Archive for avril, 2010

Edguy – Entretien avec Tobias

Confortablement installé dans le salon d'un hotel parisien, le très sympathique et détendu Tobias Sammett nous a livré ses dernières blagues et surtout ses impressions sur le nouvel album d'Edguy…

Alors présente nous ce nouvel album… à quoi doivent s'attendre les fans ?
Tobias : oh hé bien tu sais, c'est juste un nouvel album d'Edguy, en fait c'est encore un extraordinaire classique de heavy metal. Et que puis je dire achetez l'album et vous ne serez vraiment pas déçus ! C'est un album différent du précédent parce que nous ne sommes pas capables de faire toujours le même disque, c'était la première fois que nous faisions appel à un producteur et Sasha s'est intégré comme un élément à part entière du groupe dans le processus. Nous avons eu différentes approches et pourtant nous avons réussi à nous mettre d'accord et à en sortir avec un son qui a plus de fraicheur qu'auparavant, cela dit nous ne voulions pas pousser trop loin l'expérience en nous éloignant d'éléments clés qui sont la signature du groupe. En revanche nous avons accepté d'expérimenter un peu, histoire d'éviter de tourner en rond et de refaire une pale copie de l'album précédent. Tu vois la formule, du power metal, encore du power metal, des donjons et des guerriers, et sans oublier les épées et les dragons, c'est important les dragons !

On a le sentiment qu'Edguy franchissait un nouveau palier à chaque album, tu peux nous décrire plus précisément ce qui différencie chacun de ces disques.
T : la différence porte sur le processus de composition, nous avons écrit les chansons comme toujours, au feeling mais le changement c'est avant tout liés aux arrangements et à la production que nous avons travaillés avec Sasha qui donnait des conseils, des idées. Autre différence nous avons enregistré en live, tous les instruments ensemble dans le studio, nous avions le temps et cela nous a permis de nous concentrer beaucoup plus sur le jeu. Et en plus je trouve que cette façon d'enregistrer à donné du punch à nos chansons, ça sonne plus naturel. Et puis d'habitude nous faisions le mixage après avoir enregistré une seule chanson, là avec Sasha nous nous en occupions après trois ou quatre chansons. Et en fait nous avons pu utiliser tout un tas d'amplis, de microphones et de hauts parleurs avant de nous décider sur ce qui sonnait le mieux, du coup nous avons passé plus de temps à mixer l'album, mais il faut dire que cette fois nous en avions les moyens financiers. Nous avions le budget, le temps et aucune pression. Et puis sur la production nous étions plus relax, nous n'étions pas les seuls responsables. C'était vraiment une façon relaxante de travailler. ">

L'album se distingue vraiment d'Hellfire club, Sacrifice sonne comme Edguy…
Tobias : c'est marrant les avis sont partagés sur cette chanson, il y en a qui trouvent cette chansons inhabituelle de notre part, et d'autres qui trouvent Rocket Ride plus typique, le début de cette chanson l'est mais par la suite elle est différente, et d'autres qui trouvent Return To The Tribe dans la veine de ce que nous avons toujours fait… Il faudrait discuter de ce qui est typique, de ce qui représente la signature d'Edguy, si tu prends Vain Glory Opera on considère que la chanson titre est typique d'Edguy aujourd'hui alors qu'elle ne l'était pas à l'époque…

Savage Poetry possédait des riffs qui ont fait la signature d'Edguy par exemple…
T : Pour moi, à la réflexion, c'est difficile de dire ce qui est typique d'Edguy ou pas en fait…

Les blagues ?
T : oui évidemment (rires). Ce qui m'intéresse c'est de savoir si nous avons fait des chansons solides qui vont passer l'épreuve de la scène et qui ne seront pas oubliées quelques années après. Cela me rappelle sur le site internet du groupe, Rocket Ride était qualifiée comme une des chansons le chorus le plus faiblard que le groupe ait jamais composé (rires) ! Le problème c'est qu'il y a des fans qui ne vont pas se retrouver dans le nouvel album, parce qu'il ne va pas correspondre à ce qu'ils attendent de nous. [remerciant l’attachée de presse qui lui apporte du vin : pas de panique je ne vais pas trop boire, il y a des journalistes qui enregistrent tout ici !]. Après chaque album c'est la même histoire, il y en a toujours qui viennent nous voir en nous disant c'est pas ce que je voulais, je préfère l'album précédent… Vain Glory Opera sonne comme de la merde et il y en a qui l'adorent parce qu'il n'est pas "commercial" ! C'est ridicule…

Des fans aussi fanatiques que dans le black metal… qui pensent qu'une bonne production c'est pour les "vendus"
T : Oui il y a de ça, nous sommes des vendus, nous voulons être un groupe vendeur, et dieu merci nous le sommes !!! Nous voulons faire du pognon !!! Je suis certain que Rocket Ride est l'un de nos meilleurs albums blablabla… Comme le disent trop souvent de nombreux musiciens a propos de leur nouvel album, je pourrais aussi tenir ce genre de discours (rires). Je pense simplement que c'est un album fort, et je pense que je ne suis pas le seul à le penser, enfin j'espère ! (rires).

