Archive for mai, 2011

Morbid Angel – Illud Divinum Insanus

Il y a 8 ans, Morbid Angel nous livrait un Heretic lourd et puissant, un album qui allait marquer la fin de leur collaboration avec leur label, la faute à des ventes décevantes par rapport aux autres albums. À l’époque, qui aurait pu imaginer qu’il faudrait 8 ans au groupe pour revenir vers nous avec un nouvel album ? Eh oui, il aura fallu pas moins de 8 longues années au groupe pour annoncer son retour avec un Illud Divinum Insanus qui risque bien de ne pas faire l’unanimité !

Avant même de dévoiler la moindre note (exception faite de « Nevermore », la « fausse » nouvelle chanson déjà jouée en live depuis 2008), Morbid Angel avait défrayé la chronique avec sa tracklist. « Radikult » ? « Destructos VS. The Earth / Attack » ? « Too Extreme! » ? Certes, le nom des morceaux n’est pas si important, tant que la musique est bonne, mais combinez cela aux déclarations du groupe qui disait avoir notamment puisé son inspiration dans la techno, et vous comprendrez l’inquiétude de certains. Par ailleurs, les deux morceaux proposés en guise d’avant-goût (à savoir « Nevermore » et « Existo Vulgoré ») sonnaient vraiment « comme du Morbid Angel ». Mes craintes s’estompaient donc franchement…

Jusqu’à ce que j’écoute l’album entier.

Et là, je dois dire que j’ai été désarçonné. « Ça, le nouvel album de Morbid Angel ? », me suis-je écrié à la première écoute, fouillant fébrilement dans mon armoire de CD pour y repêcher Blessed Are The Sick et l’enfourner derechef dans le mange-disque (1). Certes, je reproche régulièrement à de nombreux groupes une certaine fébrilité et un manque d’innovation, mais ce que venait de pondre Morbid Angel ici n’était pas une évolution, mais une révolution ! Je n’avais pas le choix : pour me faire une véritable idée de cet album, il faudrait persévérer, écouter l’album, encore et encore, malgré cette première impression plus que mitigée.

Que dire après ces nombreuses écoutes ? Tout d’abord, que Morbid Angel n’a pas joué la carte de la facilité. Là où beaucoup auraient sorti un énième album copieusement inspiré de ses prédécesseurs, Morbid Angel joue la carte de l’innovation, de la surprise. Il fallait oser, certes, mais les fans étaient-ils prêts à un tel revirement ? Sur 11 morceaux (dont une intro et une outro), combien sont encore de véritables morceaux de l’Ange Morbide ? 3, voire 4 en étant généreux, soit moins de la moitié de l’album. Et le reste ? Du Morbid Angel 2.0, aux relents techno prononcés sur certaines compos (pas besoin de vous dire lesquelles, leurs titres sont suffisamment atypiques pour vous donner une indication), flirtant même avec les Genitorturers et Manson sur « Radikult ». Fini le Death Metal qui a fait le succès du groupe, Morbid Angel diversifie son domaine d’activités, ratissant large au risque de froisser le fan de base.

Morbid Angel a été à l’origine d’un genre, il a été un de ceux ayant planté la graine qui allait donner naissance à un style. Aujourd’hui, Illud Divinum Insanus est sa charrue, une charrue dont le soc vient de creuser un profond fossé, divisant sa fanbase en deux camps.

Illud Divinum Insanus est manichéen, blanc ou noir, ON ou OFF. Illud Divinum Insanus ne vous laissera pas de marbre et vous forcera à choisir votre camp. J’ai choisi le mien, à vous d’en faire autant…

[3/10] Mister Patate

(1) traitement post-traumatique, il me fallait bien cela pour me remettre du choc.

Season Of Mist Records / 2011 Tracklist (56:40) 1. Omni Potens 2. Too Extreme! 3. Existo Vulgoré 4. Blades of Baal 5. I Am Morbid  6. 10 More Dead 7. Destructos Vs. The Earth / Attack 8. Nevermore 9. Beauty Meets Beast 10. Radikult 11. Profundis – Mea Culpa

Decapitated – Carnival Is Forever

Habituellement, j’ai tendance à être critique, voire sévère lorsqu’un groupe tente un comeback. En effet, nombreux sont ceux pour qui le comeback est une affaire mercantile, un moyen de surfer sur la nostalgie des fans et de s’en mettre plein les poches. Cette fois, par contre, cette pensée ne m’a pas effleuré un instant, tant le cas Decapitated est, à mes yeux, différent des autres. Ici, la disparition du combo n’était pas le résultat d’une simple embrouille entre musiciens, mais bien d’une tragédie, et l’histoire de ce groupe ne pouvait pas se terminer là. 5 ans après leur dernier album, un nouveau Decapitated est de retour, marchant fièrement dans les pas de son prédécesseur…

