Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

Gruesome – Twisted Prayers

Avis peu populaire : avec Spiritual Healing, Death a mis le doigt dans un engrenage qui a fait le bonheur de bien des fans du genre, mais qui a marqué, pour moi, le début d’un « désamour » entre ce que faisait la bande à Chuck et mes oreilles. Ho, j’avoue que les albums post-Spiritual Healing sont des monuments du Death technique et que, sans eux, nous n’aurions peut-être jamais connu l’émergence de nombreux autres groupes, mais j’ai toujours gardé une préférence marquée pour les débuts du groupe, ce côté brut, et Spiritual Healing était le moment où tout a basculé pour moi.

Vous me direz que vous vous en foutez, que j’ai des goûts de merde. Les coups et les douleurs, comme on dit par chez moi, mais toujours est-il qu’il me fallait bien une intro pour pisser un peu de la ligne avant d’aborder Twisted Prayers, troisième hommage à Death par la bande à Matt Harvey.

Twisted Prayers, donc, est l’hommage appuyé à Spiritual Healing. Que ce soit au niveau de l’artwork, des thèmes abordés, du son et du mode de composition, tout rappelle l’œuvre de Chuck. Et on revient donc toujours à cet éternel dilemme. Doit-on saluer cette volonté de perpétuer la mémoire de Chuck ou au contraire regretter que le groupe ne se foule pas et bénéficie donc d’une renommée purement liée à la nostalgie des fans ?

Pour ma part, la question est vite réglée : Gruesome s’étant penché (pour l’heure) sur mes albums favoris de Death, je savoure ces albums/hommages avec le sourire, notamment parce que je n’ai pas eu la chance de voir Death avec Chuck en live (et à ce niveau, Gruesome tient vraiment la route en live de par son line-up très expérimenté). Tiendrais-je un autre discours si Gruesome avait débuté par les albums les plus récents de Death ? Probablement, parce que je n’ai pas le même rapport sentimental avec ces albums.

Parmi tous ces clones et ces groupes inspirés par Chuck, Gruesome est probablement le plus honnête, celui qui reconnait sans rougir qu’il rend hommage à l’œuvre de Chuck en pompant allègrement dans sa discographie. C’est peut-être aussi pour cela que je suis si indulgent avec eux.

Mister Patate (Spiritual Healing/10)

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Relapse Records / 2018
Tracklist (42:35) 1. Inhumane 2. A Waste of Life 3. Fate 4. Lethal Legacy 5. Fatal Illusions 6. Crusade of Brutality 7. At Death’s Door 8. Twisted Prayers

Dyscarnate – With All Their Might

Make Way For The King.

Si je devais résumer mon ressenti envers cet album en une seule phrase, je prendrais cette phrase, tirée des paroles du morceau « Traitors In The Palace ». Dans un univers Death Metal où se bousculent anciennes gloires sur le retour, jeunots qui tiennent à les détrôner à grands coups d’albums qui ne sont que de pâles calques des efforts de leurs idoles, sans même parler de toute cette branche Death technique qui tient plus de la course aux armements que du feeling, Dyscarnate fait figure de bulldozer, et ce troisième album maîtrisé de bout en bout est du genre à mettre pas mal de monde d’accord.

Tout d’abord, il y a ce son. Clair, massif. Une production moderne qui rend justice aux instruments. La section rythmique pilonne sans relâche, avec en bonus une basse bien audible, qui ajoute une touche de groove au Death moderne du trio. Ajoutez à cela deux chanteurs, deux voix distinctes, l’une grave, l’autre criarde, qui se répondent, se complètent. À l’instar d’un Dying Fetus, les Anglais ont compris qu’il ne faut pas forcément être nombreux pour être bruyamment efficace, mais la comparaison s’arrête là.

Parce que Dyscarnate parvient à proposer un Death résolument violent, mais tout en restant intelligible et digeste. Un peu moins de 40 minutes, une bonne alternance entre brûlots groovy et morceaux plus mid-tempo (« Traitors In The Palace » qui coupe parfaitement l’album en deux avec une petite touche épique), quelques touches Deathcore, une influence de Meshuggah au niveau du riffing et de l’audace pour clôturer sur un morceau atypique : le groupe a su canaliser son énergie pour la délivrer de manière diaboliquement efficace. Aucun morceau ne semble dénoter dans cet album au niveau de qualité constant et très élevé.

