Archive for août, 2011

Black Country Communion – 2

Black Country Communion est assurément une très bonne nouvelle dans le monde un peu suranné du classic (hard) rock. Et ce pour tout un tas de raisons. D'abord car faire jouer franchement du hard rock au virtuose du blues rock Joe Bonamassa était une gageure auquel peu croyait tout en y aspirant secrètement. Puis parce que trouver un Glenn Hughes aussi fringuant n'était pas si évident après tant d'années (et d'excès). Pour finir, il est bien rare que les super-groupes tiennent la route dans le genre pratiqué (à la différence du jazz).

Or ici, la qualité est presque inespérée. Alors que le premier disque du groupe s'était déjà avéré convaincant, ce 2 enfonce le clou. Cela fait bien longtemps que Glenn Hughes n'avait pas atteint un tel niveau d'inspiration et de fraîcheur alors qu'il propose ici d'une musique typiquement ancrée dans les années 70 et donc loin d'être « à la page ». Si l'on évoque ici avant tout Glenn Hughes c'est que l'homme s'est fendu de la composition de la grande majorité des morceaux et excelle, par exemple, sur le tubesque « Man In The Middle » ou sur l'accrocheur et mélodique « Save Me » au refrain fort émouvant. Par ailleurs lorsque ses vocaux alternent avec Joe Bonamassa sur « An Ordinary Son », cela est du meilleur effet et l'on voit d'emblée là un filon à suivre pour le prochain album.

Même si Bonamassa n'a composé que deux titres ici (« An Ordinary Son » déjà cité et le somptueux et épique « The Battle For Hadrian's Wall » dans une veine assez progressive), sa présence est tout proprement lumineuse et on goûtera avec délice chacune de ses interventions, l'apex étant sans doute atteint lors des quelques notes du solo de « Cold ». Par ailleurs, sa flamboyance en solo n'écrase pas pour autant l'autre soliste, le clavièriste Derek Sherinan, nettement plus présent que sur le premier disque du combo ; les parties lead jouées à l'unisson feront évidemment frissonner de bonheur les vieux fans de Purple (dont je suis), notamment sur « The Outsider ». La référence au Pourpre Profond va de soit, ne serait-ce que parce Sherinan utilise de l'orgue hammond sur le disque, faisant planer l'ombre de John Lord sur ce 2. Pourtant l'influence n'est pas trop écrasante et celle de Led Zeppelin ou de Trapeze imprègne tout autant ce disque pour lui fournir une réelle identité et lui garantir une haute tenue de bout en bout.

Baptiste [8,5/10]

 

Site Officiel

Mascot Records / 2011

Tracklist (64:17) : 01. The Outsider 02. Man In The Middle 03. The Battle For Hadrian's Wall 04. Save Me 05. Smokestack Woman 06. Faithless 07. An Ordinary Son 08. I Can See Your Spirit 09. Little Secret 10. Crossfire 11. Cold

Chimaira – The Age Of Hell

Hamsterchimaira_The_Age_of_Hell1541120811Dans la rédaction, il faut bien avouer que ceux qui attendent avec impatience un nouvel album du groupe originaire de l'Ohio sont moins nombreux qu'auparavant. La faute en incombe sans doute à un cinquième album qui n'avait guère convaincu après le percutant "Resurrection" (2007). "The Infection" sorti en 2009 était un poil trop lourd, trop glauque et manquait singulièrement d'énergie.  D'une certaine manière, Chimaira s'était égaré sur de sombres chemins de traverses, et n'en est pas sorti totalement indemne. Au delà du changement de label, l'année 2010 s'est révélée pour le moins chaotique, le bassiste Jim LaMarca à quitté le navire le premier, suivi par le batteur Andols s'est fait de nouveau la malle, et enfin Chris Spicuzza (claviers et samples) met fin à 10 ans de collaboration avec le groupe. 

Dans une telle situation, l'alternative est simple, crever à petit feu ou rebondir. Pas de suspense insoutenable, Chimaira se sort revigoré par tous ces changements, et propose un sixième album plus accessible (mais pas moins brutal) que le précédent, aux oubliettes la lourdeur étouffante. Le titre éponyme ne laisse aucun doute sur la qualité de la mixture qui frappe fort d'entrée. 

