Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Porté depuis des années par une bande de passionnés de musiques extrêmes, les acteurs de l’ombre est le label qui a réussi à se faire une belle place sur l’échiquier du metal extrême. Les sorties de Regarde les hommes tomber, de Au-dessus, de The great old ones et autres Déluge ont imposé une identité et un style que l’on retrouve désormais dans l’ensemble de leurs productions. Une envie d’aller de l’avant, de défricher des terrains musicaux encore non explorés. Une tendance que l’on retrouve sur ce troisième album de Deliverance.

Menés par Étienne Sarthou (Karras, ex Aqme, comme quoi…) les Franciliens de Deliverance ne choisissent pas la facilité. Neon chaos in a junk-sick dawn est une œuvre qui exige plusieurs écoutes. C’est un album riche qui n’a pas peur de se frotter à différents styles. On y entend du black-metal (évidemment…), quelques touches de doom, un chouia d’industriel et de sludge. Styles qui se mélangent pour un résultat surprenant.

L’attaque frontale est choisie en premier lieu (« Salvation need a gun »). Le décor est planté. Neon chaos in a junk-sick dawn sera violent, urbain, désespéré. La suite (« Venereal ») se déroule sur la même partition. Jusque là, c’est du bon boulot. Mais rien ne nous préparait à la suite…

Le pinacle de l’album se nomme « Odyssey ». Morceau incroyable qu’il faut écouter et réécouter pour en saisir les diverses subtilités. Dix-huit minutes et trente-deux secondes passionnantes qui nous font plonger dans un rock progressif saupoudré de black-metal. Les vocaux de Pierre Duneau envoûtent puis se font de plus en plus abruptes. Ils s’entremêlent avec une musique subtile, à la fois douce, et stridente. Un ensemble parfait qui s’impose comme une référence en la matière.

La suite ne démérite pas. « Up-tight » prend son temps pour s’installer avec un gros mid tempo à la Immortal, puis, après un break aux claviers, accélère jusqu’à plus soif. « Neon chaos » et ses vocaux futuristes choisit d’être abrupte et ne lâche pas la bride.

Neon chaos in a junk-sick dawn se clôture avec un gros pavé de 17 minutes de désolation : « Fragments of a diary of Hell ». Deliverance nous fait plonger dans le futur. Un avenir sombre évoquant dans un premier temps des ambiances à la Blade Runner ou encore Soleil Vert. Puis l’ambiance se fait lourde, industrielle… On se laisse emporter par une ambiance indescriptible et cette musique qui n’aurait presque pas besoin de mots pour se faire comprendre. Deliverance nous amène au bord des abysses. Le monde de demain ne sera que noirceur avec aucun échappatoire possible.

Deliverance nous livre un sommet musical qui risque de faire date. Une nouvelle référence pour les générations.

Nico (9,5/10)

Site Officiel : https://deliveranceplease.bandcamp.com

Les Acteurs de l’Ombre /2022

1. Salvation Needs a Gun 02. Venereal 03. Odyssey 04. Up-Tight 05. Neon Chaos 06. Fragment of a Diary from Hell

« Through the astral door » et « The prophecy of agony », les deux premiers extraits de Fourth Reign Over Opacities And Beyond, nous avaient mis la puce à l’oreille. C’est confirmé, désormais, il est impossible d’ignorer Acod. Il va même falloir prendre le trio marseillais très au sérieux. Avec cette signature avec Les acteurs de l’ombre, Acod bénéficie désormais d’une exposition médiatique digne de ce nom. Conséquence directe : le groupe s’extirpe enfin des tréfonds de l’underground et nous livre un album qui s’imposera dans les indispensables de 2022.

« Sur d’anciens chemins… » est la parfaite intro nous emmenant dans les abysses du Mordor (au hasard…). Acod pose une ambiance épique qui perdure tout au long de ce nouvel opus. Une mise en bouche tellement qualitative qu’on y retrouve des mélodies qui font penser au Dune de Toto.

