Un soir de répétition chez Gojira, il y a quelque temps déjà…

– (Joe) Bon, les gars, on vient de signer chez Roadrunner Records, il est temps de frapper un grand coup, histoire de percer pour de bon. Faudrait donc qu’on leur en colle plein les oreilles. Des suggestions ?
– (les autres)
– (Joe) Oh putain, les gars, merde quoi, un peu d’enthousiasme ! Bon, je vais téléphoner à Maxou, j’ai fait l’intérim sur le premier album de Cavalera Conspiracy, il pourrait nous renvoyer l’ascenseur et nous conseiller un peu. Vu sa carrière, il doit avoir de bonnes idées. Mario, file-moi le téléphone… Allo, Maxou ? Ca roule, ma poulette, toujours au soleil ? Et ta rasta en queue de raton-laveur, elle pousse ? Dis, on voudrait que tu nous conseilles : à ton avis, on devrait faire quoi pour vraiment marquer un grand coup avec Gojira ?
– (Max Cavalera, aka le Steven Seagal du Tribe Metal) Facile, mon grand : tu reprends ton album précédent, tu dilues un peu, histoire que ça bourrine pas trop tout en restant reconnaissable, et t’as ton nouvel album, ni vu ni connu ! Je fais ça depuis 10 ans déjà, et tout le monde n’y voit que du feu ! Pourquoi se casser le fion quand on peut faire simple, hein, ma couille ? Bon, je te laisse, j’ai trois heures d’entretien capillaire avant l’enregistrement de Conquer 4… heu, le prochain Soulfly, je voulais dire. Ciao, respect, my tribe your tribe, toussa…
– (Joe) Mmmh. Ca se tient, mais c’est risqué, les gars… Et si on demandait l’avis de James ?
– (Mario) James ? On connaît un James ?
– (Joe) grmbl ces batteurs, j’vous jure. James Hetfield, tu sais, le frontman des Mets, on a tourné avec eux. Repasse-moi le phone, j’appelle les States, j’espère qu’ils soient pas en train de bouffer, j’voudrais pas les déranger en plein repas de midi…
– (Mario) Il est 18h, ils bouffent vachement tard, leur repas de midi aux States !
– (Joe) pfffffffffffffff donne ce téléphone et trouve-toi une cymbale. Sérieux. Allo James ? How are you, guy ? You remember, Joe, from Gojira, ze French opening band of your band ? Je te derange pas, t’étais pas en train de bouffer ?
– (James) M’en parle pas, pas moyen de préparer la bouffe, Lars a encore piqué les casseroles pour les utiliser comme caisses claires. Les batteurs, j’te jure !
– (Joe) Si tu savais… Dis, je voulais te demander un truc : de toi à moi, comment vous avez fait pour devenir aussi énorme avec Metallica ? C’est quoi, ta recette du succès ?
– (James) Les Teletubbies ! Tu sais, cette émission pour les mouflets, ça m’a ouvert les yeux. En fait, pour que quelque chose fasse rire un gosse, il faut que ce soit répétitif. Alors, la première fois, mouais, ça marche. La deuxième fois, le chiard, il sourit déjà un peu plus. Et la troisième alors, alors là, mon vieux, il se tord de rire, alors que c’est trois fois la même chose. Beh le fan de Metal, c’est pareil. C’est con comme une table, un fan… T’as écouté Death Magnetic ? Dans chaque morceau, tu doubles certains patterns, certains passages, pour asséner le message. À force, ça rentre, le Metalleux dodeline de la tête, il est content, il met la main à la poche, et ding ding, en avant la caillasse dans nos poches !
– (Joe) Con comme une table ?
– (James) Ha ouais, vraiment. Sinon, tu expliquerais comment les chiffres de vente de Death Magnetic et tous nos concerts sold out alors que Lars… LARS, BORDEL DÉPOSE CETTE COCOTTE MINUTE ! J’te laisse, ce con de Lars va réussir à me faire replonger dans l’alcool. Tuut tuut tuut ».

Aujourd’hui, 16/05/2012…
Le constat est amer : Gojira a perdu de son charme… Envolée, la maestria qui faisait le charme du groupe ! Nous avons droit ici à une parodie de Gojira, balourde, maladroite et qui, à aucun moment, n’arrive à nous transporter comme sur un From Mars To Sirius, par exemple. Le plus frustrant ? Gojira a encore ce feu sacré et nous le prouve, ici et là sur cet album. Pris de manière isolée, certains morceaux restent bougrement efficaces, mais l’album, dans son ensemble, tient plus de la baleine échouée que du cétacé évoluant librement dans son environnement marin. On retiendra donc quelques morceaux plus inspirés (ou inspirants ?), tels qu’un « Planned Obsolence » à la brutalité salvatrice ou le single éponyme déjà éprouvé sur scène, mais ils sont noyés dans un océan de lourdeur qui freine l’essor de l’album. Trop long, trop redondant, L’Enfant Sauvage aurait pu gagner en efficacité s’il avait été plus épuré, moins répétitif. Il n’en est rien, et nous sommes en présence de la déception de l’année. Ni plus, ni moins.

« The Whale has landed ».

Mass et Mister Patate[5/10] (pour les chroniques respectives des deux chroniqueurs, voir les commentaires dès ce soir)

Site officiel : www.gojira-music.com
Myspace officiel : www.myspace.com/gojira

Roadrunner Records – 2012
Tracklist 1. Explode 2. L’enfant Sauvage 3. The Axe 4. Liquid Fire 5. The Wild Healer 6. Planned Obsolescence 7. Mouth of Kala 8. The Gift of Guilt 9. Pain is a Master 10. Born in Winter 11. The Fall