Dyscarnate fait partie de ces groupes qui ne bénéficient pas de l’attention qu’ils méritent. Là où tellement de formations talentueuses s’embourbent dans le passé, le trio britannique fait le choix de regarder de l’avant. Et si d’autres groupes suivaient cet exemple, l’avenir du Death serait radieux.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel 

Unique Leader Records – 2017
Tracklist (39:05) 1. Of Mice and Mountains 2. This Is Fire! 3. Iron Strengthens Iron 4. Traitors in the Palace 5. To End All Flesh Before Me 6. Backbreaker 7. All the Devils Are Here 8. Nothing Seems Right

Quoi de mieux qu’un album de métal symphonique et néo-classique instrumental pour bien débuter l’année ? Si vous me répondez tout, c’est vraiment que vous n’avez pas de cœur. Louons le label Lion Music qui nous offre la perspective de commencer 2019 sous les meilleurs auspices. Bien sûr il vous faudra de la sensibilité et un sens aigu du beau pour goûter toutes les saveurs et les nuances de ce genre si particulier. Cela exclu d’emblée 80% de cette prestigieuse rédaction, la tâche ardue de chroniquer ce disque ne pouvait reposer sur les épaules que votre humble serviteur, esthète reconnu.

L’évocation du nom Michael Harris risque de ne parler qu’aux plus pointus d’entre nous. Le guitariste et compositeur mène une solide carrière depuis quelques décennies maintenant mais ce ne serait lui faire injure que de dire que son aura est restée, à ce jour, confiné à des cercles très restreints. Que ce soit en solo comme aujourd’hui ou à travers différents groupes comme SURGEON, THOUGHT CHAMBER ou DARKOLOGY, son travail n’a pas réussi à toucher un vaste public. Par sûr que ce nouvel opus fasse mieux tant il cible un public de niche.

Comme son nom le suggère, cet Orchestrate II succède à Orchestrate paru en 2006 déjà chez Lion Music. Treize ans plus tard, le concept ne change pas, voici quatorze nouvelles compositions instrumentales toujours dans cette même veine néo-classique. On ne change pas une équipe qui gagne tant le premier album reste un des plus gros succès commercial de l’américain. L’appétence du public américain pour les tournée annuelles du TRANS SIBERIAN ORCHESTRA semble donne raison à Harris dans sa volonté de poursuivre dans cette voie. Et reconnaissons que le guitariste étasunien montre un vrai talent, un solide savoir-faire dans cet exercice symphonique. Les chansons qui s’enchaînent sur cet album affichent de belles qualités et maintiennent de très bons standards tout au long des quarante-cinq minutes. Le propos d’avère riche et varié, l’auditeur n’a pas vraiment de quoi s’ennuyer pour peu qu’il ne soit pas allergique à l’approche instrumentale.

Orchestrate II reste avant tout une belle vitrine de la maîtrise de Michael Harris en termes de composition et de virtuosité à la guitare, électrique ou sèche. Ce n’est pas un manchot avec une six cordes en main, il est doué aussi bien pour des passages doux et subtils ou pour des envolées rapides tout en shred. Il fait souvent mouche avec des mélodies simples mais accrocheuses tout en évitant de trop charger le propos en orchestrations superflues. Il fait tout lui-même, guitares, basse et claviers, confiant uniquement les parties de batterie à Brain Harris (son frère). La production générale reste bonne, pas extraordinaire mais au niveau des standards modernes.

Ce disque tient toutes ses promesses et livre la marchandise attendue. Ce n’est bien sûr pas pour tout le monde, beaucoup d’entre vous bailleraient au bout de quelques secondes à l’écoute de ces pièces orchestrales subtilement agencées. Mais les connaisseurs ne bouderont pas leur plaisir et se consoleront avec Michael Harris sachant qu’il n’y a quasiment plus d’espoir du côté d’un Yngwie Malmsteen en roue libre. A défaut de grives on mange des merles.

Oshyrya (7,5/10)

 

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Lion Music / 2019
Tracklist (46:58 mn) 01.Orchestra Pit 02. Chant of the Octagoth 03.Time Piece 04.Syrkus of Lydia 05. Logician’s Lament 06. Octavian III 07.Lifelong Quest 08. Wrath of the Conductor 09.Winterlude Nöel 10.Masquerade Nokturne 11.The Empress with No Clothes 12.The Orchestrator 13- Mundus Novus 14. Final Quest