Archive for décembre, 2003

Secretum – Happy Happy Killing Time

SECRETUM, mais qui se cache donc derrière ce patronyme pourri? Et bien un groupe berlinois qui sort ici son premier " véritable " album, après un maxi et une démo. Dès le premier titre, et alors qu'on pense, au vu du logo et de la pochette, que nos oreilles vont en prendre pour leur grade, on plonge dans un bain d'acide thrash/death ultra efficace, soit un mélange entre Destruction, Sodom ou Kreator (beaucoup) et Carcass (un peu). La mixture est vraiment convaincante et SECRETUM se révèle vite être une jolie machine castratrice, en effet, les tempos sont élevés, les riffs très rapides et la voix hystérique.

Le chant, assuré tour à tour par le gratteux et le bassiste, est effrayant de rage et de puissance. Le cocktail explosif de ces teutons enragés est quelques fois agrémenté de touches punks bienvenues qui apportent encore un petit plus au niveau de l'accroche des morceaux.
Les morceaux sont également " embellis " par de petites incursions de samples, tirés principalement de films, j'ai d'ailleurs pu y reconnaître " Apocalypse now "…
 
Bon OK, les paroles ne sont certainement pas d'une originalité déchirante, mais est-ce là le juste propos ? On sent que SECRETUM n'a comme but que de dépoter et de laisser derrière soi le maximum de cadavres possible… La puissance de feu est proprement inimaginable et on peut aisément deviner que les musiciens ne sont en rien bridés dans leur agressivité. 
Une bien bonne surprise donc, surtout dans la mesure où je n'attendais strictement rien de cette galette (comme quoi tout le monde peut se tromper), mais force est d'avouer que je tiens là le disque idéal pour réveiller bonne maman lors du futur réveillon de fin d'année…
 
Bon d'accord, cette kro est bien courte, mais que dire sinon que " Happy Happy Killing Time " porte donc bien son nom et se révèlera être la bande son idéale si d'aventure vous décidez d'aller tronçonner vos envahissants voisins ! 
 
Thortyir (08/10)
 
 
Metal Age – Adipocere / 2003
 
Track listing (..:..)
1. Don't look now 2. Loss of blood 3. Axis of evil 4. Snow white 5. The metalpyromaniac 6. Happy happy killing time (Aka scream bloody whore) 7. Decapitation 8. Stronger than you 9. Don't look now (remix)

 

Scarve – Irradiant

Après le très acclamé " Lumineferous " sorti en 2002 et qui a définitivement permis à SCARVE de sortir de l'ombre et même de se faire une belle place au firmament du metal français (disons même européen tout court, cf. la tournée avec NILE), voici donc ce nouveau bébé, " Irradiant ", attendu de longue date. 

On était donc en droit d'attendre quelque chose de bon pour ce troisième opus, soit certainement le cap le plus difficile à franchir pour un groupe, où seuls les plus forts survivent. Tous les groupes vous le diront, le troisième album est toujours un tournant dans une carrière, j'en veux pour exemple IN FLAMES avec " Whoracle ", SAMAEL avec " Passage ", j'en passe et des meilleures… Curieux d'écouter ce que ces " chiens " (les fans comprendront) de SCARVE nous avaient réservé pour cette galette, je l'étais donc certainement avant d'enfourner cette galette dans la platine.
 
On rentre direct dans le vif du sujet avec le terrible " Mirthless perspectives ", déjà disponible sur le site du groupe depuis plusieurs semaines, et qui vous colle d'emblée au mur… quel son seigneur !
Autant la production de " Luminiferous " m'avait laissé sur ma faim, que là, force est de constater que Daniel Bergstrand a mis le paquet, quelle clarté, quelle puissance! Pourtant enregistré dans le même studio et par le même producteur, le dernier IN FLAMES sonne comme une démo d'un groupe Tchétchène par rapport à ce premier titre nucléaire. Et bien même qu'il soit typiquement SCARVE dans l'approche, soit une rythmique en béton armé, et le partage des voix entre Pierrick et Guillaume, lesquels assurent leurs parties avec grand brio, ce premier titre possède ce petit quelque chose qui fait que tout se retient aisément. A noter un solo à la VAI particulièrement empreint de virtuosité.
 
