Archive for novembre, 2010

oshy_27112010_darkenPour peu que l’on ait été fan d’Artefact, on reconnaitra assez rapidement la griffe d’Aldébaran sur ce premier full length de Darkenhöld. L’ancien leader d’Artefact a en effet une personnalité musicale bien marquée, et même si le registre dans lequel évolue Darkenhöld n’est pas identique à celui de feu Artefact, on retrouve quelques repères et ce goût si particulier qu’avait par exemple Magic Spellcraft. Mais Artefact appartient désormais au passé, et c’est avec Darkenhöld qu’Aldébaran a le loisir de s’exprimer sans barrières. 

C’est dans un registre qui pourrait s’apparenter à un Black mélodique véloce avec des touches atmosphériques et un univers médiéval et fantastique que Darkenhöld évolue. A Passage To The Towers nous propose dix compos très directes, dans lesquelles la spontanéité et l’énergie priment sur la technicité. On ressent une dimension clairement épique sur certains morceaux, grâce à des ambiances qui sont très travaillées, notamment à l’aide de claviers omniprésents et plutôt bien dosés. La production est très bonne, elle n’est pas gonflée aux amphets, et donne au contraire une impression de spontanéité elle aussi, grâce à un son rêche et naturel. Le sujet est bien entendu maitrisé à 100% et l’ensemble est cohérent et très homogène.

Mine de rien, les compos sont assez denses et il faut un certain temps pour les intégrer. Mais répéter les écoutes ne devient pas un problème dans la mesure ou APTTT est bien fait et assez aéré pour ne pas se sentir pris à la gorge. Le groupe s’affirme en effet par des compositions qui mêlent mélodie et vélocité et qui de ce fait ne sont pas lassantes : le Black proposé par Darkenhöld est nuancé et a une personnalité qui lui est propre et qui correspond à la vision d’Aldébaran, seul compositeur et tête pensante du groupe. Je le répète, ceux qui connaissaient Artefact reconnaitront assez facilement la signature du monsieur, mais ne vous méprenez pas, Darkenhöld n’en est pas pour autant une copie d’Artefact, loin de là. C’est comme acheter une voiture d’une même marque mais d’un modèle différent, on retrouve ses marques mais les sensations ne sont pas les mêmes : Darkenhöld est plus rentre dedans, moins mélodique et moins progressif, pour résumer, plus Black Metal !

Voilà donc un très bon premier album qui ne souffre d’aucun défaut majeur, mais qui manque juste peut être de passages marquants si l’on cherche la petite bête. En tous cas le niveau est élevé et Darkenhöld a un gros potentiel, la suite ne peut donc qu’être placée sous de bons augures.

Sheol (07.5/10)

www.facebook.com/Darkenhold

darkenhold.bandcamp.com

Ancestrale Production / 2010

Tracklist (40:53 mn) 1.A Passage… (Overture) 2.Ghouls and the Tower 3.Marble Bestiary 4.Citadel of Obsidian Slumber 5.Chains of the Wyvern Shelter 6.In the Crystal Cavern (Interlude) 7.Cleaving the Ethereal Waves 8.Crimson Legions 9.Darkenhöld 10.Sorcer

 

 

Arcania – Sweet Angel Dust

oshy_27112010_arcaniVoilà un cas intéressant que celui d’Arcania, un disque qui a attendu de voir le jour (pas loin de dix ans depuis la formation initiale et le premier maxi en 2004) et qui propose aujourd'hui un réel travail avec une valeur ajoutée : la beauté. En effet, ce disque reste avant tout un petit travail d’orfèvre et je ne dis pas cela par chauvinisme, mais ça fait plaisir à mes oreilles d’entendre un disque qui offre florilège de petits détails comme cet opus. Voyons un peu de quoi il en ressort dans le détail. 

À signaler dès maintenant ce disque offre des morceaux de plus de cinq minutes pour la plupart d’entre eux. Avec un finale de plus de dix minutes, et qui ne lasse pas l’auditeur par dessus le marché, ce qui est une réussite disons-le. Le premier morceau pourrait faire penser à un trash melodique ricain c’est d’ailleurs le nom de Killswitch engage qui me vient en tête lorsque j’écoute ce « Sweet Angel Dust » Mais rapidement les chose s’enchaînent avec des parties aériennes de piano, une voix très proche de celle d’un certain Joe Duplantier..Tiens tiens…En tout cas, pari gagné pour ces zicos originaire de la ville d’Angers qui parviennent à se renouveler au fil de ce disque. « No End » arrive à point nommé avec un refrain d’enfer, des parties de guitares et de basse qui offrent à l’auditeur le moyen de secouer la tête. Et ce n’est pas tout, car le disque nous propose une petite merveille jouant son rôle classicisant avec son « Memento » guitares et chant jouent à merveille ce rôle de locomotive, on sent que le chanteur entre dans la peau de son personnage pour se l’approprier à merveille. Un tapis de guitares plus ou moins saturées pénètrent au cœur du morceau, à tel point que l’on vit des ambiances quasiment théâtrales, rien qu’en se plongeant au cœur de la musique. 

