Archive for avril, 2011

oshy_20042011_BlutausNPremier chapitre d’une trilogie annoncée, 777-Sect(s) est aussi le huitième album d’un Blut Aus Nord dont la productivité pousse au stakhanovisme (l’an dernier sortait Memoria Vetusta II, suivi cette année par la réédition de The Mystical Beast Of Rebellion,). Quant aux deux chapitres suivants, ils sont annoncés pour la fin 2011, séparés par un intervalle de quelques semaines seulement. 

La démarche est mystérieuse et énigmatique, mais cela n’a rien d’étonnant quand on connait un peu le groupe, je dirais même que c’est une habitude. Mais tout de même, cette trilogie gorgée de symboles intrigue…je vous laisserais le plaisir de pousser plus loin les recherches et de trouver le(s) sens de ce nouveau travail, il m’est avis que les français nous mènent une fois de plus par le bout du nez jusqu’à un point qu’eux seuls connaissent. Je n’en ai pas moins le sentiment que cette trilogie ouvrira une nouvelle ère pour le groupe…wait and see !

Au-delà de la difficulté à décrire cet album, difficulté inhérente à chaque œuvre du groupe et devenue une habitude, il me semble que ce premier volet concentre grosso modo les principaux éléments ayant forgés jusqu’ici l’identité musicale si particulière de Blut Aus Nord, sa griffe, son hermétisme : 777- Sect(s)s est bel et bien un mélange parfait de ce que l’on pouvait trouver sur chaque full length allant jusqu’à l’énorme MoRT : vous retrouverez ici le côté industriel tapageur de The Work Which Transforms God, les dissonances et l’arythmie suffocante de MoRT, mais aussi le côté tordu de The Mystical Beast Of Rebellion avec ses riffs qui se répètent , qui se tordent et se distordent jusqu’à former de lugubres anti mélopées. Blut Aus Nord est toujours aussi hermétique, toujours aussi lancinant, toujours aussi profond et prenant, toujours aussi particulier, et comme c’est souvent le cas, sans être identique cette nouvelle œuvre est en lien logique avec ce qui a précédé et a donc un léger côté prévisible. Mais allez savoir pourquoi, ce premier chapitre est extrêmement vicieux, plus que le groupe ne l’a jamais été, et un double ténébreux de Terpsichore vous tends les bras pour vous mener jusqu’à la transe avec un sourire entendu aux lèvres. Car dans cette homogénéité et dans cette cohérence qui donnent à l’ensemble un aspect monolithique et opaque se cachent des pistes, égrenées ici et là au bon vouloir des géniteurs malins, qui nous mènent vers Dieu sait quoi.

Voici un premier élément qui ne prendra réellement de sens que lorsque les deux suivants nous serons connu et qu’il nous sera possible de réunir la trilogie pour en saisir tous les aspects. En attendant, Blut Aus Nord reste égal à lui-même : insaisissable, dense, énigmatique, hypnotique, et d’une noirceur à couper au scalpel. Indispensable aux fans, innommable pour les autres…

Sheol (07.5/10)

myspace.com/thehowlingofgod

Debemur Morti Productions / 2011

Tracklist (45:26 mn) 1.Epitome I 2.Epitome II 3.Epitome III 4.Epitome IV 5.Epitome V 6.Epitome VI

 

oshy_18042011_BlindeaJusqu’à maintenant j’ai l’impression que Blindead reste plus connu pour le passage de son leader au sein de Behemoth que pour ses propres qualités. Pourtant, ce qui n’était certes au départ qu’une sorte de passe temps est maintenant devenu un groupe à part entière pour Mateusz « Havoc » Smierzchalski, mais surtout un groupe qui mérite qu’on s’attarde sur son cas pour le faire sortir de son relatif anonymat, car avec ce troisième album qui est aussi leur effort le plus complexe et le plus abouti, les polonais démontrent un talent indéniable.

Mais tout d’abord, de façon à aborder cet album comme il se doit, sachez qu’Affliction est basé sur un concept : les compos évoquent le cas d’une petite fille atteinte d’autisme, et tentent de nous faire découvrir son univers intérieur, ainsi que celui de ses parents, témoins impuissants de la pathologie de leur enfant et de son évolution. Plombant me direz-vous, et je ne pourrais pas vous contredire, car Affliction est un album très sombre, mais aussi très profond, et qui, malgré le sujet abordé, arrive à sublimer tout ça pour offrir à l’auditeur un ensemble beau et puissant.

