Premier chapitre d’une trilogie annoncée, 777-Sect(s) est aussi le huitième album d’un Blut Aus Nord dont la productivité pousse au stakhanovisme (l’an dernier sortait Memoria Vetusta II, suivi cette année par la réédition de The Mystical Beast Of Rebellion,). Quant aux deux chapitres suivants, ils sont annoncés pour la fin 2011, séparés par un intervalle de quelques semaines seulement.
La démarche est mystérieuse et énigmatique, mais cela n’a rien d’étonnant quand on connait un peu le groupe, je dirais même que c’est une habitude. Mais tout de même, cette trilogie gorgée de symboles intrigue…je vous laisserais le plaisir de pousser plus loin les recherches et de trouver le(s) sens de ce nouveau travail, il m’est avis que les français nous mènent une fois de plus par le bout du nez jusqu’à un point qu’eux seuls connaissent. Je n’en ai pas moins le sentiment que cette trilogie ouvrira une nouvelle ère pour le groupe…wait and see !
Au-delà de la difficulté à décrire cet album, difficulté inhérente à chaque œuvre du groupe et devenue une habitude, il me semble que ce premier volet concentre grosso modo les principaux éléments ayant forgés jusqu’ici l’identité musicale si particulière de Blut Aus Nord, sa griffe, son hermétisme : 777- Sect(s)s est bel et bien un mélange parfait de ce que l’on pouvait trouver sur chaque full length allant jusqu’à l’énorme MoRT : vous retrouverez ici le côté industriel tapageur de The Work Which Transforms God, les dissonances et l’arythmie suffocante de MoRT, mais aussi le côté tordu de The Mystical Beast Of Rebellion avec ses riffs qui se répètent , qui se tordent et se distordent jusqu’à former de lugubres anti mélopées. Blut Aus Nord est toujours aussi hermétique, toujours aussi lancinant, toujours aussi profond et prenant, toujours aussi particulier, et comme c’est souvent le cas, sans être identique cette nouvelle œuvre est en lien logique avec ce qui a précédé et a donc un léger côté prévisible. Mais allez savoir pourquoi, ce premier chapitre est extrêmement vicieux, plus que le groupe ne l’a jamais été, et un double ténébreux de Terpsichore vous tends les bras pour vous mener jusqu’à la transe avec un sourire entendu aux lèvres. Car dans cette homogénéité et dans cette cohérence qui donnent à l’ensemble un aspect monolithique et opaque se cachent des pistes, égrenées ici et là au bon vouloir des géniteurs malins, qui nous mènent vers Dieu sait quoi.
Voici un premier élément qui ne prendra réellement de sens que lorsque les deux suivants nous serons connu et qu’il nous sera possible de réunir la trilogie pour en saisir tous les aspects. En attendant, Blut Aus Nord reste égal à lui-même : insaisissable, dense, énigmatique, hypnotique, et d’une noirceur à couper au scalpel. Indispensable aux fans, innommable pour les autres…
Sheol (07.5/10)
Debemur Morti Productions / 2011
Tracklist (45:26 mn) 1.Epitome I 2.Epitome II 3.Epitome III 4.Epitome IV 5.Epitome V 6.Epitome VI