Quand on reçoit des dizaines d'albums à chroniquer chaque mois, il peut arriver que l'on soit tenté d'expédier un article sur le dernier opus d'un groupe plus ou moins obscur, pour se précipiter sur les sorties plus importantes de grosses écuries. C'est humain, mais voilà une paresse d'une injustice flagrante pour le groupe concerné, et c'est bien pour cette raison qu'on évite cette tentation dans la rédaction, quitte à voir des piles d'albums s'amonceler. Et pourtant à la première écoute de l'album Trist d'Hellsaw, une écoute peu attentive l'aurait passé à la trappe, tant les apparences sont trompeuses.  Hellsaw un banal groupe de Black Metal ? Pas si simple.
Ce quatrième album du groupe autrichien qui fête ses dix ans d'existence à la gloire de la noirceur et du Black Metal mérite qu'on lui accorde un poil plus d'attention. A première vue, Hellsaw délivre avec constance des compos solides et hargneuses s'appuyant sur une production décente (sombre et glauque mais pas crade tendance amateur qui bricole dans sa cabane au fond des bois), en soit c'est déjà appréciable, efficace à défaut d'inventer le maquillage de panda furieux. On a une furie maîtrisée qui pourrait être assez banale si le groupe n'avait pas distillé tout au long de l'album des passages mélodiques et atmosphériques qui tranchent avec les assauts primaires et brutaux. Les amateurs de Black Metal rageur pourront se satisfaire de la furie et des blasts d'un Sorrow Is Horror, mais ils pourront apprécier les incursions plus lumineuses de la fin du morceau Doom Pervades My Nightmares ou d'un Silence qui conclut magistralement l'album pour ne citer que ces compos. On appréciera aussi le fait que le groupe n'abuse pas de grosses ficelles traditionnelles pour aérer le propos, juste un soupçon de chant religieux sur Death Bells en guise d'intro par exemple. Hellsaw ne se cantonne pas au rôle de second couteau sachant faire aussi bien que nombre de légendes norvégiennes, il apporte sa pierre à l'édifice en ajoutant des éléments qui sortent Trist de l'ordinaire. A découvrir.
 
Hamster (08/10)
 
 
Napalm Records / 2012
 
Tracklist (43 minutes)
1. The Devil is Calling My Name 2. Sorrow is Horror 3. Doom Pervades My Nightmares 4. Forerunner of the Apocalypse 5. Death Bells 6. Trist 7. A Winter Cold 8. Beldam 9. Silence