Archive for août, 2010

bg_eotUn groupe comme Blind Guardian est toujours mis face à un constat simple : il n’a pas droit à la demi-mesure, à l’album moyen. Sinon tout le monde leur tombe dessus, sans la moindre tendresse. C’est que l’on attend beaucoup d’un groupe qui a produit deux chefs d’oeuvre à la suite, quand bien même ces chefs d’oeuvre datent d’il y a quelques années.

Ce nouvel album n’est probablement pas un nouveau chef d’oeuvre, pourtant il aura du mal à quitter vos lecteurs, ou vos platines pour ceux qui sont restés fidèles aux vinyles. Parce qu’il est trop complexe pour être directement accessible, et trop simple pour que vous l’abandonniez si rapidement. Comment un album peut-il être à la fois trop complexe et trop simple ? Ca, il faut le demander à Hansi et André ! Disons que la trame générale de chaque chanson s’attrape rapidement, vous accroche… jusqu’à ce qu’un truc bizarre vienne choquer vos oreilles. Mais en fait, en réécoutant, ça commence à mieux passer. Et après quelques écoutes, vous n’envisagerez même plus la chanson sans cette étrangeté. D’ailleurs ça tombe bien : au fur et à mesure de vos écoutes, vous remarquerez les petits détails dans ces arrangements que vous trouviez confus au départ… mais en fait, une fois qu’on a compris comment l’ensemble fonctionne, c’est plutôt bien trouvé !

Au niveau du style, ça va du grandiloquent soutenu par des instruments classiques (« Sacred Worlds ») au majoritairement bourrin (« A Voice In The Dark ») en passant par le tendance celte à reprendre le soir au coin du feu (« Curse My Name »), et tous les dérivés possibles et imaginables auxquels Blind Guardian nous a habitués au fil des années. Avec en petite nouveauté cette fois-ci la chanson arabisante (« Wheel Of Time »). 

Pour conclure, on peut sans doute dire que Blind Guardian réussit ici à se réinventer tout en restant fidèles à eux-mêmes. Tour de force s’il en est. Il y aura sans doute des esprits chagrins pour regretter de ne toujours pas avoir un Imaginations… II ou un Nightfall… II… Dommage pour eux, à vous de voir si vous préférez vous aussi sombrer dans la nostalgie facile ou si vous acceptez de regarder un groupe pour ce qu’il fait aujourd’hui, pas pour ce qu’il a pu faire. Pour ma part, après un mois d’écoute, je commence à faire autant de moulinets du poignet sur ces chansons que sur leurs vieux titres, or c’est au nombre de moulinets du poignet que je sais à quel point un album me plaît, sans parler des petites larmes de ci de là 100% réflexe physique. Ca n’est pas parce qu’un album n’est pas immédiat qu’il est mauvais, trèèèèès loin s’en faut, cet album le prouve, et vive Blind Guardian !

Polochon (09/10)

www.blind-guardian.com

www.facebook.com/blindguardian

Nuclear Blast / 2010

Tracklist (54:58) : 01. Sacred Worlds 02. Tanelorn 03. Road Of No Release 04. Ride Into Obsession 05. Curse My Name 06. Valkyries 07. Control The Divine 08. War Of The Thrones 09. A Voice In The Dark 10. Wheel Of Time

 

Pestifer – Age of disgrace

Oshy_13082010_PestiFormé en 2005, Pestifer ne jouit pas encore d’une grande popularité au-delà des frontières belges et des régions françaises limitrophes. Et pour cause, nos amis belges n’ont sorti jusqu’à présent qu’une seule et unique démo en 2006. Moi-même je n’en avais que vaguement entendu parler. Mais croyez-moi, les choses risquent d’évoluer très vite pour ce jeune groupe, car ce premier album sera sans aucun doute une arme imparable pour conquérir le public. En ce qui me concerne, une seule écoute aura suffit à poser le constat suivant: Pestifer a un potentiel énorme, et n’en est qu’à ses débuts, la marge de progression est donc encore importante. 

