Et de 11 en 19 ans pour Marduk, fer de lance de la scène black suédoise, et que de chemin parcouru ! En effet, si l’on compare le Marduk actuel aux Marduk des origines, que reste-t-il, à part Morgan et Devo (même si ce dernier aura été absent pendant près de 10 ans avant de revenir sur Plague Angel) ? Pas grand-chose… Au fil des ans, Marduk a su évoluer, muer et, en passant par différents stades, devenir un groupe incontournable. Sa dernière évolution en date, Rom 5:12, exhalait une maîtrise diabolique, le tout transcendé par une production époustouflante… La tâche s’annonçait dès lors ardue pour faire encore mieux. Marduk avait-il placé la barre trop haut ?
Les choses semblaient pourtant bien commencer, avec un "Nowhere, No-One, Nothing" qui, sans être exceptionnel, constitue une bonne entrée en la matière, mais, au fur et à mesure que les titres s’égrenaient, une impression plutôt désagréable s’est installée au fond de moi, comme si quelque chose s’était cassé.
Mortuus, tout d’abord, qui nous avait habitué, tant sur ses albums de Funeral Mist que chez Marduk, à des prestations haineuses et possédées, semble légèrement en retrait, comme émoussé. Mis à part sur quelques morceaux plus « orthodoxes », tels que "Phosphorous Redeemer" où i l semble retrouver sa verve, on le sent las, presque fatigué, comme si son inspiration était quelque peu épuisée à la suite de la sortie du dernier Funeral Mist plus tôt cette année.
Lars Broddesson, ensuite, avait la lourde tâche de succéder à Emil Dragutinovic qui, après 4 albums, avait décidé de quitter le groupe pour se consacrer à ses autres projets, et Lars n’est pas Emil, loin s’en faut. Sans être pour autant catastrophique, sa prestation semble plus « rangée », moins inspirée que celle d’un Emil ou d’un Fredrik (qui officiait notamment sur Nightwing).
Et enfin, il y a ces morceaux « ambient », que je qualifierais, cette fois, plutôt de bouche-trous, tels que "Funeral Dawn" (qui semble tout droit sorti des studios où fut enregistré Maranatha) ou "Unclosing The Curse". Contrairement à leurs homologues sur les deux albums précédents, ils ne parviennent pas à créer cette atmosphère oppressante qui faisait l’efficacité d’un "1651", par exemple. Ici, tout ceci semble creux, vide, poussiéreux.
Wormwood est-il pour autant un échec sur toute la ligne ? Non, assurément pas. Malgré ces défauts qui, à mes yeux, sont tout de même majeurs, Marduk parvient à éviter le naufrage complet, grâce à ces quelques morceaux qui, faute d’être jouissifs, restent efficaces. Peut-être que le pire défaut de Wormwood est, justement, d’être un album de Marduk, perdu au milieu de véritables monuments à la gloire du Black Metal, tels que Nightwing ou Heaven Shall Burn… When We Are Gathered. Marduk est bien loin de la maestria étalée sur Rom 5:12, mais il reste, malgré tout, un incontournable, même lorsque sa dernière offrande n’est « que » moyenne…
Mister Patate (07/10)
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Regain Records / 2009
Tracklist (45:52) 1. Nowhere No-One Nothing 2. Funeral Dawn 3. This Fleshly Void 4. Unclosing the Curse 5. Into Utter Madness 6. Phosphorous Redeemer 7. To Redirect Perdition 8. Whorecrown 9. Chorus of Cracking Necks 10. As a Garment