Second volet du triptyque annoncé, et quelques mois seulement après 777- Sect(s), Blut Aus Nord nous revient avec sa suite tant attendue, j’ai nommé 777 – The Desanctification. Un album étonnant déjà visuellement, avec un artwork qui n’est, de prime abord, pas vraiment en lien avec le précédent, mais qui colle finalement bien à l’ensemble proposé musicalement.
Et une fois n’est pas coutume, les français poursuivent sur leur lancée et étonnent l’auditeur, en nous proposant un album au contenu imprévisible et plein de paradoxes. Dès les premiers instants de l’epitome VII, BAN annonce en effet la couleur : il s’agit ici en quelque sorte de déconstruire, d’une main de maître, ce qui a été proposé avec l’opus précédent et de lui donner une couleur nouvelle. The Desanctification donne en effet l’impression, tout d’abord de former un ensemble presque dépouillé et poli, davantage basé sur le côté ambiant et industriel, plus abordable que l’œuvre précédente. Les rythmiques sont pour ainsi dire mécaniques, industrielles, les vocaux plus que jamais inhumains, parfois passés à l’envers, forment une sorte de monologue intérieur glauque et torturé, et les riffs froids et entêtants tournent en boucle, hypnotisants, alors que la section rythmique semble venir de loin, imposant à l’ensemble un tempo martial et pour ainsi dire lointain et moins pesant que d’habitude. Les lignes mélodiques forment des thèmes qui happent littéralement l’auditeur et qui le font glisser lentement mais surement dans d’un abime noir et glacial, accompagné par quelques cris clairs venus des profondeurs…et pourtant, c’est surprenant mais le groupe laisse percer quelques rayons d’une obscure lumière (Cf. « Epitome IX »), rayons qui viennent nuancer le propos. Le Black Metal est lentement transcendé.
Ce second volet de la trilogie est à mon avis plus prenant, et carrément plus surprenant, et moins hermétique que le précédent. BAN semble se réinventer tout en nous proposant un ensemble qui porte indubitablement sa griffe. Fort. La sensation de déstructuration et de distorsion est puissante, mais le groupe arrive à glisser par-dessus cela des lignes fluides qui portent en elles une ouverture évidente, comme si derrière un rideau d’obscurité poussaient quelques rayons d’une lumières de plus en plus forte. La dissonance côtoie la mélodie, jusqu’à l’assaut final, ou une sorte d’accalmie joue au chat et à la souris avec un certain malaise, laissant chacun sa place à l’autre dans un tourbillon vertigineux qui donnera le tournis à l’auditeur. Blut Aus Nord se fait stellaire et abyssal à la fois, jouant avec les contrastes, dans une sorte de longue diatribe voyant s’affronter les étoiles et l’abime. Vraiment très fort. Quelle forme pourra bien prendre BAN pour le dernier volet de cette trilogie, je ne saurai le dire… cette seconde partie m’a en tout cas rendu bien impatient de connaitre la suite –et la fin- de cette aventure en trois parties.
Sheol (08.5/10)
Debemur Morti / 2011
Tracklist (42:47 mn) 01. Epitome VII 02. Epitome VIII 03. Epitome IX 04. Epitome X 05. Epitome XI 06. Epitome XII 07. Epitome XIII