En matière de black-metal 3.0, Regarde les hommes tomber est un groupe phare. Découverts avec The Great Old Ones dans les années 2010 par le label underground Les acteurs de l’ombre, les Nantais n’ont jamais cessé de briller. Après deux albums devenus des pierres angulaires du genre et des concerts de haute tenue, RLHT est désormais incontournable. Au point que Season Of Mist se décide à les ajouter à son catalogue. Une alliance prometteuse qui nous amène à ce nouvel album, Ascension.
Le cap du troisième album est un moment particulier dans la vie d’un groupe. Il confirme que les deux précédents n’étaient pas le fruit du hasard. Plus important encore : il installe et fait durer dans le temps. Ascension est un album qui mérite beaucoup d’attention. Il se révèle au fil des écoutes. Les morceaux sont longs, profonds, intenses ; ils interpellent l’auditeur.
Regarde les hommes tomber a passé un cap. En terme de compositions, ces pièces musicales sont modernes, complexes mais se réfèrent toujours aux basiques du black-metal. Il suffit d’écouter « Stellar Cross » pour comprendre que c’est un classique immédiat et qu’il synthétise tout ce que peut être le quintet : un groupe qui regarde vers l’avant et ne se pose aucune limite. A l’image du titre précité, « A new order », « The renegade son » et « The crowning » sont tout aussi solides. L’affaire se conclue avec un « Au bord du gouffre ». Dantesque. Ascension doit probablement clôturer un cycle. Si c’est le cas, il le fait avec brio.
Ici, pas de divergences à la Deafheaven, pas de rétro-pédalage à la Mayhem, Regarde les hommes tomber incarne tout simplement le black-metal d’aujourd’hui.
Heilung est un OVNI musical. Folk tordu ? Délire païen influencé par Dead Can Dance ? Impossible de poser un adjectif précis sur cette musique si particulière. Allez savoir pourquoi, Heilung fait partie de ces formations sollicitées par la communauté « metal ». D’où sa présence ici.
A l’instar de son premier album (Ofnir), Futha est une expérience auditive intense. Un ensemble. Un tout. Une histoire qu’on nous raconte. De « Galgaldr », et ses vocalises qu’Attila Csihar n’aurait pas reniées, à « Hamrer hippyer », il est difficile de décrocher. Le groupe nous agrippe. Les rythmes tribaux sont un appel à la transe (« Traust ») ; l’orchestration est bluffante (« Norupo ») ; les voix de Maria Franz, Christopher Juul et Kai Uwe Faust s’entremêlent pour nous proposer un mélange inédit de tessitures vocales.
Minutieux, Heilung prend son temps. C’est réussi. Les morceaux sont longs, et imposent diverses ambiances envoûtantes. Le groupe expérimente aussi ; comme par exemple ce groove hypnotique (« Othan ») qui remporte tous les suffrages.
Incroyable melting-pot mêlant musiques de tous horizons, Futha est une franche réussite. A même de réunir dans son escarcelle les fans de musique liturgique et médiévale, les nostalgiques du label 4ad, les amateurs de world-music et, plus surprenant, les fans de gros death-metal qui tache. C’est la grande force de Heilung.
L’hiver, le froid perçant, la pluie.. Les conditions sont idéales pour écrire une chronique de The infernal pathway…
Depuis 1997, le groupe 1349 (l’année de la grande peste noire) incarne le black-metal dans sa forme la plus pure. Incorruptible, metal jusqu’au bout des ongles, le quartet respire et vit avec intensité ce style abrasif. Depuis presque 20 ans, la formation s’est adjoint les services de Frost (Satyricon) et est ainsi sortie de la confidentialité. S’ensuit une série d’albums solides (Hellfire, Demonoir), d’expérimentations intéressantes (Revelations of the black flame) et de prestations scéniques intenses. Après un hiatus de cinq ans, les Norvégiens reviennent nous proposer leur septième album.
Avec The infernal pathway, 1349 ne prend pas de risque. Le groupe joue sur ses acquis, mais assure l’essentiel. De l’intro typée heavy-metal de « Abbysos antithesis » à l’énorme « Stand tall in fire » rien ne surprend l’auditeur. Déception ? Dans un premier temps oui. Pourtant, dès la seconde écoute, The infernal pathway prend plus de consistance. Le classicisme est bienvenu ; les riffs rentrent dans la tête. Les grandes épopées ( « Abyssos Antithesis », « Striding the Chasm », « Dødskamp » , « Stand Tall in Fire ») sont épiques et nous emmènent très loin dans les contrées nordiques. Les formats ramassés (« Through Eyes of Stone ») touchent juste. La troisième écoute ne sublimera pas plus cette dernière offrande.
Au final, 1349 a fait du bon boulot. The infernal pathway est plutôt bien troussé. Il s’écoute facilement et l’on passe un bon moment. Mais il manque ce petit plus, cette flamme noire qui aurait pu nous emporter encore un peu plus loin dans ce passage infernal.
01. Abyssos Antithesis 02.Through Eyes of Stone 03. Tunnel of Set VIII 04. Enter Cold Void Dreaming 05. Towers Upon Towers 06. Tunnel of Set IX 07. Deeper Still 08. Striding the Chasm 09. Dødskamp (album edit) 10. Tunnel of Set X 11. Stand Tall in Fire