Archive for mars, 2009

Arthemesia – A.Ω.A

Arthemesia-2009Arthemesia n’est pas le genre de groupe à sortir des albums à la chaine, et on ne lui en tiendra pas rigueur, car à l’écoute de cet album, on ne pourra qu’apprécier qu’ils aient mis autant de temps à le peaufiner. Formés en 1994, « A.Ω.A » n’est en effet que leur second full length, huit ans après leur premier « Drevs-Iratvs ». Huit ans c’est long, mais quand le résultat est aussi appréciable, on oublie vite l’attente qu’une telle galette aura pu susciter.
Il faudra bien plus d’une écoute avant de pouvoir affirmer avoir cerné toutes les subtilités mises en place sur cet album. Subtilités amenées en majeure partie par un clavier qui donne de la profondeur aux compositions, à la façon d’un effet de perspective sur un tableau, mais qui ne se limite pas à ça et qui joue aussi le rôle du cadre doré et finement sculpté qui entoure le tout et l’embelli. Enlevez le clavier, l’album perdra une grande partie de son intérêt et de son originalité. Cela dit, le clavier peut certes être loué pour sa qualité et son inventivité, mais il se place en mesure des autres instruments dont les parties sont tout aussi bien exécutées.

Arthemesia fait du Black certes, mais du Black nuancé, qui ne peut être identifié qu’approximativement : parlons de Dark/ Black mélodique progressif ou d’autre chose, peu importe l’étiquette finalement, Arthemesia fait du Black dans un sens large, ratisse le style sans se limiter, et le fait bien, puisant ici et là les éléments qui pourront servir son style, sa vision propre d’un Black ouvert et versatile. Passant d’un Black rageur et un peu fou dans les vocaux, à des passages d’accalmie frôlant l’ambiant, avec des chœurs lointains et quelques passages en chant clair (Cf. le morceau éponyme), cet album tient la route et illumine l’écoute par son atmosphère qui touche l’onirisme grâce à ces claviers venus d’ailleurs. Du Black « reposant », paradoxale vous en conviendrez, et pourtant comment qualifier autrement ces passages qui tissent des atmosphères colorées et douces, juste avant que ne vienne la tempête et qu’explose cette identité foncièrement Black dans le fond ?? Prenons par exemple le morceau « Patheme » avec ses 13minutes, qui dans un autre contexte aurait pu paraître long et ennuyeux, voire soporifique, mais qui, pris dans l’ensemble de l’album  devient tout simplement envoutant et délicieux.  Le gros morceau de l’album ce « Patheme », qui contient en lui seul tous les atouts d’un tel album : cette propension à doser avec une grande justesse la recherche de la mélodie et des ambiances, avec des arrangements très travaillés et une pléthore de détails inattendus (bruits naturels, chants d’oiseaux etc.) qui ressortent aisément grâce à une production en tout point excellente, un son clair et chaud. Ajoutons à cela des soli de guitare progressif  simple et efficaces, ainsi que d’excellentes lignes de batterie, variées et foutrement bien senties. Une écoute au casque est vivement conseillée pour pouvoir apprécier la richesse d’« A.Ω.A » sans en louper une miette.

L’album en son entier forme un tout homogène et cohérent, qui surprendra jusqu’à la dernière seconde, avec par exemple ce dernier titre, « Liber Omega », qui débute sur un arpège doux avant d’enchainer sur un riff saccadé à la Enslaved, qui se développe, se nuance durant de longues minutes, progressivement et enchaine tout naturellement sur un solo de saxo à la Pink Floyd, puis sur un solo de guitare…avant finir sur des samples  guerriers brutaux digne d’un « Panzer Division Marduk ». Une fois de plus cette douceur vicieuse qui peut se muer en l’espace de quelques instants seulement en une bouffée de rage et de folie, le tout s’enchainant avec un naturel déconcertant.
Du tout bon ce groupe finlandais, a mille lieu de se limiter, très loin d’être sclérosé, proposant au contraire une approche originale, ouverte, et fraiche de la chose. Je le dis et le répète, à ceux qui doutent et critiquent, que le Black est une matière malléable et fertile quand il tombe en des mains intelligentes, il est un style ouvert qui peut prendre des visages bien lumineux. (Nachtmystium ne me contredira pas !). 

Soyons honnête, qui aurais misé sur Arthemesia ? Pas moi en tout cas. Et pourtant, quelle bonne surprise. Après tout, c’est encore meilleur quand on ne s’y attend pas.

Sheol (09/10)

myspace.com/patheme

Spikefarm Records / 2009

Tracklist (51:44 mn) : 1.Of the owls, of the wolves and of the nature; revisiting the microcosm part.I 2. Valkoinen Susi 3. Patheme 4. A. Ω .A 5. The noble elements 6. Liber omega (and the macrocosm manifest III)

 

Lamb Of God – Wrath

Une intro acoustique qui ne tarde pas à laisser la place aux guitares saturées, fait un poil inhabituel de la part des ricains. On commence en douceur pour balancer un uppercut en pleine poire avec « In Your Words ». De ce côté la c'est sans surprise, Lamb Of God n'a rien perdu de son agressivité, d'ailleurs l'accent est clairement mis sur cet aspect dans l'album (« Set To Fail » est particulièrement efficace). Parfois le groupe cède à la facilité et livre des titres qui n'apportent pas grand chose au delà d'une aggressivité débridée (« Contractor », « Fake Messiah »). Un petit moment de grace ou le groupe remet une intro acoustique, mais cela ne dure guère, tant la volonté de brutaliser et d'accélérer le tempo est manifeste. Pour autant, « Shoulder Of Your God », au rythme moins relevé, est une conclusion percutante (moins brouillonne que Reclamation), c'est satisfaisant pour celui ou celle qui possède l'édition limitée.

