Il est dimanche matin, le soleil brille, les températures sont déjà chaudes et je tiens dans les mains la première démo des Bordelais d’An Ocean of Void et je m’inquiète un peu. Alors que mon moral est au beau fixe, je regarde cette sombre pochette, inquiétante, et je m’interroge quant à l’opportunité de chroniquer cette démo dans contexte estival. Je prends mon courage à deux mains et j’enfonce la touche play sur mon lecteur Cd.
Le groupe existe depuis 2010 et précise évoluer dans des sphères musicales proche du Post-Rock, métal atmosphérique et rock progressif. Et à l’écoute de ces trois titres, on ne peut pas leur donner tort. Le disque s’ouvre par une intro très douce, quelques nappes de claviers et une guitare tissent une tapisserie musicale subtile et soignée. L’ombre d’un PINK FLOYD plâne sur ce titre finement ciselé. Les choses sérieuses commencent avec « Behind Red Clouds », un beau pavé de plus de sept minutes. L’ambiance reste assez sombre, mélancolique et pousse au recueillement. Entre douceur et violence la guitare mène les débats efficacement soutenue par une belle section rythmique et quelques claviers. L’auditer se laisse facilement happer et transporter par ces mélodies et ces changements de rythmes. Nous pouvons également gouter et apprécier à la performance de Floran Guillou derrière le micro. Dans un registre majoritairement extrême il fait des merveilles. En chant clair c’est aussi pas mal même si l’accent ressort un peu franchement. A mi-chemin entre PORCUPINE TREE et OPETH, « Behind Red Clouds » s’avère être très convaincant à l’exception de quelques longueur.
Deuxième morceau de bravoure de dette démo, « A Faded Light » et ses huit minutes au compteur. Autant précédemment la montée en intensité était progressive autant ici la plongée est immédiate via un riff lourd, puissant et un chant bien hargneux. AN OCEAN OF VOID continue de brouiller les cartes avec une section centrale plus rock, quasi-jazzy avec une basse omniprésente et un guitare tout en feeling. Cela ne dure pas et les hostilités reprennent très rapidement pour le plus grand plaisir de l’auditeur. Le chanteur s’égosille joyeusement aidée en cela de quelques touches de claviers.
Plus j’écoute AN OCEAN OF VOID plus je trouve que la démarche des Bordelais se rapproche d’un OPETH. Le groupe présente comme les suédois deux visages bien distincts, sombre dans tous les cas mais parfois dur, agressif et parfois doux, tout en retenue. Ces deux dimensions sont habilement mêlées au sein de chaque composition mais on préféreraient parfois que nos compatriotes choisissent entre l’un et l’autre. Ils pourraient ainsi faire la preuve éclatante de tout leur potentiel.
Mais ne boudons pas notre plaisir, cette démo est très réussie, avec un son limpide, et laisse entrevoir de riches lendemains pour AN OCEAN OF VOID. Amis bordelais, ne ratez pas l’opportunité de les applaudir près de chez vous. Il va falloir maintenant se jeter à l’eau et proposer un album !
Oshyrya (08/10)
Autoproduction / 2012
Tracklist (18:08 mn) 01. Intro 02. Behind Red Clouds 03. A Faded Light