Ektomorf n'est pas vraiment un groupe qui jouit d'une excellente réputation en France alors qu'il connait un certain succès en Allemagne, à l'image de Tokyo Hotel -juste pour signaler que l'Allemagne, si elle fait souvent preuve de bon gout en Metal, est aussi la terre natale d'autres réalisations moins…pertinentes, dirons nous.

Ektomorf semble coincé, comme un chewing gum à la semelle de ta godasse, à Soulfly. Pourtant, à chaque sortie, c'est pareil, c'est le même refrain :  pas un chroniqueur, pas un journaliste, pas un commentateur ne loupe les Hongrois, chacun rappellant à sa manière l'extraordinaire ressemblance entre les deux groupes. Personnellement, j'ai presque totalement décroché d'Ektomorf en 2004 avec Destroy, j'ai juste eu un petit soubresaut en rachetant à Mr Patate une série d'album d'occasions, ou j'avais laissé se glisser Outcast il y a quelques années de ça. Et rien de folichon là-dedans.

Voilà que 6 années plus tard, en guise de 8ième album (et sans doute 6 de trop), Ektomorf reviens à nous, encore dirons certains, avec un petit défi supplémentaire. La raison pour laquelle je me suis laissé prendre au jeu est le pari du groupe : un album acoustique.

L'acoustique, en Metal, c'est quitte ou double, ça passe ou ça casse. Les riffs un peu basique du Metal (penta, simples accords 3 notes voire simples notes) et joués de manière un peu aggressive, ça passe très bien avec un gros ampli bourré de distortion, mais ça ne ressemble plus à rien en version acoustique. L'acoustique demande un style de jeu différent. Je ne dirais pas "plus calme" ou "plus posé", parce que nombreux sont les bluesmans, ou jazzman -souvent en manouche-, à attaquer leurs guitares avec pas mal d'aggressivité. C'est donc vraiment une question de style : à mon sens, le Metal, c'est pas fait pour l'acoustique.

Ektomorf contourne une partie du problème en ne jouant pas à 100% en acoustique. La basse semble être une vraie basse et les guitares (electro-)acoustiques sont bien branchées et même souvent, on perçoit un peu de gain dans le son. Tricheurs ! De plus, ce nouvel album n'en est pas vraiment un, pas complètement. Sur 12 titres, 2 sont des reprises, 5 sont de vieux morceaux réenregistrés en acoustique et seuls 5 autres sont de véritables nouveautés.

Les deux reprises sont à mon avis plutôt réussies, et c'était pas gagné d'avance car «Simple Man» est tout simplement ma chanson fétiche, y toucher, c'était risquer de s'attirer mes foudres, mais je dois avouer qu'Ektomorf s'en tire très bien, c'est pas Lynyrd Skynyrd, mais c'est pas mal du tout. La reprise de Johnny Cash tire, elle aussi, ses marrons du feu. Nous serons sans doute d'accord pour dire que les reprises, c'est toujours mieux en original. Mais il faut reconnaitre que, bien fait, ça fait toujours plaisir au détour d'un album.

Jusque là, même si ce n'est pas dans l'ordre de la tracklist, la bande à Zoltàn s'en tire bien, mais après, ça se gâte. Les anciens titres ne passent pas, il n'y a rien à faire. «I Know Them» ne ressemble plus à rien, «I'm in Hate», pareil. La sauce à du mal à prendre, la voix est trop aggressive par rapport aux riffs qui font claquer les cordes des grattes acoustiques et on est pris de l'envie de gueuler "mais vas-y, merde, sors toi les doigts du cul, prend une vrai guitare !". Comme préssenti, les riffs Metal sauce acoustique, c'est NAN, ça marche pas du tout ! Si tu veux faire de l'acoustique, c'est une très bonne idée, mais tu fais autre chose, pas du Metal, capich' ? Merde quoi…

Pire, et c'était à craindre, certains titres sont des ôdes à Nickelback ou Staind, de vraies mievreries comme t'en vois rarement passer, je pense tout spécialement à «To Smoulder», qui fera pleurer dans les chaumières les gros méchants Metalleux. Certains morceaux tirent leur épingle du jeu, mais c'est limite («Again» ou «Fate»).

Sans surprise, on retrouve notre viel ami Tue Madsen, décidément dans tous les mauvais bons coups, derrière les manettes. Rien de ouf-dingue dans la production qui ne mérite d'être relevé. C'est classique de chez classique.

Retenons de cet album qu'Ektomorf semble vouloir changer, au bout de 7 cd, d'image de marque, bien que je ne sois pas sur que passer de "Soufly-like" à "Nickelback-like" soit une grande réussite, il faut marquer un point pour l'effort. Les reprises sont sympas, le défi est là, bien relevé sans doute pas, mais bon, on s'y attendait, pas de surprises ici.

Pour les soirées de Metalleux au coin du feu, sans plus.

[04/10] Poney

Site : http://www.ektomorf.com/

Myspace : http://www.myspace.com/ektomorf

AFM Records 2012

01.I Know Them, 02.I´m In Hate, 03.Be Free, 04.Redemption, 05.Simple Man (Lynyrd Skynyrd cover), 06.To Smoulder, 07. Folsom Prison Blues (Johnny Cash cover), 08.Again, 09.Through Your Eyes, 10. Fate, 11.Stigmatized, 12. Who Can I Trust.