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Gojira – Fortitude

Oui, nous avons pris notre temps pour écrire cette chronique. Reconsidérer le « cas » Gojira dans son ensemble, remonter aux sources (Terra Incognita, The Link), mesurer la progression de ce groupe français qui a réussi l’exploit de s’exporter à l’international, était nécessaire. Cultiver un sentiment chauviniste aussi. Car oui, Gojira remplit désormais des salles comme le Accord Hôtel Arena après s’être enquillé les MJC pendant de nombreuses années.

Cinq années après l’acclamé Magma, Gojira revient donc avec ce nouvel album : Fortitude.

« Born for one thing » pose les bases. L’assise musicale des Bayonnais est toujours aussi impressionnante : pas une note de travers ; un riffing efficace ; une voix qui percute. Ce premier titre, point de jonction avec le précédent album, nous installe dans une zone de confort. Comme à l’habitude, Gojira frappe juste et fort.

La suite n’est pas en reste. « Amazonia », un des pinacles de Fortitude, conquiert l’auditeur. Un morceau irrésistible par son ambiance évoquant Sepultura (oui, on parle de l’Amazonie ici) et une efficacité approuvée (quel break !).

Si nous sommes désormais bien loin des déflagrations de The Link et From Mars to Sirus et de ce feeling à la Morbid Angel qui nous plaisait tant, Gojira a su se réinventer. Il plonge les deux pieds dans le mainstream avec talent: « Another world », « Hold on », « New found » s’imposent au fil des écoutes. Et nous ne parlons ici que du « tout venant »…

Avec le dyptique « Fortitude/The Chant » judicieusement placé en milieu d’exercice, Gojira surprend le chaland. La voix se fait plus mélodique, le tempo se ralentit. La mélodie envoûte pour s’inscrire durablement dans le cortex. De fait, « The Chant » est le morceau le plus accessible de toute la carrière du quatuor. Le genre de truc qui pourrait encore lui faire gagner des fans.

L’album continue son bonhomme de chemin avec les plus calmes « Sphinx », « Into the storm » et « The trails ». Un ensemble qui coule de source et apporte un plus. Les frangins Duplantier ont bien bossé leur copie et cela s’entend.

L’affaire se termine sur le gigantesque « Grind » qui n’hésite pas à mixer brutalité et une certaine forme de béatitude. Ce morceau nous montre-t-il la direction que le quartet va suivre à l’avenir ? Si c’est le cas, le futur s’annonce sacrément alléchant. En attendant, Gojira nous offre ici un des indispensables de l’année.

Nico (9,5/10)

Site Officiel : https://www.gojira-music.com/

Roadrunner /2021

01. Born For One Thing 02. Amazonia 03. Another World 04. Hold On 05. New Found 06. Fortitude 07. The Chant 08. Sphinx 09. Into The Storm 10. The Trails 11. Grind

Osiah – Loss

Troisième album pour le groupe britannique basé à Sunderland, qui approche de la décennie au compteur. Le groupe ne change pas de fusil d’épaule, au menu du Deathcore un poil technique. Death Metal et Deathcore se mixent avec une lourdeur au poil et une production bien calibré. Agressif et percutant, Loss délivre une dose de Deathcore efficace à défaut de hérisser vraiment les poils, sans non plus se démarquer franchement. Le groupe coche toutes les cases : les vocalises abrasives, des passages agressifs, avec parfois une couche de tabassage en règle à coups de double grosse caisse (la sauvagerie développée sur  » Queen Of Sorrow « est très accrocheuse), sans négliger les multiples breaks et accélération de rigueur. C’est au fond une revue complete de toutes les figures de style imposées par le genre. Reconnaissons tout de même que les britanniques possèdent un savoir faire tel qu’on laisse l’album défiler sans en avoir la nausée ou l’envie de l’éjecter brutalement de sa playlist.