Le rouleau compresseur reprend sa vitesse de croisière et l'on ne va pas déplorer cet état de fait ! Mieux encore, les compos plus lentes ne sont pas marquées par la torpeur qui envahissait The Infection, losing My mind, Time Is Running Out ou Beyond The Grave sont aussi accrocheuses et aggressives qu' l'entame musclée de The Age Of hell et d'autres missiles tels Born In Blood ou Trigger Finger. Le groupe ne se restreint pas à une seule atmosphère, et au fil de l'écoute de l'album, on ne peut que constater la solidité du nouveau line up. Le changement de section rythmique n'a pas entamé la puissance de feu du groupe. Chimaira conclut son retour en forme avec un titre instrumental Samsara, plutôt efficace, qui rappellera aux plus anciens fans l'album Impossibility Of Reason. D'ailleurs pas mal de détails rappellent cet album, son énergie, la variétés des compositions, les refrains accrocheurs (Losing My Mind) et une agressivité maîtrisée, sans pour autant virer à la copie carbone. En tout cas souhaitons que ce regain de vigueur ne soit pas un feu de paille. 

Hamster (08/10)

www.chimaira.com 

myspace.com/chimaira

www.facebook.com/chimaira

E1 music – SPV / 2011

Tracklist (49:50)

1. The Age of Hell 2. Clockwork 3. Losing My Mind 4. Time is Running Out 5. Year of the Snake 6. Beyond the Grave 7. Born in Blood 8. Stoma 9. Powerless 10. Trigger Finger 11. Scapegoat 12. Samsara

 

 

Suicide Silence – The Black Crown

oshy_11082011_Suicide_SilDire que le dernier Suicide Silence n’a pas suscité une vague d’enthousiasme au sein de la rédac est un doux euphémisme. Bon, au vu la moyenne d’âge de l’équipe et entre les indécrottables progueux, les fans de heavy traditionnel, nos amateurs de trucs bizarres et les vraies brutes de la rédac, il est clair qu’il était difficile de trouver un candidat rêvé pour se coltiner The Black Crown. Beh oui, Suicide Silence, c’est du Deathcore, de la musique de djeunz en quête de ramonage violent des conduits auditifs, des petits gars qui portent des t-shirts aux motifs fluos et ont les lobes d’oreilles distendus par des anneaux taille « jante alu 17 pouces ». Il fallait donc un être insouciant ou une ordure finie pour chroniquer cette nouvelle offrande du gang du Tatoué… Pas de bol pour eux, l’être insouciant était trop occupé à gambader dans les fleurs.

Sur The Black Crown, Suicide Silence fait de la merde générique. Voilà, c’est dit, pas de préambule, d’intro à rallonge ou de suspense, j’ai décidé d’adopter la technique « Columbo » : comme dans la série, dès la première minute, vous savez qui a fait le coup, ça plombe le suspense mais vous vous demandez quand même comment sera dévoilé le nom du coupable. Beh voilà, ici, c’est pareil : vous savez déjà que c’est de la merde, vous vous demandez seulement comment je vais vous expliquer cela.

En fait, Suicide Silence est le porte-étendard de toute cette mouvance Deathcore et ceci explique peut-être pourquoi je suis aussi radical avec eux. Prenez les autres groupes du genre : pourquoi irais-je perdre dix minutes de ma vie à coucher sur le papier une chronique d’un de leurs albums ? Suicide Silence était justement un des rares qui parvenaient à me faire hausser un sourcil en signe de surprise (une performance pour un groupe de Deathcore), mais l’étincelle a disparu au profit d’une soupe sans âme et peu inspirée. The Black Crown est une enfilade de plans Deathcore éculés et faussement brutaux… Les gars, il ne suffit pas de pondre un gros riff bien grave, de prendre une petite touche Djent (O.C.D.) et de se la jouer Faille de San Andreas sur la section rythmique pour être brutal, il faut des tripes, et The Black Crown en manque cruellement. Niveau textes, on frôle même le ridicule avec « Fuck Everything » qui semble tout droit tiré du journal intime d’un ado mal dans sa peau. Franchement, je pourrais me farcir un bol de soupe « alphabet » et chier de meilleurs textes que ça. 

Si le naufrage n’est pas complet, c’est grâce à l’apparition presque divine de Jonathan Davis sur « Witness The Addiction »… Mais ce n’est pas suffisant pour masquer le terrible manque de qualité de cet album. Pis encore, il met le doigt où ça fait mal : Suicide Silence est encore capable de nous surprendre, mais il préfère se vautrer dans le Deathcore de base. Un beau gâchis.

Mister Patate (01/10)

www.suicidesilence.net

www.facebook.com/suicidesilence

Century Media Records / 2011     
Tracklist (39:19)  01. Slaves to Substance 02. O.C.D. 03. Human Violence 04. You Only Live Once 05. Fuck Everything 06. March to the Black Crown 07. Witness the Addiction (feat. Jonathan Davis of KoRn) 08. Cross-Eyed Catastrophe 09. Smashed (feat. Frank Mullen of Suffocation) 10. The Only Thing That Sets Us Apart 11. Cancerous Skies