La carrière de Behemoth est assez singulière : originaire de Pologne, ce groupe est parvenu, en quelques années, à se hisser au panthéon du black metal en alignant les albums de qualité, pour ensuite opérer une mutation réussie et devenir une des grandes figures du brutal death technique, dans un style comparable à Nile. Ce revirement n’a peut-être pas fait que des heureux, mais force est de constater que le résultat est plus qu’alléchant.

Demigod, le précédent album, annonçait déjà la couleur, avec des morceaux techniques et ravageurs (qui n’a jamais hurlé "Slaves shall fucking serve" ?), mais The Apostasy repousse encore les limites du groupe avec l’ajout de quelques éléments qui s’intègrent parfaitement à l’ensemble, notamment l’apparition de chœurs sur plusieurs morceaux, dont "Slaying the Prophets ov Isa", voire l’utilisation de cuivres (mais le résultat est évidemment bien loin d’un Dimmu Borgir). De plus, Behemoth parvient également à nous prendre à contrepied, avec Inner Sanctum, morceau plus posé et alternant ses habituels growls à un chant clair officié par le chanteur de Nevermore.

Depuis quelque temps déjà, Behemoth a rangé ses oripeaux black metal, et grand bien lui en a pris, notamment à l’écoute d’un morceau tel que At the Left Hand ov God, débutant sur un fond de guitare sèche pour ensuite enchaîner sur un morceau aux riffs lourds et pesants, mais tout de même porté par une batterie surhumaine alternant passages lents aux accélérations brutal death typiques, qui évoquent immanquablement un Nile au mieux de sa forme.

De plus, à l’instar de Nile, le contenu de The Apostasy ne se limite pas à une musique brutale et finement ciselée, mais se démarque également par ses inspirations mythologiques. Par exemple, Rome 64 C.E. fait référence au grand incendie de Rome, époque durant laquelle les deux prophètes Paul et Pierre furent également exécutés, événement utilisé pour l’élaboration du morceau "Slaying the Prophets ov Isa" (Isa signifiant Jésus en arabe). Le morceau "Pazuzu", quant à lui, fait référence au démon mésopotamien éponyme, qui incarnait les vents qui apportaient à cette époque de nombreuses maladies. 

Une fois de plus, Behemoth a évolué, repoussant ses limites et nous proposant un véritable bijou de brutal death technique qui risque bien de ne trouver aucun adversaire à sa taille parmi les sorties de cette année. À moins que Nile…

Mister Patate (09/10)

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Regain Records / 2007

Tracklist (39:52) : 1. Rome 64 C.E 2. Slaying The Prophets Ov Isa 3. Prometherion 4. At The Left Hand Ov God 5. Kriegsphilosophie 6. Be Without Fear 7. Arcane Hereticae 8. Inner Sanctum 9. Libertheme 10. Pazuzu 11. Christgrinding Avenue

Artisian est un jeune groupe anglais formé en 2004, et qui après une démo au doux nom de "Demo" (facile à retenir me direz vous…) nous sort avec "Lament for the eternal frost" son premier album, fruit du travail de deux inconnus au bataillon; Jain Miro et Steve banks. On notera au passage que l'objet arbore la mention "this album is dedicated to true black metal and its cold harsh minimalism". Hmm. Intéressant.
Je ne m'attarderais pas sur la pochette, clichesque à souhait, j'éspères juste (doux rêveur que je suis) que le ramage ne se rapportera pas au plumage…mais comme on a parfois de bonnes surprises, je me lance pour une série d'écoutes attentives, curieux de savoir ce que la rondelle propose.

