Un groupe comme Blind Guardian est toujours mis face à un constat simple : il n’a pas droit à la demi-mesure, à l’album moyen. Sinon tout le monde leur tombe dessus, sans la moindre tendresse. C’est que l’on attend beaucoup d’un groupe qui a produit deux chefs d’oeuvre à la suite, quand bien même ces chefs d’oeuvre datent d’il y a quelques années.
Ce nouvel album n’est probablement pas un nouveau chef d’oeuvre, pourtant il aura du mal à quitter vos lecteurs, ou vos platines pour ceux qui sont restés fidèles aux vinyles. Parce qu’il est trop complexe pour être directement accessible, et trop simple pour que vous l’abandonniez si rapidement. Comment un album peut-il être à la fois trop complexe et trop simple ? Ca, il faut le demander à Hansi et André ! Disons que la trame générale de chaque chanson s’attrape rapidement, vous accroche… jusqu’à ce qu’un truc bizarre vienne choquer vos oreilles. Mais en fait, en réécoutant, ça commence à mieux passer. Et après quelques écoutes, vous n’envisagerez même plus la chanson sans cette étrangeté. D’ailleurs ça tombe bien : au fur et à mesure de vos écoutes, vous remarquerez les petits détails dans ces arrangements que vous trouviez confus au départ… mais en fait, une fois qu’on a compris comment l’ensemble fonctionne, c’est plutôt bien trouvé !
Au niveau du style, ça va du grandiloquent soutenu par des instruments classiques (« Sacred Worlds ») au majoritairement bourrin (« A Voice In The Dark ») en passant par le tendance celte à reprendre le soir au coin du feu (« Curse My Name »), et tous les dérivés possibles et imaginables auxquels Blind Guardian nous a habitués au fil des années. Avec en petite nouveauté cette fois-ci la chanson arabisante (« Wheel Of Time »).
Pour conclure, on peut sans doute dire que Blind Guardian réussit ici à se réinventer tout en restant fidèles à eux-mêmes. Tour de force s’il en est. Il y aura sans doute des esprits chagrins pour regretter de ne toujours pas avoir un Imaginations… II ou un Nightfall… II… Dommage pour eux, à vous de voir si vous préférez vous aussi sombrer dans la nostalgie facile ou si vous acceptez de regarder un groupe pour ce qu’il fait aujourd’hui, pas pour ce qu’il a pu faire. Pour ma part, après un mois d’écoute, je commence à faire autant de moulinets du poignet sur ces chansons que sur leurs vieux titres, or c’est au nombre de moulinets du poignet que je sais à quel point un album me plaît, sans parler des petites larmes de ci de là 100% réflexe physique. Ca n’est pas parce qu’un album n’est pas immédiat qu’il est mauvais, trèèèèès loin s’en faut, cet album le prouve, et vive Blind Guardian !
Polochon (09/10)
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Nuclear Blast / 2010
Tracklist (54:58) : 01. Sacred Worlds 02. Tanelorn 03. Road Of No Release 04. Ride Into Obsession 05. Curse My Name 06. Valkyries 07. Control The Divine 08. War Of The Thrones 09. A Voice In The Dark 10. Wheel Of Time