Et puis quand vous composez un nouvel album comme celui là, c'est un processus naturel vous ne calculez pas à quel point il doit être différent ou typique…
T : bien sûr, nous voulons explorer de nouveaux territoires, pour vendre notre album !!! (rires) Vous pouvez imaginer une seconde combien ça me coute mon hélicoptère ? Les lecteurs doivent le savoir, écris le c'est vraiment dur d'être une rock star aujourd'hui !!! Musicalement, et plus sérieusement, l'idée d'aller dans de nouvelles directions c'est ce qui est excitant avec Edguy aujourd'hui. J'aime bien le heavy metal, mais il faut que cela reste excitant et que nous ayons de nouveaux horizons à découvrir, et avec Sasha Paeth je pense que nous avons atteint notre but. Et puis nous n'avons rien à prouver aujourd'hui, nous n'avons pas de problèmes particuliers, même à l'égard de nous mêmes, nous sommes assez confiants dans ce que nous faisons. Je ne suis pas là non plus pour mendier et récolter de l'argent pour acheter une nouvelle voiture, même si j'en ai acheté une nouvelle hier d'ailleurs, enfin bref hum… Je n'ai rien à prouver, cela signifierait que nous n'avons pas confiance dans notre musique. Je suis en paix avec moi même, peut être que nombre de gens à travers le monde ne sont pas en paix avec moi (rires).

Qu'est ce que vous avez en tête, pour la tournée ?
T : ce sera plus gros que la précédente en termes de matériel, de décors, nous avons deux concerts seulement en France, c'est triste mais nous avons dû les caler en fonction de nos dates en Espagne, alors que nous aimons beaucoup jouer chez vous. Nous concentrons nos shows aussi en raison du matériel imposant que nous emmenons avec nos camions, c'était un problème financier aussi. Nous ne voulons pas ajouter des dates avec des salles ou nous ne pourrions pas tout mettre en place. Il n'y a que l'exception du Portugal où tout le matériel ne pourra pas être emmener. Je sais que des fans français devrons parcourir des centaines de kilomètres pour nous voir, mais en revanche ils ne vont pas payer leurs billets pour rien, mais je suis prêt à parier qu'ils en auront pour leur argent.

C'est une décision difficile mais je préfère moins de shows et être sûrs de contenter le public avec ce que nous avons en tête pour la scène. Evidemment quand le public va se détourner de nous, je vous raconterais que en fait les concerts dans les petits clubs sont vraiment mieux, parce qu'on ressent l'atmosphère et le public (rires). Et puis nous allons splitter après la tournée qui vient, dans quatre nous ferons un Edguy Reunion Tour, et nous parlerons du bon vieux temps comme Kiss quand nous remplissions Bercy et que nous étions tête d'affiche de festivals devant 25.000 personnes. Marrant c'est le grand truc les reunions tour aux Etats Unis, et d'ailleurs Kiss n'a jamais eu autant de succès là bas, alors que dans les années 70 ils avaient parfois du mal à remplir les salles, et ne parlons pas de l'Europe… Je suis fan de Kiss alors j'éviterais de parler de leur merchandising…

Au début de votre carrière Edguy était considéré comme le futur grand groupe de heavy metal…
T : Ce que nous ne sommes pas devenus aujourd'hui, et tu vas me demander ce que je ressens aujourd'hui c'est ça ?! (rires)

Non ! Après on vous a considérés comme un groupe à venir… Il semble qu'on vous prenne vraiment au sérieux depuis Hellfire Club, on ne parle plus de jeunes musiciens…
T : Honnêtement, j'apprécie la carrière du groupe telle qu'elle se passe aujourd'hui, que ce soit les albums ou les tournées, je sais que beaucoup de groupes n'ont pas eu notre chance. Nous sommes tels que nous sommes, nous n'avons jamais réfléchi en terme d'image, nous avons souvent déconné mais la musique a toujours été prise au sérieux de notre part. Je pense que des gens qui ne s'intéressent pas vraiment à la musique doivent nous prendre pour une blague… La meilleure façon d'être soi même c'est de le rester et de ne surtout pas céder à ce qu'on peut attendre de nous. Depuis Kingdom Of Madness, dont la production craint je tiens à le dire, nous avons eu une existence tout à fait enviable. Et je me rappelle encore de cet article de Classic Rock magazine qui nous a découverts il y a peu, et qui s'est avant tout concentré sur notre musique. Les gens savent quand ils s'y intéressent à l'essentiel, à la musique. Ma responsabilité c'est de m'adresser à eux, pas aux fans qui se plaignent en permanence sur notre dos, avec eux c'est une perte de temps, je ne vais pas me maquiller en noir et blanc et porter des spikes pour prouver que je suis un vrai artiste metal sans compromis ! Et les spikes c'est pas confortable pour mon jeu de scène !

