Archive for mai, 2008

Asia – Phoenix

Les méandres et les tournants de la carrière d'Asia donnerait le tournis à un pilote de F1… Après des années de séparations, de reformations, de désaccords, de line up frag-mentés et plus ou moins bancals, Asia se présente aujourd'hui comme à l'aurore, lors de la sortie de son mythique premier disque. Voici donc le Asia formé de Wetton, Downes, Howe et Palmer que l'on n'avait pas vu ensemble depuis plus de vingt cinq ans. Cependant, l'on savait que l'association entre Wetton et Downes fonctionnait de nouveau puisque les deux leaders du groupe s'étaient associés pour produire, sous le nom d'Icon, des disques de bonne facture, inspirés de la musique d'Asia sans pour autant proposer le même style musical. Il semble que Downes ait franchi le pas d'une reformation au point d'abandonner son vieux collaborateur, John Payne, à sa carrière solo et au projet GPS.

Sur son site internet, Asia, ne présente aucun des albums de l'époque John Payne, laissant sous-entendre que rien n'a eu lieu entre 1990 et 2007 ; soit : il n'y a pas lieu de chercher ici le moindre lieu de parenté avec Silent Nation  et tout le reste de l'ère Payne. Et à l'écoute du single « Never Again », on sent bien que le groupe a recherché la même recette que « Heat Of The Moment » ou « Don't Cry » : même riff accrocheur, même mélodie instantanée. Il est trop tôt pour dire si ce titre aura le succès de ses illustres prédécesseurs mais l'inspiration est bien là. À côté d'autres titres très AOR voir pop (« Nothing's Forever », le tout joli « Alibi »), le groupe a cherché cependant à introduire des éléments plus riches et progressifs.

Jadis cela passait par une orchestration virtuose, mais de nos jours Asia est bien plus apaisé. Pas de « Time Again » à l'horizon mais plutôt de longues plages atmosphériques souvent constituées d'un emboîtement de parties à tiroir (la suite « Parallel World… » qui permet à Steve Howe de s'exprimer à la guitare acoustique avec brio). On perçoit bien que l'expérience Icon est passée par là et cette influence s'exprime régulièrement, même sur des morceaux plus courts et évidents (« Wish I'd Know All Along » tout en finesse). De la sorte ce Phoenix devient très prenant et ce d'autant plus que la voix de John Wetton, malgré les années et les problèmes de santé du bassiste/chanteur, conserve sa magie mélancolique (la ballade « Over And Over »).

Admettons-le : il ne s'agit pas de rechercher l'unicité du premier Asia et le quatuor nous propose quelque chose qui se ressent évidemment du temps écoulé. Mais cette proposition se révèle assez envoûtante pour ne rien dépareiller dans la discographie du groupe.

 
Baptiste [7,5/10]
 
 
Frontiers / 2008
 
Tracklist : 1. Never Again  2. Nothing's Forever 3. Heroine 4. Sleeping Giants / No Way Back / Reprise 5. Alibis 6. I Will Remember You 7. Shadow Of A Doubt 8. Parallel Worlds / Vortex / Deya 9. Wish I'd Know All Along 10. Orchard Of Mines 11. Over And Over 12. An Extraordinary Life

 

Def Leppard n'avait pas jeté l'éponge quand le sort s'était par deux fois abattu sur le groupe il y a vingt ans de cela. Ce n'était donc pas le passage à vide commercial de l'époque Slang et Euphoria qui allait décourager Joe Ellliot et ses comparses. Le détour par un album de reprises plutôt bien senties intitulé Yeah ! allait permettre au groupe d'afficher un certain retour en forme et de placer un single dans les charts US. Mais plus que cela, Yeah ! a permis de dégager les contours de l'orientation musicale actuelle du léopard sourd. Car Songs From The Spark Lounge est pétri des influences glam et seventies qu'avait mises à l'honneur son prédécesseur.

D'où une approche beaucoup plus hard que sur le torpide X ; les ballades se limitent au très beau « Love », dont la richesse musicale et le jeu subtil des harmonies vocales nous éloignent des lieux communs du genre. L'écrasante majorité des titres est donc rythmée et péchue ; elle nous renvoie parfois à l'époque de High n' Dry, le savoir-faire et la maîtrise en plus. Les premières notes de « Go » sont incisives et le premier single « Nine Lives » (sur lequel le countryman Tim McGraw fait une apparition anecdotique) est explosif. Quant aux morceaux ultérieurs, ils proposent une habile combinaison de T. Rex, de Gary Glitter mais aussi des réalisations antérieures du combo : les fans ne seront ainsi pas dépaysés tant le mélange se révèle fin et capiteux. Le groupe a assurément pris du plaisir à produire un tel disque et sans doute particulièrement les deux guitaristes, Collen et Cambell, qui ont ici la part belle (écouter Collen notamment sur « Hallucinate »). On imagine en outre que tout ceci passera excellemement le cap de la scène.

