Archive for juillet, 2008

Cryptopsy – The Unspoken King

cryptopsy-unspokenIl est toujours difficile de rester objectif lorsque l’on chronique un de ses groupes favoris, certainement lorsque ce groupe nous a habitué à pondre des galettes exceptionnelles, ébouriffantes et sans le moindre compromis. 
L’annonce du départ de Jon Levasseur et, surtout, de Lord Worm m’avait déjà sacrément refroidi. Certes, avec Lord Worm, le ver était dans la pomme et gâtait tout de même quelque peu le plaisir sur Once Was Not, mais le départ de ce ver marque aussi la disparition de cette saveur particulière. J’avais donc placé tous mes espoirs sur les épaules de Flo, dernier membre du line-up initial et véritable cœur battant du groupe. 
Malheureusement, le métronome semble avoir mal encaissé le choc, et la machine Cryptopsy semble bel et bien déréglée. Le morceau entendu sur leur Myspace, Worship your Demons, avait pourtant quelque peu apaisé mes craintes : court, puissant, rentre-dedans, et un groupe qui semble bien en place. Certes, on était loin de l’heure de gloire de Cryptopsy, mais je finissais par penser que les critiques lues à plusieurs endroits étaient injustifiées. Non, Cryptopsy n’était pas mort, il était convalescent mais reviendrait bel et bien secouer nos têtes et ruiner nos cervicales. Du moins, je l’espérais…
Mais les premières écoutes de l’album se conclurent invariablement par un sentiment de frustration intense, une impression d’être trompé sur la marchandise. Ça, du Cryptopsy ? Les raisons de ma déception – et de celles de nombreux fans par ailleurs – sont nombreuses.
Tout d’abord, le chant : il est vrai qu’occuper le poste de frontman n’est certainement pas chose aisée, surtout si les prédécesseurs sont de la pointure de Mike DiSalvo ou de Lord Worm, mais le choix effectué aurait difficilement être plus maladroit. Certes, le registre du petit nouveau est varié, mais incorporer du chant CLAIR dans un album de Cryptopsy, notamment sur Bemoan the Martyr ou Leach, relève du sacrilège pur et simple.
Ensuite, les compositions : bancales, peu inspirées, déséquilibrées… les adjectifs sont nombreux pour marquer ma déception. Certains passages virent même au ridicule tant l’impression de foutoir est importante. L’apport de la nouvelle venue (une claviériste, encore un non-sens à mes yeux) est quant à lui réduit à sa plus simple expression, à un tel point qu’il faudrait même se demander s’il était opportun de l’intégrer au groupe (un guest aurait été suffisant).
Enfin, et c’est peut-être le plus grave, l’impression d’avoir été mené en bateau : The Unspoken King est un album au potentiel trop peu exploité. L’impression laissée par ces 11 titres est celle d’un groupe se contentant de balancer quelques idées ici et là sans approfondir les choses. Le résultat n’aurait peut-être pas été transcendant si chaque membre s’était donné à fond, mais ce triste constat est flagrant : The Unspoken King est un gâchis.

Mister Patate (02/10)

cryptopsy.ca

 www.facebook.com/CryptopsyMetal

Century Media Records  / 2008

Tracklist: 47:07 01. Worship your Demons 02. The Headsmen 03. Silence the Tyrants 04. Bemoan the Martyr 05. Leach 06. The Plagued 07. Resurgence of an Empire 08. Anoint the Dead 09. Contemplate Regicide 10. Bound Dead 11. (Exit) the Few

 

Testament – The Formation of Damnation

Il aura donc fallu près de 10 ans à Testament pour revenir vers ses fans avec de nouveaux titres. En outre, le dernier véritable album de Testament, The Gathering, était non seulement caractérisé par des morceaux solides, mais aussi par un line-up de rêve : Chuck Billy au chant, Peterson et Murphy à la gratte, Steve DiGiorgio à la basse et Dave Lombardo derrière les fûts, soit un véritable all-star-band.
L’attente aura donc été longue, et tous espéraient un retour en force… Ils ne seront pas (trop) déçus. The Formation of Damnation marque en effet le retour du sieur Skolnick à la gratte et de Greg Christian à la basse. À très peu de choses près, nous revoici donc avec le line-up initial du groupe. Seule différence : l’absence de Louie Clemente, remplacé aux fûts par l’illustre Paul  Bostaph. 
L’artwork, tout d’abord, est superbe, très soigné : The Formation of Damnation est proposé, en version digi, sous la forme d’un livret cartonné contenant l’album et un DVD bonus. Nous sommes donc gâtés. Le CD, quant à lui, est orné d’un pentagramme formé par cinq épées (un clin d’œil à Slayer ?), mais passons au plus important : le son.
Pour un groupe qui a passé neuf ans à vivre sur ses acquis, Testament n’a pas pris une ride et est toujours aussi mordant qu’auparavant. Dès les premiers morceaux, Chuck et ses compères imposent leur talent par le biais de compos accrocheuses. Les riffs pleuvent, Chuck propose un registre varié (notamment sur le titre éponyme, une voix rageuse sur un fond de tabassage de fûts), Paul Bostaph est en forme.
Le paradis sur terre, me direz-vous ? Et bien non, pas tout à fait. Certes, Testament reste un grand du thrash, mais il faut tout de même reconnaître que son retour a été placé sous le signe d’une absence totale de prise de risques. L’album est cohérent, les morceaux sont de grande qualité (sauf peut-être « Dangers of the Faithless », coincé entre deux brûlots thrash), mais le tout semble bien convenu. En effet, Testament aurait pu se vautrer pour son retour mais, malgré la qualité de sa nouvelle offrande, je trouve que Testament n’en fait pas assez pour répondre aux attentes de ses fans qui ont attendu un digne successeur de The Gathering pendant 9 longues années.
Au final, The Formation of Damnation n’est certainement pas un mauvais album, et il permet à Testament de revenir sur l’avant de la scène thrash, à l’instar d’Exodus et de Death Angel, mais il laisse tout de même un petit arrière-goût de trop peu. Reste à voir le résultat sur scène, notamment au Hellfest et au Graspop !
 
