17221996 marque un tournant décisif pour Marduk. Malgré la qualité indéniable des albums précédents, il manquait encore, à mes yeux, ce petit quelque chose qui permettrait au groupe de passer du statut de bon groupe à celui de pilier du genre. Le catalyseur de cette évolution fulgurante n’est autre qu’Erik Hagstedt, mieux connu sous le surnom de Legion et qui, jusqu’alors, avait officié chez Ophtalamia. En l’espace de 35 minutes, Marduk allait être propulsé au premier rang avec ce qui, selon, reste encore le meilleur album de Marduk à l’heure actuelle.

En effet, ce premier opus avec Legion est, en quelque sorte, une synthèse de toutes les facettes de la musique du groupe, et chaque morceau constitue, à lui seul, une véritable démonstration. Dès les premiers riffs de « Beyond The Grace Of God », la mue est évidente, le groupe a bouffé du lion et démarre sur les chapeaux de roues. Les riffs sont acérés comme des lames de rasoir, la basse apporte un peu de rondeurs au son (une basse audible sur un album de Black Metal, c’est assez rare pour le signaler !), le batteur est au sommet de son art (Fredrik Andersson, ex-Triumphator, groupe d’un certain Mortuus)… Alternant cavalcades furieuses et mid-tempo pesant, dissonances et mélodies (« The Black Tormentor Of Satan » et son côté un poil mélodique), et se hasardant même à une reprise d’un morceau de Modeste Moussorgski (« Glorification OF The Black God » qui n’est autre qu’une réinterprétation d’« Une Nuit Sur le Mont Chauve »), Marduk nous livre déjà une prestation mémorable. 

Cependant, ce disque n’aurait pas eu le même impact si le chant n’avait pas été assuré par Legion. Certes, son timbre et sa tessiture ne plaisent pas à tout le monde, mais il était incontestablement, à l’époque, un des frontmen les plus efficaces du genre. De plus, que ce soit sur des morceaux supersoniques (« Beyond The Grace Of God », « Legion », « The Black Tormentor Of Satan ») ou sur l’écrasant « Dracul Va Domni Din Nou In Transilvania » (un avant-goût de ce qui nous attendait sur Nightwing), Legion est à l’aise et maîtrise son sujet. 

15 ans après sa sortie, Heaven Shall Burn… When We Are Gathered reste encore un album incontournable, non seulement pour les fans du groupe, mais aussi pour les amateurs de Black Metal en général. À mes yeux, seul Nightwing (et, à la limite, Rom 5:12, sous l’influence de Mortuus) peut rivaliser avec ce chef d’œuvre qui n’a pas pris une ride tout au long de ces années. Indispensable !


Mister Patate (10/10)

Site Officiel
Myspace Officiel 

Osmose Productions / 1996
Tracklist (35:40) 1. Summon the Darkness 2. Beyond the Grace of God 3. Infernal Eternal 4. Glorification of the Black God 5. Darkness It Shall Be 6. The Black Tormentor of Satan 7. Dracul Va Domni Din Nou In Transilvania 8. Legion