Archive for mars, 2012

Depuis quelques années, on voit apparaître de plus en plus de groupes du Maghreb ou du Moyen-Orient, de manière générale, ce qu'on appelle parfois un peu hâtivement « les pays Arabes ». Oh, pas par brouettes entières au point qu'on ne sait plus quoi en faire, non, c'est encore un peu confidentiel, mais on sent que ça pousse. Bien que souvent il en ressort un côté un peu amateur, certains groupes arrivent avec un packaging et un niveau qui n'a rien à envier aux groupes d'Europe ou d'Outre-Atlantique.

Pour un chroniqueur de musique Metal, ces groupes ont un petit coté spécial : ces régions du monde, souvent caricaturées dans nos médias, abandonnées dans nos esprits à des zones floues dans lesquelles se cacherait un islamiste derrière chaque caillou, rongées de l'intérieur par une religion toujours trop encombrante, seraient, pour rester soft,  des pays de laissés-pour-compte de la raison, un véritable carcan religieux pour eux et de pensée pour nous, tant il semble impossible, pour un occidental basique, à penser en dehors de sa semaine all-in à Djerba, du soleil, du Ras El Hanout et, bien sur, de l’obscurantisme religieux le plus vil.

Vielikan, donc, vous l'aurez compris, vient d'un de ces pays, la Tunisie plus exactement, patrie de la Harissa et de Djerba, ses piscines pour touristes et ses autochtones sans eau la journée, mais pas que : la Tunisie s'est aussi la Revolution, Ben Ali et MAM, le feu au poudre à toute la région et surtout, après tout ces évênements, vu d'Europe toujours, des Islamistes. La dernière chose qu'on s'attends, a priori, à voir sortir de ce foutoir à fausses bonnes idées journalistiques, c'est bien un groupe de Death/Black Metal, et encore moins un bon.

Ce premier album des Tunisiens s'étend sur 7 morceaux et un peu plus de 60 minutes, c'est donc aussi 7 longs titres et un côté progressif très assumé dans la musique. Bien sur, la longueur de ces morceaux ne suffit pas à faire de A Trapped Way For Wisdom un album de Death/Black progressif. L'album est donc parsemé d'ambiances et d'harmonisations toujours bien choisies et surtout, assez différentes. La chose qui marque dès la première écoute de l'album, c'est le nombre assez important d'influences un peu disparates que l'on retrouve ci et là. En fait, Vielkan n'hésite pas à faire planer littéralement ses guitares alors que le chant reste très rude (« A Trapped Way For Wisdom », « Black Marsh »), ce qui crée un peu de tensions dans la musique, que je trouve vraiment bien venue. Le chant me fait parfois un peu penser à celui de Joe (Gojira), pas tout le temps, mais sur certains passages (« A Shelter Of Flesh In The Void »). Une autre influence très claire, immanquable, est celle d'Opeth. Derrière ces deux groupes de Death, certaines harmonies et certains accords ne font pas tout à fait appel aux classiques du genre. Vielkan serait influencé par quelque musique Folk que je ne serais guère surpris, voir même, par le Doom (encore sur « A Shelter Of Flesh In The Void »).

Les titres sont toujours entre la brutalité du Death et l'harmonie, la mélodie voir la douceur des musiques progressive. Vielkan réussit à bien ficeler son paquet, c'est vraiment une réussite, pour un groupe qui semble venu de nulle part (au propre, comme au figuré). Et ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas ici de bonté ou gentillesse accrue pour un groupe « exotique », mais bien un constat réel : A Trapped Way For Wisdom est un très bon album qui plaira beaucoup aux amateurs du genre. De plus, malgré qu'il soit auto-produit, l'album sonne plutôt bien. Certes, la MAO à fait d'énormes progrès ces dernières années et presque n'importe qui peut faire sonner un groupe à peu près convenablement avec un peu de temps et d’intérêts, mais il faut souligner que Vielkan ne sonne pas comme le groupe du garage du coin.

