Le nom de Lita Ford peut évoquer deux choses à l'amateur de hard rock quelque peu renseigné : la guitariste soliste d'un groupe de hard rock féminin à la carrière courte mais intense, les Runaways auxquelles un film a rendu récemment hommage ; et l'artiste solo de Hard FM qui a proposé dans les années 80, avec le succès que l'on sait, quelques disques qui ont marqué le genre. Alors que son succès a connu dans les années 90 un gros fléchissement commercial dès Dangerous Curve et surtout Black (1995), Lita Ford a totalement disparu de la circulation, se consacrant à la famille qu'elle venait de fonder avec Jim Gillette (ex Nitro). Il fallut attendre 2008 pour entendre de nouveau un disque de Lita Ford qui ne soit pas un best of live ou une compilation de vidéo clips. Las, cet album du retour, intitulé Wicked Wonderland, fut un échec musical complet, les influences « modernisantes » apportées par Jim Gillette déplaisant aux fans et aux critiques. 

Depuis, Lita s'est séparée de son mari et a repris sa carrière en main en sortant ce Living Like A Runaway, épaulé par le producteur et guitariste, Gary Hoey. Bien lui en plu car la chanteuse et guitariste a remis les pendules à l'heure en enregistrant un disque franchement bon. Il n'y a pas de temps mort sur ce disque somme tout très varié, très bien interprété et d'une inspiration réelle. Les amateurs de Hard mélodique tel que l'affectionnait Lita dans les années 80 seront forcément un peu déçus car le propos a été modernisé par rapport à Lita (1988) ou Stletto (1990) en témoignent l'influence à la Nine Inch Nail sur « The Mask » ou les parties de batterie électronique sur « Relentless ».

On remarquera aussi un « A Song To Slit Your Wrists By » dont  les guitares ont été quelque peu trafiquées. Modernisé, le propos de Lita a été aussi surtout durci. Le gros riff d'ouverture de « Branded » avec un refrain plus puissant que sensuel ou la grosse basse vibrante sur « Hate » donnent le « la » : les années 90 sont passées par là. Même une ballade comme « Mother » connaît une accélération et l'apparition de grosses guitares que Lita ne s'autorisait plus depuis Dancin' On The Edge (1986). Pour suivre ce mouvement, les paroles prennent une tonalité plus grave et mâture que les « Kiss Me Deadly » et « Larger Than Life » de jadis. 

Attention toutefois ! Nous ne sommes ni en plein power metal ni plein grunge : la variété qu'établit Lita Ford sur son disque tout comme certaines intonations vocales moins âpres (« Asylum ») inscrivent bien ce disque dans la catégorie du hard rock mélodique. On goûtera ainsi tout particulièrement avec plaisir le duo vocale avec Gary Hoey sur « Love 2 Hate U », qui témoigne bien d'ailleurs de l'apport positif de l'homme sur le disque. Somme toute Lita Ford a réussi un mélange très équilibré des différents aspects de sa carrière. Elle montre ici qu'elle n'a rien perdu de sa verve et ses qualités d'interprétation. Espérons que ce Living Like A Runaway lui permette de retrouver un place de premier plan dont elle a été privée depuis bien longtemps. 

Baptiste (7,5/10)

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Steamhammer – SPV / 2012

Tracklist (40:56) : 01. Branded 02. Hate 03. The Mask 04. Living Like A Runaway  05. Relentless  06. Mother  07. Devil In My Head  08. Asylum 09. Love 2 Hate U 10. A Song To Slit Your Wrists By