À une époque où les sorties se doivent d’être formatées au possible, prémâchées pour convenir à cette horde de fans édentés adeptes de bouillie sucrée, il subsiste heureusement des groupes plus exigeants, plus ambitieux, qui vont plus loin que le simple “intro-couplet-refrain-couplet-refrain-outro” basique, des groupes qui ont encore des idées. Une intro acide, certes, mais ô combien d’actualité quand j’épluche les arrivages et que je ne parviens pas, après 5 écoutes, à distinguer un morceau d’un autre tant ils sont interchangeables. Alors, quand on a la chance de tomber sur un groupe original, on savoure. On se pose. Hors de question de se le farcir dans les esgourdes dans le train. Non, on prend un casque, on se pose dans un coin où personne ne viendra vous déranger et on profite. Cerise sur le gâteau : dans le cas présent, c’est une sortie indépendante, et là on se dit qu’il y a encore de l’espoir… à moins que ce ne soit justement cette indépendance qui offre plus de libertés au groupe ? Aucune idée, mais en tout cas, Atroxentis a su frapper juste avec ce Verus Dominus qui a tout ce qu’il faut pour venir titiller des formations bien plus renommées mais pas forcément aussi inspirées.
Atroxentis ose et propose 5 morceaux (et une intro) d’un Death Metal travaillé, qui n’entre pas dans la course à la rapidité ou la brutalité. Non, Atroxentis joue plutôt la carte de l’ambiance, quitte à truffer ses morceaux d’interludes plus aériens ou à opter pour le mid-tempo. Sur le papier, on pourrait craindre l’indigestion (pas un seul morceau sous les 10 minutes), mais c’est justement cela qui fait la force de cet album. Verus Dominus prend le temps de poser son ambiance, reprenant certains patterns plusieurs fois au cours de chaque morceau en guise de fil conducteur sans pour autant tomber dans la redite (vous savez, le syndrome Gojira). Ajoutez à cela une production à mes yeux parfaite pour ce genre (mix et mastering made in Pologne, chez Sound Division Studio, excusez du peu), un artwork somptueux et un concept recherché (l’homme vs son environnement) et vous obtenez une galette de Death plus que recommandable.
À l’instar d’un Slaughtery en son temps, Atroxentis fait partie de ces groupes belges bourrés de talent qui mériteraient tellement plus d’attention. Plutôt que de signer des formations à la mode, les labels devraient plutôt donner leur chance à des groupes comme Atroxentis… L’industrie musicale se porterait peut-être mieux… à moins que je ne sois qu’un doux rêveur.
Mister Patate (8,5/10)
Indépendant / 2014
Tracklist (57:20) 1. Ante Bellum 2. Initium Possessionis 3. Res Perit Domino 4. Lente Mortis 5. Probatio Diabolica 6. Verus Dominus