Un très bon premier album donc, Vielkan se place d'entrée de jeu comme un groupe à surveiller. La Tunisie, ce n'est plus seulement la Harissa, Ben Ali et Djerba, c'est aussi Vielikan. Message aux labels : voilà un groupe à signer !

[8/10] Poney

Facebook : http://fr-fr.facebook.com/Vielikan

Myspace : http://www.myspace.com/vielikan

Autoproduction – 2012

01. The Beginning Of All Remorse, 02. A Shelter Of Flesh In The Void, 03. Zero Affection, 04. Black Marsh, 05. A Vertiginous Fall, 06. A Trapped Way For Wisdom, 07. Celestial Autumn

Death – Vivus!

On dit toujours que ce sont les meilleurs qui partent les premiers. Quelle connerie. La preuve, je suis encore là. Cependant, quand on y réfléchit bien, le monde du Metal a en effet déjà perdu quelques-uns de ses plus grands pionniers, dont le grand Chuck Schuldiner qui nous a quittés il y a presque 11 ans. Voilà qui ne nous rajeunit pas. Les plus jeunes d’entre nous, ou ceux qui n’ont jamais eu la chance de voir Death en live, pourront se consoler avec Vivus!, le « nouvel » album live de Death proposé par Relapse Records.

Au menu, deux concerts, le premier enregistré à Eindhoven et le deuxième à L.A. Cela vous semble familier ? Pas étonnant, il s’agit en fait des fameux Live In Eindhoven et Live in L.A. sortis à l’époque. En gros, nous avons donc affaire ici à une opération marketing consistant à regrouper en une sortie deux live du groupe, avec un nouvel artwork et quelques annotations par les membres du groupe. Rien de neuf sous le soleil, donc.

Alors, superflu ? Pas vraiment. En effet, ces enregistrements live étant difficiles à trouver, tout amateur du groupe se réjouira de les trouver à un prix correct, d’autant plus que la qualité est au rendez-vous : setlist aux oignons, son clair et un groupe au sommet de son art. Si vous les aviez déjà, par contre, passez votre chemin et chérissez ces petits bijoux.

[réédition de live] Mister Patate

Site officiel : www.emptywords.org

Relapse Records – 2012
Tracklist 1. The Philosopher 2. Spirit Crusher 3. Trapped in a Corner 4. Scavenger of Human Sorrow 5. Crystal Mountain 6. Flesh and the Power It Holds 7. Zero Tolerance 8. Zombie Ritual 9. Suicide Machine 10. Together as One 11. Empty Words 12. Symbolic 13. Pull the Plug 14. The Philosopher 15. Trapped in a Corner 16. Crystal Mountain 17. Suicide Machine 18. Together as One 19. Zero Tolerance 20. Lack of Comprehension 21. Flesh and the Power It Holds 22. Flattening of Emotions 23. Spirit Crusher 24. Pull the Plug

 

 

 

 

 

 

1. Quel est votre état d’esprit quelques semaines avant la sortie (le 30/03) de From the Past ?

Et bien, le travail de promo me prenant pas mal de temps en ce moment, je n'y pense pas trop mais je suppose que le 29 au soir je ne dormirai pas beaucoup! J'ai évidemment quelques appréhensions concernant le fait que l'album soit bien accueilli ou pas, mais je pense quand même avoir travaillé de façon cohérente pour n'avoir aucun regret donc… comme on dit, il n'y a plus qu'à!

 

