mourningbeloveth2008Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, je ne peux m'empêcher d'éprouver une forte déception quand à l'état d'une certaine scène Doom/Death, de plus en plus convertie aux atermoiements gothico-romantiques mollas-sones, et ayant oublié au passage que le Doom est avant tout un style ténébreux, désespéré et pachydermique, et non de la guimauve pleurnicharde. Heureusement, tout espoir n'est pas perdu. Contre toute attente, il existe encore en Irlande un groupe qui sait encore composer une musique dont leurs cousins du Yorkshire ont perdu la recette. Mourning Beloveth, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, nous revient aujourd'hui avec un nouvel album, A Disease for the Ages, faisant suite à un album controversé de leur discographie, A Murderous Circus, qui les avait vu abandonner, sous couvert de renouvellement artistique, les éléments musicaux qui faisaient justement la grande force de ce groupe.

Fort heureusement, quelques années et un changement de bassiste plus tard, les doutes se dissipent dès le morceau d'ouverture de ce nouvel opus, avec le désespéré « The Sickness », morceau qui porte particulièrement bien son nom. Le premier riff sonne comme un uppercut, la voix de Darren est toujours aussi impressionnante, et la voix lyrique de Frank vient lui répondre dès le refrain, donnant une dimension à la fois tragique et épique, celle qui faisait justement défaut à son prédécesseur. À peine le temps de reprendre son souffle, qu'un « Trace Decay », aux couleurs très doom anglais du début des années 90' déboule… et on se surprend un instant à se demander ce que donnerait le même morceau avec comme vocaliste Aaron Stainthorpe (My Dying Bride), tellement ce morceau emprunte à ce qui s'est fait de meilleur en angleterre dans ces années là… mais bien vite, la touche personnelle du groupe ressort, à savoir l'efficacité redoutable de ce dialogue entre la voix lyrique et la voix death, l'une tragique et aérienne, l'autre vous envoyant sans pitié dans les bas-fonds. Malheureusement, malgré des débuts aussi tonitruants, le milieu de l'album s' essoufle un peu, avec un troisième morceau, « Primeval Rush », qui semble presque une chute de studio de l'album précédent. Dommage, car c'est en fait le seul moment de faiblesse de l'album, les deux morceaux clôturant l'album étant eux plus inspirés.

Voici donc un album qui aurait quasiment pu être la suite logique de Dust et The Sullen Sulcus, à une exception près, l'effet de surprise peut être en moins. On est ravis en tous cas que Mourning Beloveth ait été capable de se recentrer sur son identité propre, et de nous offrir un album digne de la réputation que s'est taillée ce groupe auprès des doomeux en tout genre.

Doomfred (07/10)

 

mourningbeloveth.com

Grau Records / 2008

Tracklist (55:56) : 01. The Sickness 02. Trace Decay 03. Primeval Rush 04. The Burning Man 05. Poison Beyond All