande importance accordée au chant. Totalement en Français… Un très gros travail d'écriture a été fournis et on ne sombre pas dans le vaticinage ou les tournures atoniques… C'est déjà un explois en soit… La langue de Molière étant particulièrement capricieuse lorsqu'il s'agit de la mettre en musique… Emmanuel sévit dans des registres assez variés, avec des passages clairs hypnotisant, et de pures moments de désespoirs hurlés. On descend vers les enfers avec lui… Une descente joliment accompagnée par des passages de sitar et de tanpura jouées par Paul Bento (Carnivore, Type O Negative).
« La vanité des amants » qui est la seconde piste est dans la même veine, on à l'impression que les malheurs accumulés rejaillissent… la bile se déverse encore… S'enculant en partouze de vanité…
« Troubles alimentaires » noircit encore un peu plus le tableau… L'anorexie dévorante… La négation suprême de soi… L’ignominie, la bassesse alimentaire, la goujaterie de tout ce monde… Les guitares alternes entre rythme lents, soutenues par quelques nappes de pianos, et riffs ravageurs appuyés par une batterie hystérique. On nage dans la schizophrénie… La maladie… On miragine à tour de bras… Suit un « Passage à vide », avec des choeurs, faisant pensé à Type O Negative. À aucun moment on ne se sent trop proche du style propre au groupe du défunt Peter Steel mais l'influence est indéniable. Que ce soit sur ce morceau ou sur « Salope ». Morceau très intime. Un exutoire plein d'émotion. Ici, chacun pense à sa SALOPE. Mille et mille incendies se déclenchent dans le coeur, à comburer la terre entière, qu’il n’en restera plus que scories innommables. À nos amours déçu ! Santé ! Après un tel monument vient une reprise « Des hauts, des bas », malgré l'exercice délicat que cela représente, le morceau ne dénote pas avec le reste de l'album. En fait il s'insère parfaitement dans la dynamique sombre de Posthume, seul sa structure plus pop que le reste du cd trahit son origine. Avant-dernier morceau de Posthume « Le seul amour » fait qu'on trébuche, culbute au gouffre. Sans raccrochage possible. Et c’est bien fait. La fin approche Écrabouillerie définitive… Marmelade dans l’Aventure grotesque de la vie.
Le dernier morceau « EWB28IF » est une outro instrumentale,magnifique, qui m'amène à conclure. Candeur ou la mort.

Ymishima (07/10)

http://www.wormfood.fr/

MalaFortuna / 2011

Tracklist (54:10)
1. Les Noces Sans Retour 2. Vanité Des Amants 3. Troubles Alimentaires 4. Passage A Vide 5. Salope 6. Des Hauts Et Des Bas (Stephan Eicher cover) 7. Le Seul Amour 8. EWB28IF