Pestifer évolue dans un registre à placer au carrefour du Death Technique et du Brutal Death. Je dois dire que dans les dernières semaines, j’ai eu mon lot de grosses sorties à chroniquer dans des styles plus ou moins similaires (Decrepit Birth, Diabolic, Aeternam, The Last Felony…) et je place Pestifer à leurs côtés en tant que grosse claque sans la moindre hésitation, hé oui ! Et puisque nous en sommes à parler du style, sachez que certaines influences ressortent chez Pestifer, mais subtilement, car bien que ce soit là leur premier full length, le groupe à déjà une forte personnalité. A l’écoute d’Age Of Disgrace, je pense notamment au grand Death période Human et Individual Thought Patterns, mais également à Atheist, mais encore à Decrepit Birth ou Suffocation par légères touches, je rajouterais même une toute petite lichette de Thrash sur certains passages. Vous en conviendrez, les références citées sont loin d’être des groupes de manchots ! Mais Pestifer le vaut bien. 

Sachez qu’il s’agit là d’une galette autoproduite, qui concurrence malgré tout sans aucune difficulté bien des albums à gros budgets. Hé oui, qu’on se le dise, nos amis belges la mettent bien profond à tous ces groupes qui allongent les biftons dans le but d’avoir du gros son sans âme, et qui au final n’y arrivent même pas. Le traitement du son est ici excellent à tous les niveaux : l’auditeur pourra apprécier chaque instrument sans difficulté. Le son a été travaillé de façon à ce que chaque musicien dispose d’assez d’espace pour s’exprimer, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le boulot est réussi et que Pestifer est maitre de son sujet (excellent batteur, excellents guitaristes, excellent vocaliste, grande cohésion dans l’ensemble etc.)! Ex-ce-llent messieurs, et très bon travail de Jérémy Stoz chez Mammouth Productions ! Chose assez rare pour qu’on le souligne : les lignes de basse (une frettless apparemment) sont clairement discernable. Comment dire ? La classe, tout simplement ! Très propres, très carrées, n’hésitant pas à se dissocier du reste des instruments pour jouer ses propres lignes. C’est là que la référence à Death dans les périodes citées prend tout son sens, car j’ai souvent pensé très fort au grand Di Giorgio. Y’a pas à dire, un bon bassiste avec un bon son, ca donne une dimension supplémentaire à la musique, et dans le Metal, ce n’est pas tous les jours qu’on en trouve. Bravo donc pour cet excellent travail à ce niveau. 

Pour le reste, j’ai beau chercher je n’ai aucun point faible à soulever ! Tout, de l’artwork (que je trouve excellent) aux compos sent le professionnalisme à plein nez, et surtout le talent. (Bon allé, en étant tatillon je pourrais dire que sur quelques courts passages la basse à tendance à saturer un peu). Et ce que j’aime par-dessus tout avec Age Of Disgrace, c’est la subtilité des compositions. Comprenez moi, il s’agit tout de même de quelque chose se rapprochant de près d’un Brutal Death Technique, on a donc du blast, de la vélocité et du growl. Mais ce qui fait la différence avec Pestifer, c’est que tout cela reste subtil et intelligemment dosé : pas de surenchère, pas d’esprit « je tape plus fort et je suis plus rapide que le voisin », non, le groupe nous propose un ensemble homogène et dense (la technique est bien présente), mais qui passe tout naturellement, en douceur dirais-je, avec, en plus, un traitement du son qui a un léger arrière gout old school. On peut être fin et subtil lorsqu’on joue du Death Metal. Bref, je recommande chaudement Age Of Disgrace à tous les amateurs de bon Death Metal technique. A vos écouteurs donc, future grosse pointure en vue, parole de Sheol !

