Voici le nouvel enregistrement live d'Harem Scarem, juste deux ans après la parution de Last Live, mais méritant néanmoins toute notre attention. Il s'agissait pour Harem Scarem de profiter l'occasion du festival des Gods et de ses bonnes conditions acoustiques, mais aussi de confirmer leur retour au Hard rock avec leur dernier album Weight of the World, après l'intermède de la période Rubber

L'ensemble dégage d'emblée une grosse énergie et cela en partie grâce à l'appui d'un son de concert excellent. L'absence d'un clavier donne sans doute un ton plus tranchant à l'ensemble, mais c'est bien plus la maîtrise et la conviction des musiciens qui expliquent la qualité du son du Live at the Gods. On peut peut-être blâmer le manque de présence de la guitare rythmique à certains moments, a contrario de son caractère massif sur le dernier album studio Weight of the World. Il n'en reste pas moins que l'équilibre entre la clarté, l'énergie et l'authenticité sonore est parfaitement trouvé ici. Cette rugosité donne parfois des teintes un peu inhabituelles à la musique d'Harem Scarem, à la limite du punk mélodique du début des années 90 (sur « If You » ou « You Ruined Everything » par exemple). Elle lui apporte aussi une puissance plus heavy-metal (« No Justice »). 

Mais il est plus important d'évoquer la prestation tout bonnement exceptionnelle de Pete Lesperance. Son talent traverse d'un bout à l'autre cet enregistrement, faisant quasiment paraître comme ternes ses interprétations en studio. L'instrumental « See Saw » pourrait en fournir un parfait exemple, mais c'est en fait chaque solo qui éclaire la musique d'Harem Scarem d'une jeu à la virtuosité très maîtrisée et nullement envahissante, servi par un son chatoyant. Une telle aisance me rappelle souvent celle de Vito Bratta. 

Cependant le chanteur Harry Hess n'est pas pour autant en reste et tient aussi tout aussi le haut du pavé, tout particulièrement sur les deux ballades gorgées d'émotion, « This ain't Over » et « Honestly ». Sa voix chaude et puissante (« How Long »), aux légères cassures vocales ou aux élans plus lyriques (« Honestly ») fait des merveilles du bout à l'autre de l'album. 

Si la présence du public ne se dessine peut-être pas toujours assez nettement, la communion qui semble bien avoir existé dans la salle se perçoit distinctement sur « Honestly » ou l'enthousiasme à la reprise à l'unisson du refrain est parfaitement palpable. 

En conclusion, Live at the Gods est sans doute une très bonne manière d'aborder Harem Scarem, mais c'est avant tout une acquisition hautement recommandable, qui s'adresse à tout amateur de métal dépourvu d'œillères. L'avenir dira s'il deviendra un must.

Baptiste (08.5/10)

 

Frontiers / 2003

Track listing : 1. Change Comes Around 2. Killing Me 3. Stuck With You 4. Hard To Love 5. Who-Buddy 6. You Ruined Everything  7. This Ain't Over 8. See-Saw 9. If You 10. Warming A Frozen Rose 11. How Long 12. Honestly 13. Outside Your Window 14. So Blind 15. The Paint Thins 16. No Justice