Si vous n’avez encore jamais entendu parler de Coldworld rassurez vous, c’est normal : fondé en 2005 ce groupe discret n’a pour l’instant sorti qu’un EP en 2006 (« The stars are dead now »), limité tout d’abord à 100 copies, puis réédité à 287 copies en mai 2008. Cela étant dit, croyez moi, le groupe ne tardera pas à sortir de l’ombre avec « Melancholie² ». Pour replacer les choses dans leur contexte, sachez que Coldworld est en fait un one-man band allemand concentré sur la personne d’un illustre inconnu nommé Georg Berner (alias G.B) et que le groupe évolue dans un registre mêlant Black mélodique et Ambient, auquel nous pouvons rajouter une touche classique. Une première écoute nous mettra tous d’accord sur un point ; le groupe porte bien son nom ! Coldworld (que je ne vous ferais pas l’insulte de traduire) démontre en effet un talent indéniable pour dégager une atmosphère pour le moins glaciale. Melancholie² est un poil mélancolique, comme son nom l’indique, mais il est surtout froid. Froid, certes, mais également d’une réelle beauté.
L’un n’empêche pas l’autre. Et pour le coup je dirais qu’on peut aisément se fier à l’artwork pour déduire le contenu, le gris étant la couleur qui colle le plus à l’ambiance de la galette. Si je peux me permettre, je vous conseil une écoute au casque ; mettez vous en condition, relax, fenêtre grande ouverte pour laisser entrer un peu de fraîcheur, et appuyez sur play. Fermez les yeux et laissez vous porter par ces compositions, et appréciez le défilé d’images mentales qui en résultera, toutes plus hivernales les unes que les autres ! Une grande force évocatrice. Musicalement, rien de révolutionnaire certes. Des vocaux lointains avec un fort accent allemand et une constante reverb, des compos mid tempo en majeure partie mais ne reculant pas devant les parties blastées en certains cas, un traitement des guitares quelque peu similaire à celui d’un Xasthur, et des passages instrumentaux dans la veine du « Filosofem » de Burzum, mais plutôt courts et vraiment très bien faits (Cf. Winterreise).
Rajoutons à cela des claviers justement dosés et la petite touche perso de Coldworld, en l’occurrence l’ajout d’éléments classiques, à base de violon notamment, ainsi que la présence récurrente de choeurs clairs, et nous tenons un groupe qui a déjà une forte personnalité et de réelles qualités. Bref, Melancholie² est un album agréables et très bien conçus, donnant d’emblée à Coldworld une position confortable dans un style ou les groupes plus expérimentés sont pourtant très nombreux. Convaincant, bluffant même, pour une galette sortie un peu de nulle part. Coldworld pouvait difficilement faire mieux pour un premier album : Melancholie² nous dévoile un compositeur talentueux et inspiré, qui semble de plus avoir les capacités requises pour aller au-delà du simple succès d’estime. Il me tarde déjà d’entendre la suite !
Sheol (08/10)
Cold Dimensions – Prophecy / 2008
Tracklist (49,45 mn) : 1.Dream of a dead sun 2.Tortured by solitude 3.Winterreise 4.Schmerzenschreie 5.Red snow 6.Stille 7.Hymn to eternal frost 8.My dead bride 9.Escape.