Après une intro totalement dispensable on entre dans la vif du sujet avec le premier titre "The religion that breeds hate", qui bien que n'étant pas foncièrement une bouse n'est pas transcendant. Malgré une production moyenne on éspère que les titres suivants vont relever le niveau et se révéler plus intéressants. Et puis les morceaux s'enchainent: "Orgy of the souls of darkness", "Eyes to the hill", "Pagan sorrow"etc. Et là, c'est le drame! Force est de constater que les minutes passant, on se rend vite compte que les morceaux manquent cruellement de relief, et que les riffs manquent d'originalité au point de tous se ressembler. Je ne sais pas quel modèle de guitare est utilisé mais apparemment elle ne doit avoir que deux cordes et cinq frettes…. Bref, on a l'impréssion d'entendre le même morceau se répéter encore et encore. Et ce n'est pas la batterie ressassant sans vergogne les mêmes rythmiques qui viendra mettre un peu de piquant là dedans (on frôle l'auto-plagiat sur la majorité des morceaux, c'est dire…). Le manque d'inventivité est flagrant, le rendu est linéaire, monotone et manque d'impact. Le taux d'intéret avoisine le zéro – dommage qu'Artisian ne fasse pas dans le prêt banquaire au moins là ça aurait pu être intéréssant…-.
Sans vouloir remettre en doute la bonne volonté des musiciens, cet album n'apporte rien au style, mais il aura au moins le mérite de mettre en valeur le fait qu'à trop vouloir être "true" on en perd toute crédibilité. A vrai dire, le seul point positif de la galette réside dans sa courte durée: les vingt cinq petites minutes que dure l'album éviteront peut être à l'auditeur de tomber dans une profonde léthargie avant la fin -j'ai bien dit peut être-.

Enfin, et pour finir sur une touche pleine d'espoir, on peut se dire qu'Artisian ne peut que progresser, et c'est tout le mal qu'on lui souhaite. En attendant "Lament for the eternal frost" ira prendre la poussière dans un coin obscur de ma discothèque en compagnie de quelques autres groupes dont j'ai oublié le nom.

Sheol (03/10)

Copro Records/Season of Mist / 2006

Tracklist (25min) : 1. Prelude 2. The religion that breeds hate 3. Orgy of the souls of darkness 4. Eyes to the hills 5. Exhaltation of your greatness 6. The heretic 7. Sodomy of deity 8. Pagan's sorrow 9. Satan's pope 10. Chronicles of Antonius Block 11. Lament for the eternal frost.

C’est déjà avec un second album que Crionics vont tenter d’imposer leur musique extrême aux teintes particulières. Une musique partagée entre la violence du death metal moderne, une mélodie suédoise (mais aussi inspirée par les grands groupes de black metal), et un côté indus échafaudé à coup de nombreux effets qui viennent rythmer les compositions.
Autant le dire tout de suite, ce n’est pas cet album qui fera date dans votre discographie cette année, car malgré de nombreuses qualités, l’ensemble reste trop fade et répétitif pour vraiment marquer les esprits. On pourrait d’ailleurs adresser la même critique aux parties de batterie, qui tout en faisant preuve d’une certaine qualité technique, manquent clairement de bonnes petites idées, se montrant rapidement répétitives.
Du côté du chant, on retrouve une inspiration provenant clairement des groupes de death metal comme Hypocrisy (un peu) et Kataklysm (beaucoup). Un chant qui se révèle assez moyen puisque les bonnes idées qu’on peut retrouver sur des titres comme Hell Earth ou When The Sun Goes Out sont trop rares pour compenser les défaillances techniques flagrantes sur des titres tels que Humanmeat Cargo.
Pendant ce temps, les guitares fournissent des mélodies en quantité industrielle, avec un soutien bienvenu de la part des partie de claviers qui aident clairement à mettre en place la structure des morceaux avec des effets parfois très intéressants comme sur Hell Earth ou encore Outer Empire.
Voilà un bilan qui se termine finalement en demi-teinte pour un groupe qui possède tout de même pas mal de bonnes idées en stock. Un peu plus de travail sur le côté technique des compositions, ainsi que quelques surprises supplémentaires (laissez parler votre côté aventureux !) n’auraient pu qu’ajouter de l’intérêt à ce disque. Il ne vous reste plus qu’à attendre le prochain essai de Crionics, à moins que vous soyez fan du death mélodique qui flirte avec l’indus, en quel cas vous ne perdrez pas votre temps en jetant une oreille sur Neuthrone.

Necrogunslinger (06.5/10)

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Candlelight Records – Innovative Promotion / 2007

Tracklist (43:35) : 01.Introduction 02.New Pantheon 03.Arrival 2033 04.NeuThronAeon 05.Superiors 06.Hell Earth 07.Humanmeat Cargo 08.Outer Empire 09.Frozen Hope 10.When The Sun Goes Out… 11.Black Warriors