Loin de ses confrères polonais, le Death Metal de Decapitated s’avère plus tortueux, moins prévisible qu’un Vader qui balance la purée sans discernement (et, sur le dernier album, sans efficacité). Rythmiques endiablées, morceaux travaillés, presque Prog dans la composition (près de 9 minutes pour le morceau éponyme, mine de rien), une petite influence de Meshuggah au niveau de la combinaison riffs saccadés / batterie et une conclusion instrumentale mélodique à l’ambiance presque mélancolique… Oui, le dernier Decapitated est résolument plus technique que le Death Metal polonais basique, plus recherché. Toutefois, non content d’être finement ciselé, Carnival Is Forever est aussi brutal. Oh, il ne rivalisera certes pas avec un Cannibal Corpse ou avec un Krisiun, mais compte tenu de la technicité des compos, on reste tout de même bouche bée de la déferlante qui nous déboule dans les oreilles sans pour autant que cela ne nuise aux détails des morceaux. Puissant, oui, mais pas brouillon pour autant !

Avec ce nouveau line-up et ce nouvel album, Decapitated marque un retour gagnant. Mariage idéal entre brutalité et finesse, Carnival Is Forever est un des indispensables de l’année. Decapitated était mort, vive Decapitated !

 Mister Patate (09/10)

www.facebook.com/decapitated

www.decapitatedband.net

Nuclear Blast Records / 2011

Tracklist (42:45) 1. The Knife 2. United 3. Carnival Is Forever 4. Homo Sum / 5. 404 6. A View From A Hole 7. Pest 8. Silence

 

Symphony X – Iconoclast

oshy_29052011_SymphonSYMPHONY X est un groupe extraordinaire. Sa discographie est sans tâche et les américains, ont un style, une patte, reconnaissable entre mille. Paradise Lost, le précédent opus des américains date de 2007 et nous ne pouvions que nous languir d'un nouvel album. C'est chose faite dans quelques semaines via un Iconoclast plein de promesses. Eliminons tout de suite les choses qui fâchent: la pochette. Elle est franchement laide et pas à la hauteur du talent de SYMPHONY X. On pouvait légitimement penser qu'en choisissant à nouveau Warren Flanagan (Watchmen, The Incredible Hulk, 2012) qui avait signé le très bel artwork de Paradise Lost, ils seraient à l'abri de ce genre de mésaventure mais non. Le dessin n'est pas très fin, les couleurs sont tristes bref c'est raté.

Après ce coup de gueule, concentrons-nous sur la musique. Pas de temps mort chez SYMPHONY X qui nous assène dès l'ouverture de l'album la composition éponyme, un titre fleuve et ambitieux de près de 11 minutes. Le son est bourrin à souhait, ça tabasse sévère dès les premières notes. Les ingrédients si savoureux sont déjà bien présents: les rythmiques si typiques de Michael Romeo, complexes, tranchantes comme des lames de rasoirs, la frappe de mule de Jason Rullo, les nappes aériennes de Michael Pinella… Musicalement les américains placent immédiatement la barre très haute et s'en donnent à cœur joie. L'atmosphère générale est oppressante, lourde et poisseuse. Le chant toute en puissance, méchant, vindicatif de Russell Allen fait le reste et fini d'achever l'auditeur extatique. Les brûlots « The End Of Innocence » et « Dehumanized » déjà dévoilés aux fans finissent d'enfoncer le clou.

L'album est très très très lourd et agressif. Bien sûr les touches progressives sont toujours bien présentes via les multiples interventions des claviers mais SYMPHONY X durcit encore le ton, on est assez éloigné d'un V gorgé d'orchestrations et de passages plus doux. Il faut attendre la dernière composition « When All is Lost » pour voir le tempo baisser. On se trouve alors en présence d'un titre assez proche d'un « Candlelight Fantasia » ou « The Accolade » (The Divine Wings of Tragedy en 1997). Tout le reste de l'album n'est que violence, et fureur. Les natifs du New Jersey ont essayé de contrebalancer cette agressivité en soignant particulièrement les refrains pour les rendre presque catchy malgré le déluge de décibel (« Electric Messiah » ou encore « Prometheus »).

Techniquement c'est comme d'habitude, rien à redire, le son et la production sont très bons, les musiciens font preuve d'une classe et d'une virtuosité technique écœurante. Sur la longueur certaines compositions se ressemblent un peu mais cela de toute façon largement au dessus du lot.

J'ai été un peu déçu par ce Iconoclast lors de mes premières écoutes. Ce nouvel album reste très classique pour SYMPHONY X, la continuité est nette avec Paradise Lost, pas de révolution ni de surprise ici. C'est un peu dommage. L'ensemble est un peu moins accessible et il faut laisser du temps pour que les compositions prennent une ampleur nouvelle, écoute après écoute. On attendait un petit peu plus, mais vous passerez de bons moments avec un très très bon album.

Oshyrya (08/10)

 

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Nuclear Blast / 2011

Tracklist (62:58 mn) 01. Iconoclast 02. The End Of Innocence 03. Dehumanized 04. Bastards Of The Machine 05. Heretic 06. Children Of A Faceless God 07. Electric Messiah 08. Prometheus (I Am Alive) 09. When All Is Lost