Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Treponem Pal – Screamers

Si l’on s’intéresse un tant soit peu à la musique industrielle, Treponem Pal est un nom qui parle. Flash back sur leurs 35 ans d’existence.

Dès 1987, jeune et fougueux, le groupe démarre en fanfare. Les trois premiers albums sont des réussites (dont le chef d’œuvre Excess and overdrive). Marco Neves et sa troupe ont signé sur l’éminent label Roadrunner ; ils sont reconnus par leurs pairs (Jourgensen et tout le gotha indus des années 90) ; ils se font aussi produire par le fin du fin (Franz Treichler des Young Gods). Après un quatrième album (Higher) et une prestation télévisée restée dans toutes les mémoires, la formation se met à débander sévère. Treponem Pal se sépare et s’en va tutoyer le dub avec Adrian Sherwood le temps de l’unique album d’Elephant System. S’ensuit un hiatus d’une dizaine d’années, puis quelques albums corrects, mais ne retrouvant jamais la superbe des premières années.

An 2023, nouveau label, nouveau départ. Treponem Pal s’affiche à son meilleur. L’introductif « The fall » le prouve. Ce morceau « cinématographique » annonce la chute d’un Babylone se consumant dans les flammes. C’est grandiose. Tout le Treponem que l’on aime y est synthétisé : ces sons familiers retrouvés, ces guitares affûtées, ces ambiances pernicieuses et cette voix que les années n’ont pas entamée. La suite emboîte le pas. « Out of mind » accélère la cadence pour notre plus grand plaisir avec un joli travail sur l’atmosphère. On replonge par la suite dans l’industriel pur et dur. La rythmique du morceau éponyme et les voix filtrées de « Too late » nous rappellent les glorieuses Nineties… et évidemment Excess and overdrive. Mais Treponem Pal en a encore dans sa besace et dégaine une flopée de morceaux imparables. « Badass sound system », « Machine », et les irrésistibles « Earthquake » et « Crazy woman » peuvent tenir tête sans problème à un « Pushing you too far ».

Vous l’aurez compris, un boulot énorme a été fourni pour que Treponem Pal revienne au top. Résultat,  Screamers est une sacrée réussite prompte à réunir les anciens aficionados et à rameuter une nouvelle horde de fans.

Nico (9/10)

Site Officiel : https://treponempal.com/

AtHome /2023

01. The Fall 02. Out of Mind 03. Screamers 04. Too late 05. Psychedelic Trip 06. Badass Sound System 07. Machine 08. Earthquake 09. Crazy Woman 10. Cosmic Rider 11. Heavy Load

The Acacia Strain – Step Into The Light

Depuis maintenant 4 ans et son inattendu In Comes In Waves, The Acacia Strain a sensiblement évolué. Certes, la bande à Vincent avait déjà, par le passé, fait preuve de quelques expérimentations intéressantes (le morceau-fleuve « Observer » sur l’album Coma Witch en étant le meilleur exemple), mais It Comes In Waves avait dévoilé une facette inattendue du groupe et sa capacité à lorgner vers le Doom. Et aujourd’hui, The Acacia Strain nous revient non pas avec un, mais avec deux albums : Step Into The Light (dont nous parlerons ici) et Failure Will Follow. Deux exercices de style, deux salles, deux ambiances, deux sales ambiances.

Step Into The Light est un assaut continu. Dix titres, 23 minutes 32 secondes et, malgré tout, une capacité à se faire tour à tour furieux ou écrasant (« TEETH OF THE CURSED GOD » qui lève le pied juste suffisamment pour mieux défoncer les nuques), à varier les plaisirs pour ne pas tomber dans l’excès du tout-à-fond. L’album a beau être court (paradoxalement plus court qu’ICIW considéré comme un EP), il n’en reste pas moins une épreuve de force, des montagnes russes qui flirtent parfois avec le black dans un grand parc d’attraction dédié à la mort (« As time goes on and we do not »).