Mais ce n'est là rien par rapport à ce qui nous attend, et c'est alors qu'on s'imagine revivre avec plaisir le scénario de " Luminiferous " que déboule " An Emptier void " et son intro très death US. On peut d'ailleurs rapprocher ce titre des productions les plus extrêmes d'un STRAPPING YOUNG LAD, en boostant le tout à la sauce SUFFOCATION! Les breaks se succèdent, tous plus dévastateurs les uns que les autres et c'est avec soulagement qu'on accueille quelques secondes de calme avant de replonger la tête la première dans un bain d'acide.
 
Le titre éponyme, est un poil moins enlevé et possède un refrain très mélodique magistralement chanté par Guillaume (qui prend sur l'album quelques intonations très Devin Townsend), et qui s'imprime automatiquement dans nos petits cerveaux imbibés (j'écris cette chronique entre les fêtes de fin d'année). Les parties de guitares sont très techniques, et on a même droit à un break digne de DREAM THEATER après le premier refrain, et qui déboule sur une accélération vertigineuse. L'ambiance dégagée par ce titre est assez malsaine et sombre, le tout avec un côté très futuriste dans l'approche et dans l'utilisation des arrangements.
 
" Asphyxiate ", titre beaucoup plus lourd et barré que le trio d'ouverture, voit l'apparition de Fredik Thordendal de MESHUGGAH qui nous gratifie ici d'un solo d'alien dont lui seul a le secret. Normal alors qu'on vous dise que ce titre comporte des rythmiques typiques du combo suédois, le tout entrecoupé de passages mélodiques du plus bel effet. Le tout est très saccadé et bourré de breaks et de changements de tempo, on y remarque en outre très bien la basse de Loïc, laquelle apporte un plus indéniable au son monstrueux de cette rondelle.
 
Moment de repos pour l'intro en arpèges de " Hyperconscience ", soit un titre assez proche de FEAR FACTORY en bien plus technique. L'influence STRAPPING YOUNG LAD s'y fait clairement ressentir (serais-je à ce point obsédé par ce groupe?), surtout dans les démarrages vertigineux et dans ce refrain lumineux et très brutal. SCARVE possède certainement en la personne de Dirk Verbeuren un des meilleurs cogneurs d'Europe (regardez le nombre de disques sur lesquels ce martien joue, proprement hallucinant), sur cet album, il fait la nique à bon nombre de batteurs d'extrême et n'a certainement pas à rougir face à des titans tels que Gene Hoglan, tant il égale ici le talent de ses aînés.
 
" The perfect disaster " est accueilli comme le repos du guerrier avec son tempo lent et ses couplets en son clair, le tout fourmillant à nouveau de breaks sans nuire à la cohésion de l'ensemble. Un mot d'ailleurs sur la paire de gratteux Patrick/Sylvain qui s'en tire ici avec les honneurs militaires tant leur prestation commune est proprement hallucinante, tant en assise rythmique qu'en solo… Bon nombre de guitaristes débutants vont revendre leur instrument en se balançant cette chape de plomb dans les cages à miel.
 
La pause a été de courte durée et " Molten scars " déboule sans crier gare avec un tempo endiablé et des vocaux plus enragés que jamais, titre sur lequel Gustaf Jorde des thrashers de DEFLESHED vient apposer sa patte. Un titre en coup de boule, le plus court de l'album et certainement pas le moins intense…
 
La doublette de fin d'album " Fire proven " / " Boiling calm " est quasi " progressive " face à ce déferlement d'agressivité et rappelle à certains moments le grand TESTAMENT. Ces deux titres nous présentent une face plus thrash de SCARVE, sans doute ceux qui sont également, pour moi, les plus proches des titres de " Luminiferous ". Notons le superbe refrain (encore!) du dernier titre, le plus long de l'album avec ses quasis huit minutes.
 