Entreprendre une écoute sans connaitre le concept de l’album serait une erreur je ne vous le cache pas… 
Délaissant quelque peu le Sludge/Doom des débuts, Blindead évolue et élargit son champ d’action vers un style bien plus complexe, plus progressif et aussi plus nuancé. Il est difficile de décrire Affliction en terme de style, car c’est un album qui est difficilement catégorisable dans la mesure où il lorgne vers différents styles sans jamais y plonger totalement. On peut dire qu’il se place dans un registre proche d’une sorte de Post Metal progressif, sans pour autant oublier ses débuts Sludge/ Doom comme le démontre bien le premier morceau avec ses riffs lourds, son chant hurlé et sa section rythmique puissante et appuyée. La suite nous démontrera que l’album n’est pas figé et qu’il s’affine au fil des morceaux, tout en s’ouvrant de plus en plus vers des éléments non Metal dans leur utilisation courante comme la contrebasse sur « Self consciousness is desire and… », la trompette sur « After 38 weeks » ou encore le piano sur « Dark and Grey », mais aussi un chant clair placé entre l’éthéré et le plaintif, se muant en hurlements sur certains passages…autant d’éléments qui participent à la richesse d’un tel album, et à sa personnalité propre, complexe et aboutie. Il faut plusieurs écoutes et un minimum de recul pour bien entrer dans un tel album, mais il vaut la peine que l’on prenne son temps pour l’apprivoiser.

Je le répète, il ne faut pas aborder un tel album avec légèreté. Il faut connaitre le concept sur lequel il a été construit et il faut surtout se donner le temps de l’écouter plusieurs fois posément, même si les premières écoutes vous semblent laborieuses du fait d’un ensemble quelque peu hermétique…une fois cette démarche correctement entreprise, il ne vous restera plus qu’à apprécier cet excellent travail de Blindead, qui ne vous laissera aucun doute quant au fait que le groupe mérite d’être mis en avant. Une excellente surprise.

Sheol (08/10)

www.facebook.com/blindeadofficial

myspace.com/blindead

Mystic Productions / 2010

Tracklist (46:07 mn) 1.Self-consciousness Is Desire and 2.After 38 Weeks 3.My New Playground Became 4.Dark and Gray 5.So, It Feels Like Misunderstanding When 6.All My Hopes and Dreams Turn Into 7.Affliction XXVII II MMIX

 

oshy_17042011_AhimsFormé en 2009, AHIMSA est un groupe attachant à la démarche intéressante. Rapidement après sa naissance, le groupe dévoile un premier EP autoproduit, Inward Movements. Cette année nos compatriotes nous proposent ce même EP en version remasterisée. Courageusement, il est même disponible en téléchargement gratuit sur len site myspace. La musique d'AHIMSA est assez difficile à décrire. Pour reprendre le slogan d'une marque de chocolat, elle se résume pour moi à "quelques grammes de finesse dans un monde de brutes".

L'accent est mis sur les atmosphères, le groupe déploie de gros efforts pour plonger l'auditeur dans son univers. L'atmosphère est lourde, pesante, on est loin de l'optimisme béat. Tout au long de l'EP, on suit les vicissitudes d'un personnage qui, pour reprendre les mots du groupe, évolue vers une résignation du devenir de l’être humain. Par de solides rythmiques, des nappes de claviers et un chant torturé, AHIMSA transmet beaucoup d'émotions. On ne sort pas ce voyage indemne. Le paysage musical est large, les influences multiples: rock progressif, death, gothique, trip-hop. La rencontre improbable entre THE CURE période Disintegration et SLIPKNOT. Saluons la performance du hurleur de service, Thibaut de Lafforest, qui s'arrache joyeusement les cordes vocales au travers de ces cinq titres.

Les autres acteurs sont aussi également bien en place et font preuve d'une maitrise technique remarquable compte tenue de la jeunesse du groupe. J'ai trouvé que certains titres comme « Unborn » ou « Third Mind State » avaient quelques longueurs mais rien de rédhibitoire. Le mot ahimsā désigne proprement « l'action ou le fait de ne causer de dommage à personne » (d'après wikipédia, j'ai pas fait sanscrit deuxième langue). Au contraire, Inward Movements fait beaucoup de bien. J'ai cru lire que le groupe planchait sur un album. On le souhaite de tout cœur ton cet EP est prometteur !

Oshyrya (08/10)

Site Officiel: www.ahimsa-music.com  

MySpace Officiel:  www.myspace.com/ahimsaofficial

Autoproduction / 2011

Tracklist (31:12 mn)
01. Unanswered 02. Third Mind State 03. Reflexion 04. Home 05. Unborn