On note la présence de deux invités Jason Evans du groupe Ingested (sur le titre éponyme de l’album) et Ben Duerr de Shadow of Intent (sur The Eye Of The Swarm), dont les contributions ne sont pas fondamentales, mais doivent sans doute apporter un poil de notoriété qui ne fait jamais de mal.
Loss laisse une impression qu’il manque un ingrédient pour faire d’Osiah un groupe marquant qui sort du lot, sans doute un peu de personnalité au delà d’un savoir faire évident.
La seule faute de goût revient finalement à la promotion de du groupe qui élève Osiah au rang du « groupe le plus féroce du nord de l’Angleterre ». Rien que ça ? Sérieusement ? Modestement, à notre niveau, en terme de férocité britannique nous avons tendance à penser qu’Anaal Nathrakh est bien plus terrifiant qu’Osiah… qui ne démérite pas pour autant. Sans en faire des tonnes Loss mérite une écoute de la part de tout amateur de Deathcore qui tâche.

Hamster (7/10)

Osiah – Loss – Unique Leader Records – 2021
Tracklist (48 minutes) 1. Realm Of Misery 2. The Second Law 3. Paracusia 4. Queen Of Sorrow 5. Temporal Punishment 6. Loss (ft. Jason Evans) 7. Terracide Compulsion 8. The Eye Of The Swarm (ft. Ben Duerr) 9. War Within Our Walls 10. The Ominous Mind (Jaded Inside) 11. Celar Et Audax 12. Echoes 13. Already Lived

 

Seth – La morsure du Christ

Dès 1998 et leur premier opus, Les blessures de l’âme, les Bordelais de Seth ont marqué les esprits. Avec cette collection de titres quasi parfaite, le quartet a tout de suite trusté les cimes du black-metal. Si les albums suivants restent dignes (en particulier L’excellence et Divine-X), le groupe s’embourbe dans des problèmes de line-up et peine à retrouver le sublime de son chef-d’œuvre initial. Après un hiatus de 10 ans, le groupe revient avec le surprenant The howling spirit, célèbre en concert les 20 ans des « blessures » et en annonce une suite directe : La morsure du Christ.

Dès le premier titre, Seth nous plonge dans une ambiance délicieusement blasphématoire. « La morsure du Christ » pose la thématique et l’ambiance qui suivra tout au long de l’album. Noire, implacable, sans retour, mais bien plus subtile qu’il n’y paraît. Les choses sérieuses commencent avec « Métal noir » qui embrase l’auditeur par ses paroles et une exécution musicale hautement qualitative.

Seuls membres d’origine, Alsvid (batterie) et Heimoth (guitares) ont bien préparé leur coup. Le nouveau line-up composé d’ex-membres de Glorior Belli, Wormfood ou encore Loudblast, a tout pour réussir. Niveau musical, c’est du solide et ça s’entend. Si nous mettrons en exergue les talents de Pierre Le Pape à distiller ambiances déliquescentes et respirations bienvenues, c’est sans compter la présence de Saint Vincent qui se révèle être, au fil de l’album, un vocaliste réellement habité.

La suite de l’album continue sur cette lancée. « Sacrifice de sang », « Ex-Cathédrale » et l’exceptionnel « Hymne au vampire (Acte III) » subliment la musique de Seth avec talent et conviction. Il s’agit de classiques immédiats qui rivalisent sans peine avec les morceaux phare d’antan. « Les océans du vide » et « Le triomphe de Lucifer » clôturent l’affaire avec brio.

La morsure du Christ, nouvelle pierre à l’édifice de Seth, est un grand album. Une œuvre que l’on s’impatiente déjà de voir sur scène. Une collection de morceaux qui resteront, au même titre que ceux des Blessures de l’âme, comme le pinacle du black-metal hexagonal.

Nico (9,5/10)

Site Officiel : https://innomineseth.fr

Season Of Mist-Les Acteurs de l’ombre /2021

01. La Morsure du Christ 02. Métal Noir 03. Sacrifice de Sang 04. Ex-Cathédrale 05. Hymne au Vampire (Acte III) 06. Les Océans du Vide 07. Le Triomphe de Lucifer