Après un Slow Decay qui avait rythmé mon année 2020 en 5 épisodes, The Acacia Strain enfonce le clou avec cette petite grenade hardcore/deathcore absolument jouissive. Du haut de ses 23 minutes, il met à l’amende la toute grande majorité de la concurrence du genre. On regrettera juste qu’il soit si court… mais ce n’est qu’un détail vu la sortie simultanée de son jumeau pachydermique, Failure Will Follow.

(8,5/10)

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Rise Records – 2023
Tracklist (23:32) 1. FLOURISHING 2. CALF’S BLOOD 3. CHAIN 4. FRESH BONES 5. TEETH OF THE CURSED DOG 6. OPEN WOUND 7. SINKHOLE 8. IS THIS REALLY HAPPENING? 9. UNTENDED GRAVES 10. NONE OF US ASKED TO BE HERE

Trespasser – Αποκάλυψισ

Il fut un temps où j’attendais religieusement les mails des grands labels spécialisés. Nuclear Blast, Metal Blade, Century Media, Relapse… Les promos tombaient dans la mailbox quelques semaines avant la sortie, les grands noms côtoyaient des jeunes groupes prometteurs.

« Un nouveau Entombed ? Génial ! »

« Boss, boss, j’peux faire le nouvel Amon Amarth, promis, ma chro sera sur ton bureau d’ici une semaine ! »

Parce que oui, à l’époque, avant d’être le vieux connard que je suis, j’étais un jeune con impressionnable. Puis vinrent l’âge, la décrépitude des idoles et une furieuse faim de plus. Plus de groupes, plus de riffs, plus d’albums. Et aujourd’hui, ce n’est plus vers ces grands labels qui courent après leur gloire d’antan que je me tourne, mais vers Bandcamp, la mine d’or 2.0 pour les fans de musique.

Et c’est justement sur Bandcamp que j’ai découvert Trespasser, duo suédois qui a sorti une poignée de démos et un album (Чому не вийшло? pour les curieux) en 2018 sur une base indépendante avant de revenir aujourd’hui sur le devant de la scène avec ni plus ni moins qu’un solide prétendant au titre d’album de l’année. Rien que ça.

La recette de leur succès : un savant dosage de hargne et de mélodie. Pendant presque 40 minutes, Trespasser reste parfaitement sur le fil du rasoir. Le duo sait enfoncer l’accélérateur et balancer un barrage sonore et, quelques instants plus tard, lever le pied et apporter une pause plus mélodique sans que la transition ne soit abrupte. Tout se fait naturellement, sans la moindre impression de cassure ni le moindre temps mort. À ce niveau, ce n’est plus de la maîtrise, c’est du génie !

Prenez le meilleur de Dissection, d’Immortal, de Marduk, ajoutez-y une pointe de Ketzer époque Satan’s Boundaries Unchained pour le chant, un esprit anarchiste et un sentiment de révolte permanent. Voilà, vous avez une description certes réductrice mais tout à fait pertinente de ce que nous propose Trespasser. Αποκάλυψισ est un appel à la révolte, avec des textes recherchés, un artwork superbe et un sentiment d’urgence permanent. Avec ce deuxième album mené d’une main de maître et à nouveau sorti sur une base indépendante avant d’être distribué en formats physiques par Red Nebula, Pest Productions et Santa Diabla, Trespasser se propulse très haut dans le classement 2023. Et aucun grand label n’a aujourd’hui dans son écurie un groupe capable de rivaliser avec ce chef-d’œuvre.

(9/10)

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(Autoproduction – 2023)

Tracklist (38:54) 1. Forward Into the Light! 2. The Great Debt-Strike I: A Pillar of Smoke 3. The Honourable Thrall, or the Last Remnants of Peter’s Second Epistle Shrugged Off 4. Flakes of Ash 5. Holókaustos, or the Justification and Affirmation of Hierarchical Order by the Symbolism of Immolations 6. Hand in Hand Towards Har-Megiddo 7. The Great Debt-Strike II: יובל