Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Napalm Death existe depuis presque quarante ans. Quatre décennies de militantisme musical et politique. Quatorze-mille-six-cents jours de bruit, de riffs, d’action et de kilomètres parcourus. Même si le groupe ne contient plus aucun membre d’origine, Napalm Death est, à ce jour, une montagne, un pic, une péninsule dans le milieu de la musique extrême. Un de ceux qui a tout tenté, qui a aussi failli crever et qui s’est relevé envers et contre tous. En 2020, Napalm Death sort donc son seizième (!) manifeste: Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism.

Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism est une pépite qui réussit l’exploit de synthétiser l’ensemble des travaux précédents (Apex Predator – Easy Meat, Smear Campaign, The Code Is red… Long Live The Code, ou le formidable Utilitarian). C’est une œuvre « somme » généreuse qui va bien au-delà de la musique extrême. Certes, on y entend du Napalm Death « classique » (« Fuck the factoid »), mais la démarche musicale initiée par Shane Embury s’épanouit encore plus qu’à l’accoutumée. On entend ici les influences de Killing Joke (« Amoral »), des Swans (« A bellyful of salt and spleen »), de Sonic Youth (via la reprise de « White kross » présente sur le digibook), voire même du black metal (« Joie de ne pas vivre »). L’interprétation est évidemment sans faille et les textes de Barney Greenway sont toujours justes et incisifs (« A bellyful of salt and spleen »). Au pire, nous regretterons juste qu’il s’agisse probablement de la dernière apparition de Mitch Harris avec Napalm Death (voir ses interviews pour son nouveau projet, Brave the cold).

Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism est un album passionnant de bout en bout. Un manifeste qui ne cesse de surprendre et qui s’impose comme l’une des grandes oeuvres de 2020.

Nico (9,5/10)

Site Officiel : http://www.napalmdeath.org/

Century Media /2020

01. Fuck The Factoid 02. Backlash Just Because 03. That Curse Of Being In Thrall 04. Contagion 05. Joie De Ne Pas Vivre 06. Invigorating Clutch 07. Zero Gravitas Chamber 08. Fluxing Of The Muscle 09. Amoral 10. Throes Of Joy In the Jaws Of Defeatism 11. Acting In Gouged Faith 12. A Bellyful Of Salt And Spleen

Cro-Mags – 2020

Harley Flanagan a gagné la guerre qui l’opposait à son ancien colistier, le chanteur John Joseph. Le sanguin bassiste a récupéré les droits sur l’entité Cro-Mags. Désormais, le « vrai » Cro-Mags, c’est lui et personne d’autre ! De fait, depuis 2019, le bonhomme se fait plaisir en enquillant les sorties. Avec deux E.P’s et un album pas dégoûtant (In the beginning), le groupe n’a jamais été aussi productif. Et ça continue avec 2020, où Flanagan paie son tribut à cette année hautement improbable.

Cro-Mags continue sur la lancée de son précédent album. Oubliez le hardcore originel de Age of quarrel ; ici le quatuor se rapproche, au mieux, du crossover proposé sur Alpha Omega. Par bonheur, le groupe remplit le cahier des charges avec efficacité et arrive encore à surprendre (« Cro-fusion »).
Flanagan n’est évidemment pas content. Il gonfle la jugulaire, bande les muscles, hurle son désarroi. Il fait le job mais, au final, intervient très peu. Rocky George, lui, prolonge le travail entamé sur In the beginning. Ses interventions et riffs donnent de l’ampleur à l’ensemble (« Age of quarantine »), le tout dans un feeling rappelant avec force Suicidal Tendencies (« Chaos in the streets »). Une vraie valeur ajoutée à la hauteur du talent de ce guitariste mythique.

En vingt minutes et vingt secondes, l’affaire est pliée. Flanagan, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, a le mérite de faire revivre son groupe et regarde vers l’avenir. Nous espérons juste que, quand les concerts reprendront, Cro-Mags continue sur cette lancée.

