Channel Zero – Feed ‘Em With A Brick
Posted by Mister PatateJuil 9
Si vous êtes citoyen de notre bon vieux Royaume de Belgique, à moins d’avoir été le compagnon de chambrée d’Oussama Ben Laden, vous n’aurez pas échappé au retour triomphant de Channel Zero. Des salles remplies (le groupe détient le record de soirées sold out à l’Ancienne Belgique), un CD-DVD live qui a permis aux malchanceux n’ayant pas pu obtenir un ticket de tout de même assister, par TV interposée, au retour du groupe, des passages en festival (on citera le Graspop, Rock Werchter l’année passée et entre autres les Lokerse Feesten et le Fortarock cette année) et un single, Black Flowers. Pour un groupe qui avait passé de très longues années à l’ombre, le retour aux affaires aura été chargé, et quoi de mieux qu’un nouvel album pour surfer sur cette vague du come-back ?
À l’époque de leur séparation, en 1997 les gars de Channel Zero avaient renoncé parce qu’ils ne parvenaient pas à concrétiser leur potentiel. La qualité était au rendez-vous, mais les ventes ne suivaient pas. Aujourd’hui, 14 ans après, le groupe revient avec un album dans un environnement tout à fait chamboulé. Aujourd’hui, il suffit de deux clics pour télécharger la discographie complète d’un groupe, et voilà ce qui m’amène à ma question centrale: Feed ‘Em With A Brick se vendra-t-il mieux que ces prédécesseurs ? A-t-il les qualités nécessaires pour rencontrer un vrai succès et permettre au groupe, enfin, d’obtenir la concrétisation qu’il méritait à l’époque ?
Pour pouvoir faire face aux groupes actuels, Channel Zero, autoproclamé « meilleur groupe que la Belgique ait jamais connu », a mis les petits plats dans les grands au niveau de la production : le son est massif, clair, chaque instrument occupe sa place sans empiéter sur les autres. À ce niveau, le boulot réalisé par Logan Mader (ex-Machine Head et déjà responsable de la production d’albums de Devildriver, Cavalera Conspiracy ou autres Psycroptic) est excellent et les oreilles prennent cher. Par ailleurs, les compos sont courtes (jamais au-dessus de la barre des 4 minutes, mis à part « War Is Hell » et ses sonorités presque indus). Channel Zero joue donc la carte des morceaux percutants, qui se retiendront en peu de temps. En gros, Feed ‘Em With A Brick se veut presque un album de singles.
Et c’est peut-être justement là que le bât blesse. Prenez « Hot Summer », premier single de l’album : à trop vouloir faire un morceau facile à retenir, Channel Zero tourne en rond très rapidement. Pour le reste, le groupe alterne entre passages franchement réussis (« Hammerhead » et son riff pesant, ou « War Is Hell », certes atypique mais, à mes yeux, un des morceaux les plus intéressants de l’album) et morceaux plus convenus, voire décevants (« Ocean » avec un Franky qui en rajoute des tonnes sur son chant, ou un « Guns Of Navarone » calibré FM… je ne serais d’ailleurs pas étonné de le voir squatter les ondes des radios belges… et tous les chroniqueurs s’étant répandus sur cet album en affirmant que Channel Zero n’avait pas fait de concessions dans ses compos et son ton devraient réécouter ce morceau en particulier). Envolée la hargne, disparue l’énergie qui faisait la qualité des albums de Channel Zero, nous n’avons affaire ici qu’à un groupe qui n’est plus que l’ombre de lui-même et qui, l’espace de quelques morceaux, fait encore illusion.
Vous l’aurez compris, Feed ‘Em With A Brick, à mes yeux, n’est pas la réussite que certains voudraient nous vendre. Certes, il a ses qualités et ses bons morceaux, mais l’enthousiasme / la nostalgie / le chauvinisme (barrez les mentions inutiles) ne sont pas suffisants pour occulter les défauts de la galette. Si au moins ils avaient eu la modestie de ne pas s’autoproclamer « meilleur groupe de Metal de l’histoire de la Belgique », peut-être aurais-je été un peu moins sévère…
Mister Patate (05.5/10)
Roadrunner Records / 2011
Tracklist (45:20 mn) 1. Hot Summer 2. Guns of Navarone 3. Electric Showdown 4. Freedom 5. In the City 6. Angels Blood 7. Side Lines 8. Hammerhead 9. Capitol Pigs 10. Ammunition 11. War Is Hell 12. Ocean
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