2. Que pouvez-vous nous dire des sessions d’enregistrement ? Quelles sont vos principales influences ?

Les sessions d'enregistrement se sont déroulées un peu au fur et à mesure de la composition car rien n'étant prémédité, j'ai fait ça un peu comme ça venait (sauf à la fin où je voyais beaucoup plus clair sur le résultat à atteindre). Tout cela a donc commencé il y a plus de 4 ans quand j'ai composé « War for the world ». Je sortais tout juste de la composition du 1er album et je voulais déjà explorer d'autres territoires jusque-là inconnus pour MELTED SPACE, en orientant clairement plus les choses vers le métal et en faisant appel à d'autres musiciens, notamment à des chanteurs. Le titre s'est développé et j'ai lancé les enregistrements dans la foulée. Petit à petit les choses ont évolué et j'ai fait appel à d'autres chanteuses/chanteurs et il a fallu trouver à chacun une solution adaptée à sa situation géographique, son planning, le budget… Les sessions se sont donc réparties entre une petite quinzaine de studios sur 3 ans. Cela a été un gros travail de gestion mais on y est arrivé ! Au niveau de mes influences, cela est assez varié… J'écoute pas mal de choses qui vont de la musique classique au sens large jusqu'à du black métal enregistré dans une cave. Ceci dit, j'ai une petite préférence pour ce qui contient de l'orchestre ou ce qui est un peu conceptuel donc beaucoup de musiques de film, de groupes de métal symphonique (de DIMMU BORGIR à EPICA), du prog (DREAM THEATER, AYREON, PLANET X…), mais aussi des choses un peu plus « rentre-dedans » comme IMMORTAL, BELPHEGOR, NILE…

 

3. Cette aventure évoque forcément les réalisations d’Arjen Lucassen par son ambition et le nombre d’invités. Est-ce un modèle pour vous ?

Oui! Je mentirai horriblement si je disais le contraire… Je suis un inconditionnel de ce qu'il fait depuis que je suis ado. Il est l'une des inspirations majeures de MELTED SPACE bien que le style soit sensiblement différent. C'est un modèle à bien des égards mais dans ce genre-là, il n'est pas le seul, j'ai aussi une profonde admiration pour Tobias Sammet et son AVANTASIA.

 

4. Comment avez-vous réussi à convaincre la crème de la scène métal underground française de contribuer à votre projet. Quelle ont été vos principales difficultés ?

Je me demande encore comment j'ai réussi à réunir autant de monde autour de ce projet…Certains n'ont pas été très longs à convaincre car de sont des potes de longue date donc un mail, un coup de téléphone, une discussion autour d'une bière et la chose était entendue. J'ai contacté tous les autres par mail en leur expliquant le projet, le rôle que je leur destinais et après avoir écouté ils ont dit « oui » pour mon plus grand bonheur! La difficulté principale a été la gestion des planning de chacun, un véritable casse-tête! Tous ont des groupes qui tournent un peu, beaucoup voire énormément pour certains, il n'a donc vraiment pas toujours été simple de trouver un créneau pour enregistrer. Je pense notamment à Virginie (Goncalves, KELLS) qui ne disposait que d'une matinée entre deux tournées. J'ai donc dû aller l'enregistrer moi-même dans son salon. Un souvenir mémorable! Elle a été d'une efficacité redoutable et le tour était joué en une heure. J'évoquerai une autre difficulté non négligeable tout de même: le mixage. Il s'est étendu sur 3 mois, 1 mois pour l'orchestre, 2 mois pour le grand mélange entre orchestre, voix et instrus électriques. J'en profite donc pour remercier Jean-Christophe Banaszak et Axel Wursthorn qui se sont attaqué à ces centaines de pistes et qui ont réussi à faire prendre vie à tout cet univers. Ils ont fait un travail de titan et s'en sont vraiment tirés haut la main même si cela n'a pas été de tout repos tous les jours.

 

5. Vous avez décidé de développer un concept autour des mythologies (chrétienne, grecque, scandinave) Pourquoi ce choix, est-ce un sujet d’intérêt personnel ?

Oui, j'ai toujours été fasciné par tout ce qui approche de près ou de loin à la mythologie en tant que tel. Des histoires de dieux, démons, anges, demi-dieux… ca fait rêver ! Mais cela n'est pas limité aux mythologies traditionnelles que tu cites car en général, je suis très friand de livres, films, jeux, dessins animés qui arrivent à proposer un univers construit, cohérent permettant de s'immerger complètement et de voyager très loin. MELTED SPACE est en quelque sorte une façon de créer ma propre mythologie avec mes propres héros. J'emprunte un dieu par-ci, un héros par-là et je fais ma sauce. Ca me convient bien et j'espère pouvoir continuer dans cette voie.