PS : Pestifer cherche actuellement un label, et aux vues de toutes les merdes qui sortent tous les jours via de plus ou moins grosses structures, ce serait vraiment incompréhensible qu’un groupe aussi talentueux n’en trouve pas un rapidement. Je lui souhaite en tout cas sincèrement de trouver rapidement une structure digne de ce nom pour promouvoir sa musique, car c’est tout ce qu’il mérite ! A bon entendeur…

www.pestifer.be

myspace.com/pestiferbe

Autoproduction – 2010

Tracklist (43:00 mn) 01. Age of Disgrace 02. Contagious 03. Sleepless Century 04. Forsaken Flesh 05. Tentacles of Damnation 06. Mind Control 07. Betrayal of the Light 08. The Worm 09. Carcinogenic Matter 10.Involution Process 11.The Clue, the Lie and the Death

 

GlrMrtanthannih120810C'est en 2008 avec Eryx que se révélait réellement Gloria Morti sur le label allemand Cyclone Empire. Cet album, synthèse des divers courants du metal dans sa forme extrême, était une véritable ogive propre à anéantir n'importe qui s'opposerait à sa domination.
Au titre Eryx, pouvant se rapporter à la mythologie, à une arme anti-char ou à la représentation du cobra des sables sur la pochette, j'avais choisi cette dernière option comme raison de ce nom. Aujourd'hui c'est avec un Anthems of Annihilation moins mystérieux qu'il faut s'atteler et ce titre déclare d'emblée la volonté du groupe ainsi que sa cover.
 A y repenser l'arme anti-char Eryx est totalement en adéquation avec cette évocation d'une guerre totale qui prend forme sous les assauts du groupe. La bande son parfaite pour une destruction massive.

A l'image de son aîné, Anthems… est une somme d'action dévastatrice avec en premier lieu des blasts terrifiant et par la même un peu trop envahissant comme en 2008. Le chant est une addition de vocaux gutturaux et de cris de bêtes tenant de la frénésie du black et, en compagnie du cogneur, il domine l'espace sonore de façon trop fréquente.
C'est avec une certaine intelligence que Gloria Morti ne sacrifie pas tout sur l'autel de la déflagration continuelle. Cet album laisse peu de temps de respiration mais dans toute guerre il faut savoir laisser de la place à la stratégie et celle de Gloria Morti ne laisse pas de répit car leurs mid-tempo sont assez tonitruants et tabassent comme il faut accompagnés de riffs à la subtilité accrocheuse pas évidente mais pourtant bien présente tout comme ces claviers si discrets mais tellement mélodiques au milieu du chaos c'est une bouffée d'air frais  au milieu de la sueur, la poussière et la testostérone.
 Pour entamer sa marche en avant rien de tel qu'un « Prelude » où les bottes résonnent sur le tarmac et où le groupe dévoile avec parcimonie ses armes sur un morceau assez lourd rythmiquement mais où Psycho montre bien ses capacités vocales tout à fait terrifiantes mais ce n'est rien en comparaison avec le bien nommé « The Solution Called War » hyper rapide et au chant démentiel. « Awakening » déploie les troupes sous le même registre mais les guitares savent se faire séductrices sur un riff hyper entêtant et sur un solo qui prend le dessus judicieusement, le reste est une confiture de sang sur une tartine de terre.
Alors que l'on suppose qu' « Infiltration » va permettre de calmer le jeu, c'est un peu la goutte d'extrême qui atomise encore plus le vase déjà bien fissuré. En fait c'est avec  « Swallowed By Defeat » que l'on a droit au drapeau blanc alors que la pluie accompagne cet instrumental bien mené et placé à la suite de combats féroces. C'est alors que Anthems… se fait plus riche, plus technique, foisonnant de structures et par la même moins sauvage. La défaite marque les esprits et ils se font plus torturés. La folie guette.

Annihilation…alors que « Chaos Archetype » comprend trois minutes de final aux claviers déprimant sur lesquelles nous pourrions graver les mots "The End" mais je suis sur qu'au delà de ça…quelque chose a survécu…

C'est avec un charme violent mais certain que Gloria Morti officie dans son Melodic  « Très » Extreme Metal et confirme, sans défaillance, son talent engrangé avec Eryx.

Clayman (08.5/10) 

www.facebook.com/gloriamortiofficial

www.gloriamorti.com

myspace.com/gloriamorti

Cyclone Empire / 2010

Tracklist (40:14) 1. Prelude 2. The Solution Called War 3. Awakening of a Discordant Machine 4. Infiltration 5. Swallowed By Defeat 6. Obey 7. Cut From Gaia 8. The Final Framework 9. Redemption 10. Chaos Archetype