Beaucoup de temps s’est écoulé depuis la sortie d’Abrahadabra, le dernier effort en date de Dimmu Borgir. Et le groupe ne m’a pas manqué, c’est le moins qu’on puisse dire, tant cet album était, à mes yeux, une sacrée déception. Je n’attendais donc plus rien de la bande à Shagrath, et c’est toujours dans ce cas-là, lorsque l’on abandonne ses a prioris, qu’un groupe peut surprendre positivement.
Enfin, dans le cas présent, on dira simplement que le groupe m’a surpris, mais pas toujours positivement. Parce que ce n’est plus du Dimmu Borgir, du moins pas « mon » Dimmu, celui que j’ai découvert avec Puritanical Euphoric Misanthropia. Je souriais quand certains parlaient de « Disney Metal » ou de « Soundtrack Metal », mais au final, ils ont raison. Les Norvégiens ont perdu de leur mordant et mettent désormais en avant le côté épico-théâtral de leur musique. Remplacez Shagrath par une chanteuse lambda et vous avez un groupe de Pouffe Metal (et c’est peut-être justement la présence de Shagrath qui me rend si indulgent avec le groupe).
Musicalement, si l’on fait abstraction du nom du groupe, de son passif, Eonian est un album intéressant et abouti. L’ajout de chœurs pour remplacer le chant clair est un parti pris efficace, le groupe se hasarde à quelques expérimentations (rythmiques tribales et incantations, par exemple) sans pour autant trop lâcher le bord de la piscine…
Mais c’est Dimmu, bordel ! Je peux comprendre que le groupe ait décidé d’évoluer dans une direction fortement opposée à ses méfaits précédents, mais qu’il ose alors aller au fond de ses idées, en abandonnant tout ce qui, dans une certaine mesure, donne l’impression d’être en présence d’une mouture adoucie et ramollie d’un des monstres du black sympho grand public. Merde, ce blast sur « Alpha Aeon Omega » couplé à cette instru pompeuse prouve que le groupe en a encore largement sous le pied et n’a pas oublié comment augmenter le rythme cardiaque de ses fans.
Au final, je suis donc partagé. Un cran au-dessus d’Abrahadabra, un cran en-dessous des opus précédents, Eonian est clairement le type d’album qui aurait eu un meilleur accueil s’il avait été sorti par d’illustres inconnus plutôt que par les géniteurs d’Enthrone Darkness Triumphant.
Mister Patate (6,5/10)
Nuclear Blast Records / 2018
Tracklist (54:19) 1. The Unveiling 2. Interdimensional Summit 3. Ætheric 4. Council of Wolves and Snakes 5. The Empyrean Phoenix 6. Lightbringer 7. I Am Sovereign 8. Archaic Correspondence 9. Alpha Aeon Omega 10. Rite of Passage
Qui arrêtera les loups teutons de POWERWOLF? Comme bien d’autres groupes connaissant un succès durable, les allemands sont peut-être leurs propres pires ennemis. Ils doivent en effet résoudre une sacrée quadrature, livrer la marchandise attendue des fans, histoire de les conserver, tout en continuant à évoluer pour ne pas stagner. Le risque de rencontrer la lassitude du public n’est jamais loin et attend son heure tapie dans l’ombre.
Cela devait arriver. Il fallait bien que Michael Romeo, guitariste acclamé et reconnu de SYMPHONY X, trouve un moyen d’exprimer sa grande créativité alors que son groupe principal fait une pause suite à l’accident subi par Russell Allen et ses comparses d’ADRENALINE MOB en juillet 2017. De cette démarche est né un album que voici, War of the Worlds / Pt. 1, publié par Music Theories Recordings / Mascot Label Group. Après vingt-cinq ans de carrière, il était grand temps qu’un premier album solo voit le jour. Les plus pointus me diront qu’est déjà sorti sous son nom The Dark Chapter en 1994 mais il s’agissait plus d’un simple assemblage de démos publié alors par le label japonais du groupe.