Une fin d'album en forme d'apocalypse plus tard, et on se retrouve sonné, totalement désorienté par un tel déballage de talent et de virtuosité, tout en ne perdant jamais le fil d'une accroche et d'une musicalité exemplaires. Toutes les influences sont ici digérées et balancées à la face du monde à la sauce du groupe. SCARVE accouche ici d'un album abouti qui nous présente un groupe mature et au sommet de son art… Tout simplement gigantesque! 2004 sera SCARVE ou ne sera pas… Enorme !!!
 
Thortyir (09/10)
 
 
 
Listenable records / 2003
 
Track listing (42:47)
1. Mirthless perspectives 2. An emptier void 3. Irradiant 4. Asphyxiate 5. HyperConscience 6. The perfect disaster 7. Molten scars 8. FireProven 9. Boiling calm

 

 

Manes – Vilosophe

Décidément les norvégiens sont impressionnants. Outre le fait de posséder les groupes de metal les plus intéressants de la scène européenne, voire mondiale, ils sont capables de se transcender, d’effacer complètement un style et de repartir à zéro vers de nouveaux horizons musicaux. Les exemples d’une telle remise en cause ne manquent pas, il suffit de penser à Arcturus, In the Wood, Atrox, Green Carnation, 3rd and the Mortal ou encore Satyricon et leur excellent et dernier album « Volcano ». Manes ne déroge pas à cette règle.
 
C’est donc 5 ans après « Under Eine Blodraud Maane », pur album de black metal, que Manes revient avec ce plus que surprenant « Vilosophe ». Il n’y a plus aucun rapport entre les compositions actuelles du groupe et le black metal et c’est d’ailleurs à se demander si le groupe responsable de ce cd est le même que celui de 1998. 
 
C’est désormais à un groupe avec une démarche résolument moderne (on retrouve de nombreux éléments électroniques), que nous avons à faire. Même si il est plus que difficile de qualifier le style de Manes, on peut dire que le groupe évolue dans un metal gothique, atmosphérique et parfois même psychédélique. Il pourra ainsi plaire aux amateurs de metal non conventionnel, rejoignant les groupes de la liste ci-dessus (Manes compte dans ses rangs des membres de Atrox et 3rd and the Mortal), ou aux fans de formations telles que Katatonia. Et dans la démrarche « Vilosophe » se rapproche du très bon album de Star of Ash « Iter.Viator ».
 
La musique de Manes, transcende réellement l’auditeur et l’emmène dans des contrées inexplorées de son esprit. Le groupe a su créer des arrangements et des compositions à la fois complexes, belles et efficaces, ne négligeant aucun des instruments. Les guitares se font tantôt puissantes, tantôt subtiles, tandis que la basse survole tous les titres de son ronronnement. Manes a aussi su rallonger ses morceaux, et donc augmenter leur efficacité, pour conquérir complètement l’auditeur, déjà en extase. Essayez pour cela le titre « Divind with your hands bound » et son final d’anthologie. 
La voix, bien que très spéciale (le chanteur a parfois un timbre de voix proche de Perry Farrel de Jane’s Addiction), complète l’alchimie des instruments, pour créer un ensemble merveilleux et digne d’appartenir à un univers musical parallèle.
 
Les norvégiens frappent donc une fois de plus un grand coup, « Vilosophe » devient déjà un album culte à sa manière. Ouverture d’esprit musicale conseillée…
 
Elrickh (09/10)
 
Code 666 records / 2003
 
Track listing (47:10)
1. Nodamnbrakes 2. Diving With Your Hands 3. Bound (Nearly Flying) 4. White Devil Black Shroud 5. Terminus A Quo / Terminus Ad Quem 6. Death Of The Genuine 7. Ende 8. The Hardest Of Comedowns 9. Confluence