Nico (7/10)

Site Officiel : https://www.realcromags.com

Mission Two Entertainment /2020

01. Age Of Quarantine 02. 2020 03. Life On Earth 04. Violence And Destruction 05. Chaos In The Streets 06. Cro-Fusion

Amahiru – s/t

AMAHIRU où le retour de Frédéric Leclercq vers des rivages mélodiques et diablement accrocheurs. Certains pensaient notre ami définitivement tombé du côté obscure et extrême avec son investissement corps et âme au sein de KREATOR, SINSAENUM et LOUDBLAST mais non, notre homme aime brouiller les cartes. L’occasion est venue grâce à sa bonne entente artistique et son amitié avec la guitariste japonaise Saki (MARY’S BLOOD & NEMOPHILA) rencontrée lors d’un concert à Hong-Kong.

De cette fructueuse collaboration est née douze titres, groovy et mélodiques, comme le dit lui-même Leclercq. Dans ce domaine, il avait déjà maintes fois prouvé son talent en signant de sacrés brûlots avec DRAGONFORCE. Afin de donner corps à leur projet, le duo a dû s’entourer les bons partenaires de jeu. Et le carnet d’adresse de Leclercq a fait des miracles : Coen Janssen d’EPICA a été un des premiers à les rejoindre, suivi par Mike Heller, l’extraordinaire batteur de FEAR FACTORY. Moins connu du grand public mais bénéficiant déjà d’une solide réputation sur la scène britannique, Archie Wilson au chant a été la dernière pièce du puzzle AMAHIRU.

Dès les premières mesures « d’Innocent » qui ouvre cet album éponyme, le décor est planté : guitares tranchantes et techniques, nappes de claviers pour renforcer la mélodie et section rythmique basse batterie en ordre de marche histoire de fixer chaque composition sur des fondations insubmersibles. Difficile de ne pas être séduit après quelques minutes, le savoir-faire est évident et nos amis ont su déployer un bel enthousiasme. Derrière son micro, le chanteur donne tout et propose une belle prestation, emplie d’énergie et de conviction. Avec Leclerc et Saki aux commandes, on devine que les soli de guitares ne vont pas être en reste. Ils enfoncent le clou de belle manière ! « WTTP » et « Hours », les deux premiers singles, montrent une autre facette de la musique du groupe. Hyper accrocheurs et presque dansants, ces hits pour radio US évoquent un NICKELBACK des grands jours ou encore un ANDREW WK au top de sa forme. Cela vous rentre dans le crâne en quelques minutes et vous secouerez la tête en rythme sans même vous en rendre compte.

Chaque composition est calibrée pour déployer immédiatement tous ses charmes et capturer l’auditeur. Toute résistance est inutile. Rien de révolutionnaire ici mais une maîtrise et un talent évidents à chaque étape. En quatre ou cinq minutes, la messe est dite et les titres s’enchaînent à haute intensité. Il faut attendre « Ninja No Tamashii », un titre instrumental aux sonorités traditionnelles nippones, pour reprendre un peu sa respiration avant d’attaquer la deuxième partie du disque. AMAHIRU n’appuie que très rarement sur la pédale de frein et compte bien finir de convertir les plus sceptiques avant la fin du voyage. En plus de son casting cinq étoiles, signalons les apparitions en guest de Elize Ryd (AMARANTHE) et de Sean Reinert (CYNIC, DEATH) sur un titre chacun. Le groupe a souhaité ainsi rendre hommage à ce dernier tragiquement disparu en janvier dernier.

Comme aime le rappeler Frédéric Leclercq il a toujours eu cette fibre métal mélodique en lui et, alors qu’il assouvit pleinement ses penchants extrêmes à travers ses autres projets, AMAHIRU cristallise cette facette de son identité musicale. Les aigris diront que le bougre bouffe, peut-être, à tous les râteliers mais diable qu’il le fait bien ! En ces temps difficiles et anxiogènes, AMAHIRU offre une belle dose d’enthousiasme et d’énergie. De nos jours, cela devrait être remboursé par la Sécurité Sociale…

 

Oshyrya (7,5/10)

 

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VERYCORDS / 2020
Tracklist (56:29 mn) 01. Innocent 02. WTTP 03. Hours 04. Way Out 05. Ninja No Tamashii 06. Vanguard 07. Bringing Me Down 08. Lucky Star (feat. Elize Ryd) 09. Waves 10. Samurai 11. Bringing Me Down (feat. Sean Reinert) [Alternative Version] 12. Zombi (Bonus Track)