La suite de l’album emboîte le pas ; les neuf morceaux tutoient l’excellence. Fourth Reign Over Opacities And Beyond est une œuvre ultra dynamique (« Sulfur winds ritual ») et s’écoute d’une traite. La production est propre, claire, efficace… Elle se met au service de compositions irrésistibles ; à l’image de « The prophecy of agony » qui est véritable tube en puissance.

Classique, sachant être symphonique quand il faut l’être (« Gemus Vacuitatis »), ce cinquième album est la deuxième partie d’une trilogie débutée avec The divine triumph. Il donne envie d’aller plus loin ; de découvrir les précédentes productions du groupe ; de saliver en attendant la suite. Car maintenant, nous allons guetter avec ferveur les faits et gestes du groupe.

Nico (9/10)

Site Officiel : https://acod.bandcamp.com/

Les acteurs de l’ombre /2022

01. Sur d’Anciens Chemins… 02. Genus Vacuitatis 03. The Prophecy Of Agony 04. Sulfur Winds Ritual 05. Nekyia Catharsis 06. Infernet’s Path 07. Artes Obscurae 08. Fourth Reign Over Opacities And Beyond 09. Through The Astral Door 10. Empty Graves / Katabasis

Behemoth – Opvs Contra Natvram

Depuis maintenant 8 ans et un The Satanist loin de faire l’unanimité, même au sein de la rédaction, Nergal s’est engouffré dans une direction artistique que bien peu de personnes auraient pu anticiper au vu de ses albums précédents. Après la fuite en avant amorcée dès Satanica en 99 et le pinacle de brutalité qu’était Evangelion en 2009, le groupe avait radicalement changé de ton, et bien malin aurait été celui qui aurait pu prédire la teneur de ce 12e album des Polonais.

Il y a quatre ans, je concluais ma chronique de I Loved You At Your Darkest par ces mots : Sans parvenir à s’affranchir de ses origines, Behemoth livre un album plutôt décousu et faussement brutal. (…) Espérons que le groupe parviendra un jour à vraiment franchir le pas et à redevenir une entité cohérente… Hélas, force est de constater que le patchwork proposé ici est, une fois de plus, loin d’être cohérent, et les quelques fulgurances rappelant l’époque où Behemoth était une machine de guerre bien huilée côtoient d’autres morceaux bien moins efficaces, où le groupe peine à poser ses ambiances.

Ici et là, Opvs Contra Natvram propose quelques clins d’œil au passé, des easter eggs en quelque sorte : une ligne de guitare qui n’aurait pas dénoté sur Evangelion (au début de « The Deathless Sun »), une rythmique tout droit recyclée de The Satanist (l’intro de « Neo-Spartacvs » qui reprend un pattern de « O Father, O Satan, O Sun »)… Et c’est peut-être justement cela qui rend cette impression de patchwork encore plus marquée que sur la galette précédente. Pour un groupe toujours en recherche d’évolution, Behemoth reste maladroitement accroché à son passé.

Est-ce que tout est autant à jeter ? Non, pas vraiment. L’espace de quelques morceaux (je pense surtout à « Malaria Vvlgata » et à « Disinheritance », qui font paradoxalement partie des morceaux les moins mis en avant depuis la sortie de l’album), Nergal et ses comparses nous rappellent que Behemoth n’a pas toujours été la bête de foire que le groupe est devenu aujourd’hui. À vouloir trop en faire, le groupe semble se dissiper. À quoi bon sortir un clip pour presque chaque morceau si la musique (ce qui devrait être l’élément central) en est réduite à devenir une bande-son pour un court métrage ?

De fer de lance d’un genre, Behemoth est devenu une machine qui, grâce à toute la structure qui l’entoure et une tonne de paillettes et d’artifices, domine artificiellement la scène Metal, un colosse aux pieds d’argile.

3/10

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Nuclear Blast – 2022
Tracklist (43:15) 1. Post-God Nirvana 2. Malaria Vvlgata 3. The Deathless Sun 4. Ov My Herculean Exile 5. Neo-Spartacvs 6. Disinheritance 7. Off to War! 8. Once upon a Pale Horse 9. Thy Becoming Eternal 10. Versvs Christvs