En 2021, être musicien n’est pas forcément la panacée. Si les concerts ne se font que par le biais de live stream, les sorties d’albums continuent de s’enchaîner à un rythme respectable. Pour se démarquer, il faut être aventureux. Avec son neuvième album, Vreid propose une sorte de concept album (couplé à un moyen métrage) nous faisant voyager au cœur d’un univers froid et noir, le Wild North West.
Pas de doute, le quatuor reste dans la lignée de ses derniers albums. Vreid continue d’infuser metal noir et influences plus rock’n’roll. Dès le titre introductif (et éponyme), la messe est dite. L’auditeur n’est pas désarçonné ; il est en terrain connu. Les riffs sont efficaces, les mélodies accrochent l’oreille. La suite est du même tonneau.
« Wolves at sea » est méchant, « The morning red » montre que les Norvégiens ne manquent pas d’ambition, « Spikes of god » renoue avec les racines originelles, en plus d’être le morceau phare de cette nouvelle collection. Et le surprenant (de par son break presque funky) « Into the mountains » confirme notre idée que tous les morceaux de black-metal comprenant le mot « Mountains » ne peuvent pas être mauvais.
Un seul bémol : la production aurait mérité d’être un peu plus incisive.
Rien de grave au final, car Wild North West s’avère être un album accessible (« Dazed and reduced ») qui sera une belle porte d’entrée pour le néophyte et rassurera le connaisseur sur la bonne santé du quatuor norvégien.
01. Wild North West 02. Wolves at Sea 03. The morning red 04. Shadows of Aurora 05. Spikes of God 06. Dazed and reduced 07. Into the mountains 08. Shadowland
Evile, toujours à la pointe du retro thrash metal des années 1980, n’a pas rangé aux oubliettes son amour inconditionnel de Metallica, les ex Metal Militia (ça ne s’invente pas) remettent le couvert en 2021.
Après huit de silence discographique, le combo britannique repart animé des mêmes intentions qu’auparavant : asséner des compos thrash à l’ancienne, forcément survitaminé et rapide, avec en guise de concession à la modernité une production en béton.
Ce cinquième album se révèle de ce point de vue sans surprise. La production est au poil, la section rythmique tabasse comme il se doit dans le style énergique, mais le chant laisse lui une impression un poil à désirer. Le guitariste Ol Drake prend le relais de son frangin au chant. Un chant abrasif, monotone, qui se révèle sur la longueur être le maillon faible des compositions du groupe. Alors que le reste du groupe varie les tempos, sort des solis de guitare relevés, Ol Drake reste imperturbable dans un seul registre qui est un poil ennuyeux. Rendez nous Matt, les gars, soyez raisonnables…
Cela dit on peut aussi s’interroger sur le choix du groupe de se cantonner dans une seule direction, en proposant des compositions qui se situent dans une même formule, avec des accélérations qui surgissent toujours de manière prévisibles (même si toutefois il faut accorder a Evile une certaine efficacité dans l’exécution).
L’invitation du comédien Brian Posehn qui chante sur le titre » Gore » n’apporte pas grand chose à l’affaire. Pas plus que la reprise du titre de Mortician, Zombie Apocalypse qui ne sort pas du lot.
C’est un tantinet dommage après tant d’années de revenir avec un album solide mais qui ne passe pas le cap de l’exceptionnel. De la à se demander si le groupe n’aurait pas fait le tour du rétro thrash, et qu’engoncé dans son costume de fan de Metallica des années 1980, il se retrouverait un peu coincé.
Depuis quelques années, l’Écossais Andy Marshall fait parler de lui. Son projet principal, Saor, a participé au renouveau du black/folk. Les quatre albums de ce projet, qui se traduit en gaélique par « libre », se sont avérés indispensables, et ce grâce à une identité forte. Mais le bonhomme dévoile un côté plus sombre qui s’exprime avec son second projet Fuath (soit « haine » toujours en gaélique) qui ici sort son second opus.
Épique, fielleux et violent, « Prophecies » nous embarque dans une cavalcade avec les Nazguls au milieu du Mordor. Avec ses riffs à la Nachtmystium, son ambiance délétère et un chant respirant la malfaisance par tous les pores, ce premier long morceau annonce avec talent la suite des évènements. C’est sans appel : le mal régnera tout au long des cinq compositions.
« The pyre » continue sur cette lancée. Grâce à un riff obsédant et une atmosphère qui accompagne l’auditeur au cœur d’un maëlstrom obscur dans lequel il se noie avec délectation, ce second morceau rafle une fois de plus la mise.
Les superbes « Into the forest of shadows » et « Endless winter » ne font que confirmer cette bonne impression générale. Fuath est black-metal de la première jusqu’à la dernière note. Il suinte cet esprit malfaisant que ce soit dans l’interprétation ou dans l’ambiance proposée. On en revient au final à une évocation respectueuse des grands anciens (Darkthrone, Burzum entre autres) ; mais c’est sans compter une personnalité dense qui s’affirme au fil de l’album.
Marshall maîtrise bien son sujet ; il le prouve tout au long des ces quarante et une minutes de pure haine. Ce second album impressionne de bout en bout et affirme la position dominante de ce talentueux multi-instrumentiste dans le milieu du « vrai » black-metal.