Black Country Communion est assurément une très bonne nouvelle dans le monde un peu suranné du classic (hard) rock. Et ce pour tout un tas de raisons. D'abord car faire jouer franchement du hard rock au virtuose du blues rock Joe Bonamassa était une gageure auquel peu croyait tout en y aspirant secrètement. Puis parce que trouver un Glenn Hughes aussi fringuant n'était pas si évident après tant d'années (et d'excès). Pour finir, il est bien rare que les super-groupes tiennent la route dans le genre pratiqué (à la différence du jazz).
Or ici, la qualité est presque inespérée. Alors que le premier disque du groupe s'était déjà avéré convaincant, ce 2 enfonce le clou. Cela fait bien longtemps que Glenn Hughes n'avait pas atteint un tel niveau d'inspiration et de fraîcheur alors qu'il propose ici d'une musique typiquement ancrée dans les années 70 et donc loin d'être « à la page ». Si l'on évoque ici avant tout Glenn Hughes c'est que l'homme s'est fendu de la composition de la grande majorité des morceaux et excelle, par exemple, sur le tubesque « Man In The Middle » ou sur l'accrocheur et mélodique « Save Me » au refrain fort émouvant. Par ailleurs lorsque ses vocaux alternent avec Joe Bonamassa sur « An Ordinary Son », cela est du meilleur effet et l'on voit d'emblée là un filon à suivre pour le prochain album.
Même si Bonamassa n'a composé que deux titres ici (« An Ordinary Son » déjà cité et le somptueux et épique « The Battle For Hadrian's Wall » dans une veine assez progressive), sa présence est tout proprement lumineuse et on goûtera avec délice chacune de ses interventions, l'apex étant sans doute atteint lors des quelques notes du solo de « Cold ». Par ailleurs, sa flamboyance en solo n'écrase pas pour autant l'autre soliste, le clavièriste Derek Sherinan, nettement plus présent que sur le premier disque du combo ; les parties lead jouées à l'unisson feront évidemment frissonner de bonheur les vieux fans de Purple (dont je suis), notamment sur « The Outsider ». La référence au Pourpre Profond va de soit, ne serait-ce que parce Sherinan utilise de l'orgue hammond sur le disque, faisant planer l'ombre de John Lord sur ce 2. Pourtant l'influence n'est pas trop écrasante et celle de Led Zeppelin ou de Trapeze imprègne tout autant ce disque pour lui fournir une réelle identité et lui garantir une haute tenue de bout en bout.
Baptiste [8,5/10]
Mascot Records / 2011
Tracklist (64:17) : 01. The Outsider 02. Man In The Middle 03. The Battle For Hadrian's Wall 04. Save Me 05. Smokestack Woman 06. Faithless 07. An Ordinary Son 08. I Can See Your Spirit 09. Little Secret 10. Crossfire 11. Cold