La production est plus rugueuse, à côté de Sacrament on a parfois l'impression que l'album n'a pas été autant travaillé, que la finesse est passée à la trappe. Il y avait un petit côté implacable qu'on ne retrouve pas cette fois à l'écoute. Par ailleurs, l'écart se creuse entre Randy Blythe et c'est comparses et c'est un peu gênant, tant le niveau des musiciens demeure élevé tandis que leur vocaliste ne fait pas le moindre effort au delà de malmener ses tripes et cordes vocales (on ne lui demande pas non plus de nous la jouer chanteur d'opéra mais son registre est bien faible). Comme à son habitude, le groupe n'échappe pas à certaines influences de la bay area (Metallica à l'ancienne, Megadeth…) ou à Pantera (« Dead Seeds »).

On peut comprendre que Lamb Of God donne des gages de brutalité, histoire d'affirmer (comme Pantera par le passé) qu'il ne se ramollit pas au fil des Grammy Awards, ventes de disques par palettes, disques d'or et tournées triomphales, mais fallait il vraiment revenir avec une production aussi écorchée ? Sacrament n'avait rien d'un album trop lisse sur ce point, il équilibrait l'agressivité avec un son au poil, c'est une différence pas négligeable l'air de rien… A défaut d'avoir un nouvel album incontournable, Lamb Of God nous offre un bon défouloir.

Hamster (07/10)

www.lamb-of-god.com/

Roadrunner – 2009

Tracklist (55:24)

01. The Passing 02. In Your Words 03. Set To Fail 04. Contractor 05. Fake Messiah 06. Grace 07. Broken Hands 08. Dead Seeds 09. Everything To Nothing 10. Choke Sermon 11. Reclamation 12. We Die Alone* 13. Shoulder Of Your God* * ed. limitée

Cantata_Sangui_-_On_rituals_coverGothique/Doom metal d’avant garde, cela partait plutôt bien. Cantata Sangui, groupe finlandais signé chez Season Of Mist. Sextet ayant comme particularité d’utiliser deux basses et n’accueillant pas de guitariste. Plutôt intéressant.
A l’origine composé de trois membres d’Enochian Crescent (il n’en reste plus que deux, le fondateur, Mika A.A. Hyytinen a dû quitter le groupe en 2008). Intriguant.
Chant partagé entre Kari Husa (le mâle) et Anna Pienimäki (la donzelle). Ouais bon classique. Mine de rien le groupe est déjà sur pied depuis dix ans. Cela permet d’envisager un travail accompli.

Je ne vous le cacherais pas plus longtemps, avec toutes ces caractéristiques je m’attendais à un petit frère de Diablo Swing Orchestra (seuls quelques éléments orchestraux peuvent permettre un léger rapprochement). La déception fût à la hauteur de mon espérance. Avec ces mêmes caractéristiques, je me plaisais à envisager par ailleurs une musique d’avant-garde à la sauce Atrox des premiers temps ou même un Cirrha Niva en moins théâtrale tout de même. Certes Cantata Sangui ne fait pas les choses comme tout le monde dans son approche musicale. Ce n’est pas un groupe conventionnel.

Ce premier album s’aventure dans différents styles pour faire de On rituals…un melting pot de metal touchant tour à tour au gothique, au black, au death, au doom…Certaines influences folk ou orchestrales sont également apparentes. We’ll Have It On Us, après l’intro, est assez trompeur car il augure d’un groupe de black sympho ce qui est rapidement contredit par la suite.

Le chant d’Anna est plutôt focalisé sur un registre pop/rock talentueux contrebalancé par son pendant extrême masculin. On varie ici entre des morceaux faciles d’accès et des exercices plus denses et moins facile à aborder (For The Forgotten One). Dans l’ensemble pourtant une certaine accessibilité a été conservée et dans la diversité cette caractéristique est bienvenue. Ne cherchez par contre aucun fil conducteur.
Le fait de posséder deux basses ne choquera pas les puristes de la gratte, il faut vraiment être très fin de l’esgourde pour s’en apercevoir. Le son est par contre bien évidemment lourd et pesant. Les solos de l’instrument sont sympathiques et suffisamment rares sur la scène pour être appréciés. Dans son ensemble, On Rituals…se veut très aérien soutenu en cela par le clavier très présent.
La maîtrise du côté aventureux n’échappe pas au groupe ce qui laisse bon espoir de voir Cantata Sangui allait plus loin dans son travail tout en restant plaisant à découvrir. A l’heure où la majorité semble emprunte de "je te copie/tu me copies", Cantata Sangui offre une toute autre perspective et une alternative bienvenue même s’il semble qu’ils soient les dépositaires d’un travail encore plus accompli dans leur avenir. Un exercice de style fort appréciable que l’on pourrait situer entre Siebenburgen et Notre Dame.

Clayman (07.5/10)

www.facebook.com/cantatasangui

myspace.com/cantatasangui

Season Of Mist / 2009

Tracklist (46:02) 1. In Half-Light 2. We'll Have It On Us' 3. Exaltata 4. Broken Stars 5. For The Forgotten One 6. Fruitarians 7. The Seven Liers-In-Wait 8. Reality 9. No Longer In The Eyes Of Aletheia 10. Sidecast 11. Lazarus 12. De Profundis