À défaut de profiter d'une vraie reformation pérenne des canadiens de Triumph, les fans du groupe de Rick Emmett et Gil Moore devront se contenter de ce live, témoignage d'une récente réunion du groupe à l'occasion du festival de hard rock mélodique du Sweden Rock en 2008. Le groupe n'ayant pas confirmé une vraie reformation et ce alors que Rick Emmett s'occupe de sa carrière après avoir fait paraître un disque enregistré avec Airtime, l'enregistrement de ce concert reste à ce jour la trace la plus récente de l'activité de Triumph.
Le label Frontiers fait paraître sous le nom de Live At Sweden Rock Festival un CD/DVD contenant l'intégralité de ce concert plutôt long pour un festival (79 minutes). Il est vrai que l'énorme succès de Triumph au début des années 80, voyant le groupe enchaîner les tubes, justifie ce choix. La maison de disque napolitaine a eut la bonne idée de réunir ensemble CD et DVD car le DVD apparaît surtout comme un « plus » : les images d'un concert effectué en plein air ne sont pas très engageantes, même si l'ensemble est professionnel. Le peu d'effort dans le look adopté par des musiciens qui dépassent la cinquantaine (baskets, vieux jean, tee-shirt informe) indique bien que pour ces derniers, la musique est l'essentielle.
À les entendre, on leur donnera raison : soutenu par un son live de très bonne qualité – puissant et brut sans être confus –, le groupe joue pour le mieux. Les ans ne semblent pas avoir de prise sur le chant et la guitare de Rik Emmett tant celui-ci excelle. Seul Gil Moore est parfois un peu à la peine mais, pour sa défense, il faut rappeler que l'homme a cessé ses activités musicales depuis 1993. Et l'on sait qu'associer le chant et la batterie est une tâche extrêmement difficile. Dans ce contexte Gil Moore s'ent tire bien.
Venons-en au vrai gros défaut de Live At Sweden Rock Festival : la setlist. Elle fait l'impasse sur tout ce que le groupe a sorti après Never Surrender (1983) qui est passé à la trappe. Il y avait pourtant d'excellents titres à extraire de The Sport Of Kings (1986) ou Surveillance (1988). Un tel escamotage se fait au profit du fameux Allied Forces (trois morceaux) mais au détriment de l'exhaustivité. C'est d'autant plus fâcheux que le groupe avait du temps devant lui : dix titres pour plus d'une heure, c'est peu. Le groupe a préféré allonger les morceaux en développant de nombreux solos. Si cela avait été fait ponctuellement, pourquoi pas ? Mais systématiquement cela fruste.
Il s'agit d'une réserve surmontable mais quand même frustrante, tant pour son dernier live, Triumph se montrait toujours aussi classieux. Peut-être qu'une vraie reformation permettrait-elle de « remetttre le couvert » ?
Baptiste (7,5/10)
Frontiers / 2012
Tracklist (79,05) : 1. When The Lights Go Down 02. Lay It On The Line 03. Allied Forces 04. Never Surrender 05. I Live For The Weekend 06. Blinding Light Show 07. Rocky Mountain Way 08. Magic Power 09. Rock And Roll Machine 10. Fight The Good Fight