Toutefois… Malgré l'habiliteté du cocktail musical proposé et la fraîcheur de l'ensemble, il n'y a pas lieu de trouver ici les équivalents des « Pour Some Sugar On Me » et « Photograph » de jadis. L'inspiration ne touche pas les sommets d'inspiration d'autrefois. Mais est-ce bien envisageable à vrai dire ?

Baptiste (8/10)
 
 
Mercury / 2008
 
Tracklist : 1. Go 2. Nine Lives 3. C'mon C'mon 4. Love 5. Tomorrow 6. Cruise Control 7. Hallucinate 8. Only The Good Die Young 9. Bad Actress 10. Come Undone 11. Gotta Let It Go

 

Hail Of Bullets – … Of Frost And War

Hail-of-Bullets-frostUn champ de ruines, des cadavres, un char détruit, des couleurs noirâtres et grisâtres… L’artwork cover de ce premier opus délivré par Hail of bullets est « puant », parfaitement réussi, et annonciateur du contenu de ce …Of Frost And War.

Revisitant en 12 plages l’enfer de la seconde guerre mondiale, et plus particulièrement le front germano-soviétique ; le combo néerlandais d’Amersfoort fondé en 2006 est composé de Martin Van Drunen (chant/Asphyx, ex Pestilence, ex Bolt Thrower), Theo Van Eekelen (basse/ex Houwitser), Ed Warby (batterie/Gorefest), et des deux guitaristes de Thanatos, Paul Baayens et Stephen Gebedi. Le quintet, après une signature chez Metal Blade, assène donc sa première offrande conceptuelle, dévastatrice et ravageuse. Cet album suinte la destruction, les faces malsaines et dégénératives qu’engendrent les guerres, et pour imager ce malaise, on pourrait comparer les titres le composant à certaines scènes cinématographiques de « Croix de guerre » avec James Coburn : une chape de plomb explosant férocement sous l’impact de la haine, la souffrance, la misère et la mort…

Réjouissant tout cela, n’est il pas ?

Musicalement, puisque cela vous intéresse aussi un tant soi peu, on est face à un True Death Metal saucé old school, virulent et speedant à merveille par intermittences. La batterie martèle à souhaits, la 4 cordes assène sans coup férir et assure un fond sonore énorme, et les riffs guitaristiques gras et épais sont ciselés et puissants. La perfection de la production, mixée et masterisée par le maitre Dan Swano (Katatonia, Marduk, Dissection, Dark funeral etc. excusez du peu…) rend un ensemble monolithique, surpuissant et impossible à stopper, vous donnant le sentiment qu’un char lancé à pleine vitesse vous arrive dessus.

Quelques onces d’originalité (pas assez ?) pour casser l’homogénéité de la galette et vous préparez à la mission suivante où à l’assaut obligé : Le « Before the storm-barbarossa- »initial, introduction parfaitement réussie et semblant par exemple vous faire planer au dessus du conflit dont vous vous rapprochez inexorablement jusqu’à y être largué en son beau milieu… « General winter »et ses sirènes acerbes, son tempo corrosif, saccadé et démoniaque. Des « chiens rouges de Staline » quasi thrashy, un « Ordered Eatstward »de headbangers », un « enfer dans les Carpathes » judicieusement et justement intitulé, et un grandissime « Berlin » de clôture pour les survivants…

Un War (thrash?)/Death metal ciselé de par ses tempos lents, middle ou speed, mais toujours syncopés ; ses breaks de superbes tenues ; et profitant en outre d’un « Singer » taillé pour la circonstance. Du grand art en effet que la partition du hurleur, guerrière et sur boostée, avec en plus sur certains passages une ressemblance appuyée avec le timbre de Lemmy Kilminster un lendemain de beuverie et en pleine crise de nerfs…

Conclusion, le true death metal old school n’est pas mort –n’en déplaise au ptit tank des jeunots de Warbringer… et ce « Of frost and war » en est un exemple type et marquant…

Nota : L’artwork cover est signé Evil Mickey (Gorerotted, Deathcult…)

Metalpsychokiller (08.5/10)

www.hailofbullets.com

www.facebook.com/hailofbulletsofficial

www.myspace.com/hailoffuckenbullets

Metal Blade / 2008

Tracklist (57:31) :
01. Before The Storm (Barbarossa) 02. Ordered Eastward 03. The Lake Ladoga Massacre 04. General Winter 05. Advancing Once More 06. Red Wolves Of Stalin 07. Nachthexen 08. The Crucial Offensive (19-11-1942, 7.30 AM) 09. Stalingrad 10. Insanity Commands 11. Inferno At The Carpathian Mountains 12. Berlin