Il y a 8 ans, Morbid Angel nous livrait un Heretic lourd et puissant, un album qui allait marquer la fin de leur collaboration avec leur label, la faute à des ventes décevantes par rapport aux autres albums. À l’époque, qui aurait pu imaginer qu’il faudrait 8 ans au groupe pour revenir vers nous avec un nouvel album ? Eh oui, il aura fallu pas moins de 8 longues années au groupe pour annoncer son retour avec un Illud Divinum Insanus qui risque bien de ne pas faire l’unanimité !
Avant même de dévoiler la moindre note (exception faite de « Nevermore », la « fausse » nouvelle chanson déjà jouée en live depuis 2008), Morbid Angel avait défrayé la chronique avec sa tracklist. « Radikult » ? « Destructos VS. The Earth / Attack » ? « Too Extreme! » ? Certes, le nom des morceaux n’est pas si important, tant que la musique est bonne, mais combinez cela aux déclarations du groupe qui disait avoir notamment puisé son inspiration dans la techno, et vous comprendrez l’inquiétude de certains. Par ailleurs, les deux morceaux proposés en guise d’avant-goût (à savoir « Nevermore » et « Existo Vulgoré ») sonnaient vraiment « comme du Morbid Angel ». Mes craintes s’estompaient donc franchement…
Jusqu’à ce que j’écoute l’album entier.
Et là, je dois dire que j’ai été désarçonné. « Ça, le nouvel album de Morbid Angel ? », me suis-je écrié à la première écoute, fouillant fébrilement dans mon armoire de CD pour y repêcher Blessed Are The Sick et l’enfourner derechef dans le mange-disque (1). Certes, je reproche régulièrement à de nombreux groupes une certaine fébrilité et un manque d’innovation, mais ce que venait de pondre Morbid Angel ici n’était pas une évolution, mais une révolution ! Je n’avais pas le choix : pour me faire une véritable idée de cet album, il faudrait persévérer, écouter l’album, encore et encore, malgré cette première impression plus que mitigée.
Que dire après ces nombreuses écoutes ? Tout d’abord, que Morbid Angel n’a pas joué la carte de la facilité. Là où beaucoup auraient sorti un énième album copieusement inspiré de ses prédécesseurs, Morbid Angel joue la carte de l’innovation, de la surprise. Il fallait oser, certes, mais les fans étaient-ils prêts à un tel revirement ? Sur 11 morceaux (dont une intro et une outro), combien sont encore de véritables morceaux de l’Ange Morbide ? 3, voire 4 en étant généreux, soit moins de la moitié de l’album. Et le reste ? Du Morbid Angel 2.0, aux relents techno prononcés sur certaines compos (pas besoin de vous dire lesquelles, leurs titres sont suffisamment atypiques pour vous donner une indication), flirtant même avec les Genitorturers et Manson sur « Radikult ». Fini le Death Metal qui a fait le succès du groupe, Morbid Angel diversifie son domaine d’activités, ratissant large au risque de froisser le fan de base.
Morbid Angel a été à l’origine d’un genre, il a été un de ceux ayant planté la graine qui allait donner naissance à un style. Aujourd’hui, Illud Divinum Insanus est sa charrue, une charrue dont le soc vient de creuser un profond fossé, divisant sa fanbase en deux camps.
Illud Divinum Insanus est manichéen, blanc ou noir, ON ou OFF. Illud Divinum Insanus ne vous laissera pas de marbre et vous forcera à choisir votre camp. J’ai choisi le mien, à vous d’en faire autant…
[3/10] Mister Patate
(1) traitement post-traumatique, il me fallait bien cela pour me remettre du choc.
Season Of Mist Records / 2011 Tracklist (56:40) 1. Omni Potens 2. Too Extreme! 3. Existo Vulgoré 4. Blades of Baal 5. I Am Morbid 6. 10 More Dead 7. Destructos Vs. The Earth / Attack 8. Nevermore 9. Beauty Meets Beast 10. Radikult 11. Profundis – Mea Culpa