Mister Patate (07,5/10)
 
Site officiel : www.testamentlegions.com
 
Nuclear Blast / 2008
 
Tracklist (49:36)  
01. For the Glory of…  02. More than meets the Eye 03. The Evil Has Landed 04. The Formation of Damnation 05. Dangers of the Faithless 06. The Persecuted won’t forget 07. Henchmen Ride 08. Killing Season 09. Afterlife 10. F.E.A.R. 11. Leave Me Forever

 

Blackwinds – Flesh Inferno

Blackwinds-fleshBlackwinds, c’est en quelque sorte le terrain de jeux de deux membres de Setherial désireux de laisser parler leur inspiration en dehors du carcan musical imposé par leur groupe d’origine. On retrouvera donc un line-up composé de Lord Mysteriis et de Kraath, respectivement batteur et  guitariste dans Setherial. Sauf que dans Blackwinds, Kraath devient batteur et hurleur, et Lord Mysteriis fait jouer ses talents de multi instrumentiste pour s’occuper de la gratte, de la basse, et des claviers.
Bien que Blackwinds se soit formé en 1998, Flesh Inferno est le premier véritable album du groupe (qui n’a en effet sorti qu’un EP à ce jour, en 1999, EP qui fut réédité depuis avec des titres bonus sous le nom « Origin ») signé chez Regain, qui est aussi le label de… Setherial. On reste donc en famille. Ca va vous suivez ? Ce serait bête de vous perdre en route parce que franchement, cet album vaut le coup.

Et Blackwinds n’étant pas un groupe de jeunots inexpérimentés, on est en droit de s’attendre à un album bien fait, avec des compos qui envoient. Et c’est le cas : le groupe ne nous  déçoit pas avec dix morceaux de Black à la suédoise d’une efficacité diabolique. Le travail est vraiment bien fait, les compos solides et cohérentes accrochent l’auditeur jusqu’à la dernière seconde et dégagent une atmosphère un poil malsaine. Quelques nappes de claviers discrètes donnent ce qu’il faut de profondeur à une musique brute de décoffrage, en apportant une petite touche symphonique (Cf. «  Architecture of phantasmagoria ») diablement efficace. Et quand des morceaux d’aussi bonne qualité ont l’avantage de bénéficier d’une excellente production, c’est que du bonheur.
Le son de guitare est incisif et puissant, et la batterie elle aussi puissante et carrée fait l’effort de varier un peu en ne restant pas bloqué en mode blast, ce qui est agréable pour une fois. 
Les vocaux de Kraath sont très bons, rageurs à souhaits – rappelant dans une certaine mesure ceux de Olivius de Naglfar- avec des variations sur certains passages dans lesquels on entre dans un registre plus grave, plus proche du Death. Notons avant de conclure que Blackwinds a retravaillé son logo pour l’occasion, et qu’ils ont vu juste puisque franchement il est mieux comme ça, et que c’est Erik Danielsonn de Watain qui s’est occupé de l’artwork, qui est lui aussi très réussi. 

Au final, Flesh Inferno est un très bon album qui comblera les amateurs du style. Une bonne surprise de la part de Blackwinds puisque cet album n’était pas vraiment attendu au tournant. Bref, un premier LP qui reste certes ancré dans les poncifs du genre, mais que je réécouterais avec un grand plaisir.

Sheol (07.5/10)

myspace.com/blackwindsdomain

Regain Records / 2008

Tracklist (56,13 mn) : 01. Before time 02. Enter the Pandemonium 03. Architecture of phantasmagoria 04. Flesh Inferno 05. Plague Bringer 06. Seraphim Ephemeral 07. Inquisition 08. Crimson thirst 09. Conceptualizing the devil 10. Quintessence of Hell