Beissert – The Pusher

Oshy_-_17042010_-_BeiDéjà entendu parler de Beissert ? Non ? Pas grave, moi non plus, jusqu'à présent, Beissert faisait partie de cette cohorte de groupes inconnus qui, faute d'exposition médiatique, ne parvenaient pas à attirer mon attention. C'est donc avec un peu de chance que The Pusher est tombé dans ma boîte aux lettres. Quelques recherches sur le net plus tard et après avoir lu l'avis d'un certain Bard Faust (ex-Emperor) décrivant ce groupe comme un mix de Hatebreed, Clutch, Danzig, Sepultura, Neurosis et Tool, ma curiosité était piquée au vif.

Premier constat : pour un groupe relativement peu connu, Beissert bénéficie tout de même d'une prod' massive, qui donne envie de pousser le son jusqu'à s'en faire sauter les tympans à coups de décibels. Les riffs sont puissants et groovy, le batteur fait un sacré travail derrière ses fûts et le chanteur officie dans un registre extrêmement varié : chant bien burné, chant clair à la Nevermore (ce qui est particulièrement sur le titre éponyme qui vient ouvrir les hostilités), voire chant fluet et petits « wouhou » sur « Durch die Haare in das Kind ». Aux influences citées par Bard Faust, on pourrait certainement ajouter une grosse dose de Groove Metal, un peu de Sludge et surtout Nevermore (je me répète certainement, mais ce premier morceau est, pour moi, du Nevermore, mais du Nevermore qui se serait mis à la langue de Goethe et aurait bouffé du lion).

Certes, tout n'est pas parfait. Ainsi, "Durch die Haare in das Kind" tombe un peu comme un cheveu dans la soupe, avec son ambiance presque pop et ses « wouhou », et certains morceaux auraient peut-être gagné en efficacité s'ils avaient été un peu plus courts. Toutefois, nous sommes ici en présence d'un groupe plus que prometteur. Je ne peux qu'espérer qu'ils poursuivent sur cette voie !

Mister Patate (07.5/10)

myspace.com/beissert

Agonia Records / 2010

Tracklist (50:34 mn) 1. The Pusher 2. Die Dunkelheit uns mit sich nimmt 3. Die fabelhafte Welt der Agonie 4. SaxonBloodRock 5. Uphillfight against the Sun 6. Unaussprechlichen Kvlten 7. Durch die Haare in das Kind 8. Eerie Discipline 9. Aal ins Gekroese 10. Yggdrasil 11. Bloodsown 12. Gedanke und Erinnerung

 

Un nouvel album de RHAPSODY (of FIRE) où le retour du fils prodigue. Après une longue interruption, les fondateurs du «Hollywood Métal» proposent enfin un nouvel album avec ce The Frozen Tears of Angels. Rappelons, pour nos lecteurs les plus distraits, les péripéties de ces dernières années: en 2004, les italiens quittent Limb Music pour SPV et éditent rapidement un EP The Dark Secret. Concomitamment, RHAPSODY change de manager et s'adjoint les services de Joey DeMaio (MANOWAR) via Magic Circle Music. Tout semble se dérouler à merveille, ils peuvent bénéficier de conséquents budgets pour enregistrer Triumph and Agony en 2006 avec orchestre symphonique, Christopher Lee et tout le toutim. A partir de 2007, le conte de fée vire au cauchemar, RHAPSODY attaque en justice Magic Circle Music et est obligé de cesser toute activité. Les raisons de cette brouille ne sont pas très claires mais semblent avoir pour origine l'organisation d'une tournée en Amérique du Sud. Bref, 2010 et le début d'une nouvelle ère pour les transalpins qui font désormais partie de l'écurie Nuclear Blast.

Une nouvelle ère, oui, mais dans la continuité. Au niveau de l'histoire tout d'abord puisque cet album aborde le troisième chapitre de la Dark Secret Saga et relate les aventures de «cinq guerriers valeureux vers de lointaines et glaciales contrées nordiques afin d’anéantir la menace annoncée par une antique et obscure prophétie» dixit le groupe. On ne change pas une recette qui gagne et les amateurs de Fantasy seront comblés.
Continuité dans les hommes également, pas de changement de line-up: Alex Staropoli (clavier), Luca Turilli (guitare), Alex Holzwarth (batterie), Fabio Lione (chant) et Patrice Guers (basse) sont bien présents. Christopher Lee intervient encore un fois mais uniquement en tant que narrateur. Pour conclure sur les «à côtés», The Frozen Tears of Angels est produit par Luca Turilli et Alex Staropoli et mixé/masterisé par Sascha Paeth au Gate studio à Wolfsburg.