La suite est absolument convaincante, avec des morceaux tels que « As We Fall » et le fameux « My Funeral » qui délivrent l’étendu du talent du groupe avec un petit bémol au niveau de la production qui mériterait de fournir au batteur un son un peu moins mécanique pour donner cette dimension « charnelle » chère au groupe me semble t-il. Les solis organisent à eux seuls ce côté mélodique et chantant on regrette cependant que le son de la batterie n’adopte pas la même dynamique. Quoiqu’il en soit ce disque est révélateur de l’existence d’une scène française qui sait où elle va : vers la reconnaissance. Souhaitons que les maisons de disque aient le courage de signer autre chose que des bouses (je ne donnerai pas de nom..). 

Enfin, ce qui mérite, me semble t-il, d’être signalé, c’est ce côté sombre et heavy qui débouche sur une musique très pénétrante d’un bout à l’autre, ce qui a pour conséquence de donner une ambiance et un cachet singulier à cet opus. J’espère que le prochain disque n’arrivera pas dans dix ans ! À suivre donc !

Aske (08.5/10)

myspace.com/arcaniamusic

Great Dane Records / 2010

Tracklist (54 mn) 01. Sweet Angel Dust 02. No End 03. Memento 04. Leave My Mind 05. Against My Fear 06. As We Fall 07. Interlude 08. This Man Failed 09. My Funeral

 

oshy_22112010_tripti« Plût au ciel que l’auditeur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu’il écoute, trouve sans se désorienter son chemin abrupt et sauvage à travers les morceaux de cet album sombre et plein de poisons ; car à moins qu’il n’apporte dans son écoute une logique rigoureuse et une tension d’esprit au moins égale à sa défiance, les émanations mortelles de ce disque imbiberont son âme comme l’eau le sucre… ».

Une fois de plus, un écrivain génial que j’admire depuis mon adolescence vient à mon secours, comme il l’avait fait pour ma chronique de l’immense Monotheist de feu Celtic Frost en 2006… Et ne croyez pas que je cherche à m’approprier ces lignes parfaites issues des Chants de Maldoror, il me semble simplement que la verve intemporelle de Lautréamont peut être tirée de son carcan littéraire pour s’appliquer à une autre forme d’art, en l’occurrence la musique. Et pas n’importe quelle musique : celle qui prend aux tripes, qui est profonde, qui vous retourne et vous hypnotise, celle qui est selon moi tout aussi intemporelle que certains écrits.

Mais revenons en au début de Triptykon, né sur les cendres encore fumantes de Celtic Frost, sans qui il n’aurait jamais vu le jour. Car Eparistera Daimones est bel et bien le frérot puissant et viril de Monotheist, il est sa continuité, sa suite logique, et se place à ses côtés sur la même marche. Avec Triptykon, Fisher a continué son œuvre, a parachevé ce qu’il n’avait pas pu finir avec Celtic Frost. Mais finalement, bien fou celui qui osera s’en plaindre, car ce premier acte de Triptykon n’est pas un simple Monotheist bis, non. Il le prolonge, il le complète, et il forme désormais avec lui un duo imparable, nécessaire, marquant. A quoi bon tenter de décrire cet album ? Il fait partie des œuvres qui se vivent de l’intérieur, qui se ressentent, et qui entrent en cohésion avec vous… ou non.

Ceux qui n’ont pas aimé Monotheist peuvent passer leur chemin et aller voir ailleurs, car ils n’aimeront pas Eparistera Daimones. Ceux qui l’ont aimé par contre, ceux qui ont vibré en l’écoutant savent de quoi je parle : d’un foutu poison qui s’infiltre en vous en vous procurant tant de plaisir que vous vous en délectez, d’une œuvre écrasante en phase avec son époque, qui vous rend dépendant et dont vous ne vous lassez pas, d’un syncrétisme imparable et intemporel des styles extrêmes parmi lesquels le Doom, le Thrash, le Black et le Death, tous unis en une même vision après avoir été passés au filtre de Tom G. Fisher, qui réussit le pari de sortir à quatre années d’intervalle et avec deux groupes différents deux albums qui feront date et qui marqueront le Metal de leurs empreintes. 

Oui, vous avez bien compris ou je veux en venir, je veux simplement dire que l’Eparistera Daimones de Triptykon rejoint le Monotheist de Celtic Frost au Panthéon du Metal. Cet album est indispensable. Ces albums sont indispensables, et ils ne vieilliront pas au même rythme que les autres, et c’est une chose rare. Dans dix ans, dans quinze ans, Celtic Frost et maintenant Triptykon feront encore parler d’eux, croyez moi. Pourvu que Fisher continu à nous abreuver de cette façon encore longtemps, nous autres, amateurs d’œuvres obscures.

Sheol (10/10)

 

http://triptykon.net

www.facebook.com/triptykonofficial

myspace.com/triptykonofficial

Century Media records / 2010

Tracklist (72:42 mn) : 1. Goetia 2. Abyss Within My Soul 3. In Shrouds Decayed 4. Shrine 5. A Thousand Lies 6. Descendant 7. Myopic Empire 8. My Pain 9. The Prolonging