Mastodon_CrackCertains albums sont touchants de simplicité. En effet, une écoute suffit pour les cerner et pour en profiter à 100 %. Souvent, le propos est brutal, les morceaux rentre-dedans et dénués de fioritures, et c’est justement ce qui fait, en partie, leur charme : un produit consommable immédiatement mais qui, trop souvent, finit rapidement dans les oubliettes après quelques écoutes…

D’autres, par contre, ne se révèlent qu’à contrecœur et multiplient les détails. Ces albums, véritables mille-feuilles, en rebutent plus d’un, et il faut multiplier les écoutes pour, petit à petit, parvenir à percer ses secrets.

Crack the Skye fait sans aucun doute partie de cette seconde catégorie. Depuis sa sortie, il squatte outrageusement mes enceintes, à raison de plusieurs écoutes par jour, car il m’intrigue au plus haut point. Les écoutes se succèdent, la progression est difficile et, plus d’une fois, j’ai été à deux doigts de baisser les bras et de laisser le soin à un de mes confrères de rédiger cette chronique…

Avant même la première écoute, un coup d’œil à l’artwork s’impose. Une nouvelle fois, Mastodon interpelle. Hideux pour les uns, inspiré pour les autres, il ne laissera personne indifférent. Mais cette pochette n’est pas le seul élément qui ne laissera personne de marbre, loin de là…

En effet, au niveau musical, Mastodon est un voyage, un périple parsemé d’embûches, de passages enchanteurs invitant l’auditeur à la rêverie et de quelques montées en puissance salvatrices. Sur cet album, un nouvel élément de taille fait son apparition : le chant, autrefois plus rugueux, se fait ici plus mélodieux, plus clair, ce qui, lors des premières écoutes désarçonne quelque peu (le seul morceau proposant un registre plus hargneux étant le morceau éponyme, avec un guest de Scott Kelly). Au niveau musical, par contre, Mastodon reste toujours aussi fouillé, à tel point qu’il est parfois difficile de voir où veut en venir le groupe.

D’un point de vue purement objectif, il faut bien reconnaître la maîtrise et l’originalité du groupe, qui n’hésite pas à sortir des sentiers battus pour nous proposer un album vraiment inédit et déroutant. The Czar et The Last Baron, par exemple, ne laissent à aucun moment la place à l’ennui, malgré leur durée supérieure à dix minutes…

Cependant, d’un point de vue purement personnel, chaque écoute de cet album n’éveille en moi qu’une curiosité agacée, une impression d’avoir été mené par le bout du nez, aveuglé par tant de facettes, pour finalement, lorsque les dernières notes se sont tues, revenir au point de départ avec les mêmes questions, les mêmes interrogations… Crack the Skye est pour moi une demi-déception, et peut-être pourrais-je mieux l’apprécier si je me laissais aller à l’écoute sans rechercher un sens à tout cela.

Mister Patate (06/10)

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Reprise Records / 2009

Tracklist (50:03) 1. Oblivion 2. Divinations 3. Quintessence 4. The Czar 5. Ghost of Karelia 6. Crack the Skye 7. The Last Baron