Dire qu’une belle frange de la communauté Metal attendait Obscura au tournant est un doux euphémisme. En effet, après un Cosmogenesis qui avait marqué les esprits par son niveau de qualité et de technicité et au vu des déclarations du groupe, de nombreux regards étaient tournés vers l’Allemagne. L’attente, au final, n’aura pas été aussi longue, et les nombreuses tournées du groupe (qui m’auront permis d’apprécier en live et à de nombreuses reprises la technicité du groupe, et ce tant avec que sans Jeroen-Paul) auront également fait passer le temps. Toutefois, je craignais tout de même que tout ce temps passé sur la route n’ait laissé que peu de marge au groupe pour composer de nouveaux morceaux à tête reposée, mais j’ai rapidement dû reconnaître que mes craintes étaient infondées.
Contrairement à son illustre prédécesseur, Omnivium ne démarre pas aussi rapidement, laissant plutôt la place à une guitare acoustique rapidement remplacée par une guitare électrique au son presque « épique » avant le véritable départ de l’album, et quel départ ! « Septuagint », du haut de ses 7 minutes et quelques poussières, plante immédiatement le décor avec un Death véloce et racé. Le groupe est toujours aussi carré (sans pour autant donner l’impression « synthétique » d’un Origin), mais il parvient aussi à se démarquer de son image purement « death technique progressif » pour y apporter quelques éléments neufs, à l’instar de ce break plus aérien avec chant clair à partir de 3:07, chant clair qui sera d’ailleurs à nouveau mis à contribution sur d’autres morceaux. Certes, le chant clair de Steffen ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais on ne peut que se réjouir de ces variations au niveau du chant, et le chant clair n’est pas la seule variation. Prenez ce growl Death bien grave sur « Ocean Gateways ». Certes, Steffen nous avait déjà prouvé par le passé que son growl était plus que correct, notamment sur une cover de Morbid Angel, mais ce chant colle parfaitement à ce morceau qui n’est pas sans rappeler Morbid Angel (non seulement au niveau du chant, mais aussi de la lourdeur).
Au niveau musical, la combinaison de tous ces musiciens talentueux était déjà un régal par le passé, et il me semble que la cohésion s’est encore renforcée entre Cosmogenesis et Omnivium. Les compos sont extrêmement travaillées, chacun assure sa prestation de manière précise, mais l’addition de chacune de ces prestations débouche sur un résultat supérieur, une parfaite osmose entre 4 musiciens qui ne forment plus qu’une entité implacable.
Omnivium est une réussite, tant au niveau de la technicité que des variations proposées tout au long de l’album. Tour à tour écrasant, aérien, véloce ou technique, cet album s’annonce d’ores et déjà comme l’une des sorties les plus intéressantes de l’année 2011. Vous me direz que nous ne sommes qu’en mars et que d’autres sorties s’annoncent aussi très attendues (je ne citerai que celle du nouvel album de Morbid Angel), mais je pense tout de même qu’un album aussi abouti risque bien d’occuper une place de choix dans mon classement des meilleures sorties de l’année… ça faisait longtemps qu’un album de Death m’avait tellement enthousiasmé, jetez-y une oreille et vous comprendrez mieux pourquoi !
Mister Patate [09/10]
Relapse Records / 2011
Tracklist (54:15 mn) 01. Septuagint 02. Vortex Omnivium 03. Ocean Gateways 04. Euclidean Elements 05. Prismal Dawn 06. Celestial Spheres 07. Velocity 08. A Transcendental Serenade 09. Aevum