Enfin, musicalement, on retrouve immédiatement ses petits et la patte si particulière de RHAPSODY. Comme de tradition, on débute par une pièce d'introduction avec Christopher Lee, chœurs et orchestrations à foison. C'est inspiré et bien foutu comme d'habitude. On enchaine immédiatement sur "Sea of Fate», un titre sans surprise dans la lignée des «Warriors of Ice» (Legendary Tales, 1997) et autres «Emerald Sword» (Symphony of Enchanted Lands, 1998). Le seul élément inhabituel semble être le son utilisé par Staropoli pour son solo. Avouons que pour nous sommes un poil déçu par cette entrée en matière, ce morceau est très classique sans arrangement symphonique. Gageons que les italiens ont fait exprès de mettre un titre court et direct pour rassurer les fans.
«Crystal Moonlight» est plus heavy et agressif mais le côté accrocheur n'a pas été oublié pour autant avec un refrain immédiatement mémorisable. Même constat que pour le titre précédent, sympa mais archi classique pour le groupe. On attend toujours l'étincelle.

L'espoir renait avec «Reign of Terror». Pour paraphraser notre ami Clayman, ce titre dans son entier est une tuerie. Les guitares sont tranchantes et lumineuses, les nappes de claviers soutiennent intelligemment la mélodie et la section rythmique tabasse comme il faut. Fabio Lione n'est pas en reste et offre une prestation étonnante, hargneux et agressif à souhait. L'argenterie est de sortie avec orchestrations et chœurs de qualité. Cela va à 200 à l'heure et on ne voit pas le temps passer. Les solos endiablés de guitares et de claviers sont de retour et démontrent encore une fois le talent des deux leaders du groupe. L'alternance des rythmes et du tempo est ciselée pour offrir, au final, un succès total. Ce RHAPSODY là est enthousiasmant !
«Danza di Fuoco e Ghiaccio» est le titre folk/médiéval de l'album. A nouveau, le groupe conserve la tradition, inaugurée à partir de Power Of The Dragonflame, d'un titre chanté en italien. C'est doux, c'est mignon mais pas de quoi sauter au plafond.

Et ce sentiment de déjà entendu chez RHAPSODY se confirme avec les chansons suivantes: «Raging Starfire», «Lost in Cold Dreams» et «On the Way to Ainor». Tout cela est agréable à écouter, sympathique et bien réalisé. Les italiens sont professionnels jusqu'au bout des ongles et savent composer de petites pépites. Mais, encore une fois, rien de nouveau sous le soleil. Comme d'habitude, le groupe nous réserve pour la fin sa pièce maîtresse sous la forme de ce «The Frozen Tears of Angels» de plus de 11 minutes. On s'ennuie un peu et cela manque de patate et d'inspiration. Bof…

Vous remarquerez que j'ai à plusieurs fois utilisé les termes : classique, continuité, tradition, habitude. A l'exception d'un «Reign of Terror» extraordinaire, cet album est d'un classicisme «rhapsodien» presque désespérant. Bien sûr cela reste bien souvent d'un ton au dessus de la concurrence et les italiens restent les rois du métal symphonique mais nous attendons tellement mieux. J'avais un peu lâché l'affaire avec des Symphony Of Enchanted Lands II – The Dark Secret et Triumph or Agony assez décevants car le groupe me semblait être en mode automatique. Cette longue coupure forcée pouvait nous laisser espérer retrouver une fraicheur proche des débuts et cette attente est en partie déçue. Si RHAPSODY continue à se reposer sur ses lauriers, les FAIRYLAND & co pourraient bien commencer à lui botter les fesses. Comeback réussi mais peut largement mieux faire.

PS: signalons la présence de deux titres bonus sur la version limitée de l'album: «Labyrinth of Madness» (un instrumental) et «Sea of Fate» (en version orchestrale).

Site Officiel: http://rhapsodyoffire.com
MySpace Officiel: http://www.myspace.com/rhapsodyoffire

Oshyrya (7,5/10)

Nuclear Blast / 2010
Tracklist (54:05 mn) : 01. Dark Frozen World 02. Sea of Fate 03. Crystal Moonlight 04. Reign of Terror 05. Danza di Fuoco e Ghiaccio 06. Raging Starfire 07. Lost in Cold Dreams 08. On the Way to Ainor 09. The Frozen Tears of Angels