 

6. Vous semblez aimer les extrêmes. Après un 1er album instrumental, voici un double album avec de si nombreux chanteurs. Qu’en dit votre psychanalyste ?

Le pauvre est devenu fou ! Blague à part, je suis en effet assez ambivalent et je n'aime pas faire les choses à moitié ce qui m'emmène souvent dans des choses « extrêmes ». Avec MELTED SPACE, je suis dans l'exploration constante, j'aime donc aller le plus loin possible dans chaque direction de façon à ne rien laisser au hasard. C'est ça qui me fait avancer et évoluer je pense. C'est le fait d'avoir fait un album complètement instrumental qui m'a poussé à aller voir ailleurs pour voir si cela pourrait me plaire également. Et c'est cette envie de voir ailleurs qui m'a poussé à travailler avec autant de monde. Je pense qu'à l'avenir, si je dois encore explorer de nouvelles choses, je ne manquerai pas de le faire à fond.

 

7. Pouvons-nous espérer voir ce concept développé sur scène en France ?

Je suis en train d'y réfléchir justement. Je sais que malheureusement, l'idée de réunir tout le monde sur scène le même jour relève de la mission impossible, je pense donc que cela prendrait la forme d'un groupe « élargi » façon AVANTASIA ou AYREON que nous évoquions tout à l'heure. Je tiendrai très vite au courant de tout ces nouveaux projets.

 

8. Comment voyez-vous la scène métal française ?

Je la vois très bien et assez en forme en fait. Plein de groupes qui se bougent pour faire des choses, pour tester des trucs. C'est assez motivant de travailler dans une époque comme celle-ci. Tous les jours on découvre un nouveau groupe qui a de bonnes idées ou on redécouvre un groupe que l'on pensait connaître et qui s'est remis en question pour pondre une bombe. J'entends dire plein de choses pas forcément positives mais je ne suis pas d'accord avec tout ça, on a une scène métal qui tient vraiment la route avec de très bons groupes. Par contre, on dispose de vraiment très peu de moyens pour pratiquer notre passion et cela peut devenir décourageant. J'ai beaucoup d'admiration pour toutes les assos qui se mettent en quatre pour organiser des fest ou des dates sympas avec de belles affiches. On est vraiment très peu aidés et dans le pays de la paperasse, réussir à organiser un concert relève des 12 travaux d'Hercules… Là par contre, je pense que c'est quelque chose qui nous handicape pas mal par rapport à d'autres pays où la culture a une autre place et d'autres moyens (et où faire du métal n'est pas une honte).

 

9. Quoi de neuf du côté de vos autres projets (WORMFOOD, EMBRYONIC CELLS) ?

Et bien avec WORMFOOD nous préparons notre 3ème album qui devrait voir le jour en fin d'année avec quelques petites surprises en prévision. D'ici-là quelques concerts dont un à Troyes le 6 avril en compagnie d'EMBRYONIC CELLS, OTARGOS et BITCH DOWN FACTORY. Avec EMBRYONIC CELLS, nous nous apprêtons à sortir notre 3ème album, intitulé The Dread Sentence chez Axiis Music. Nous reprenons donc les concerts très bientôt pour défendre cet album sur scène le plus possible.

 

10. Tradition oblige, on vous laisse le mot de la fin…

Merci aux lecteurs de Metalchroniques de m'avoir lu, j'espère que cela vous aura donné envie de découvrir l'album. Merci à toi pour ces questions et bravo à toute l'équipe de Metalchroniques pour tout votre travail durant l'année. A bientôt sur les route!

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview :

1. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

«The Awareness» (AYREON, The Final Experiment)

 

2. Premier album acheté ?

The Freddy Mercury Album

 

3. Dernier album acheté ?

La BO d'Inception

 

4. Quel son ou bruit aimez-vous ?

Le son du piano

 

5. Quel son ou bruit détestez-vous ?

La camion-poubelle qui passe le lundi matin à 6h

 

 

 

 

 

 

Chronique de MELTED SPACE – From the Past ici