Archive for août, 2012

Depuis ses débuts, dans les 90's, KoRn a fait couler beaucoup d'encre. Constamment chahuté par les pisse-froids et les ayatollahs du metal, le groupe a modifié le paysage musical actuel, ce que certains semblent avoir oublié.

Précurseur et inventeur du nü-metal, le gang de Jonathan Davis s'est toujours pris de sacrées volées de bois vert, qui ne l'ont pas empêché de rencontrer un succès public et commercial. Puis KoRn a continué à évoluer, en se réinventant avec le brillant The Path of Totality. Fusion parfaite entre le metal 2.0 (qui commençait à se mordre la queue) et le dubstep, cet opus divisa les fans : trop électro pour les uns, trop innovateur pour les autres. Live at the Hollywood Palladium, suite logique de ce projet, propose d'immortaliser la tournée qui a suivi.

Et il suffit d'écouter cet album pour se rendre compte que KoRn a fait les bons choix. En changeant radicalement de voie musicale, la bande de Barkersfield paraît plus vivante que jamais. Axant son répertoire sur Path of Totality avec pas moins de sept titres, KoRn assume son côté électro-rock tout en n’oubliant pas son glorieux passé. « Blind », « Freak on The Leash », et un« Here to Stay » groovy en diable, sont joués avec un enthousiasme évident. Dommage que le groupe privilégie des reprises moisies de « Another Brick in the Wall » et de « One », alors qu'un « Adidas » ou un « Make me Bad » auraient été les bienvenus. Mais c'est mégoter pour pas grand chose.

Live At Hollywood Palladium prouve que KoRn n'est pas mort et qu'il a su se remettre en question au bon moment. Rien que pour cela, ce live mérite toute notre considération.

Nico (7,5/10)

 

Site Officiel: http://www.korn.com/splash

AFM / 2012

Tracklist : 01. Get Up ! 02. Kill Mercy Within 03. Illuminati 04. Chaos Lives In Everything 05. My Wall 06. Way Too Far 07. Narcissistic Cannibal 08. Here To Stay 09. Freak On A Leash 10. Falling Away From Me 11. Predictable 12. Another Brick In The Wall 13. Shoots And Ladders 14. One 15. Got The Life 16. Blind

Helloween – Mini LP

Pour bien comprendre la portée du premier essai discographique d’Helloween il faut se remettre dans le contexte de sa parution, en mars 1985. Dans les magazines de l’époque on oscillait encore entre « speed » et « thrash » pour désigner cette phalange de jeunes groupes américains ou européens en train de « ringardiser » à vitesse grand « V » tous les dinosaures de la NWBHM. Au milieu de ce spectre musical qui avait comme ligne directrice la rapidité et l’agressivité, les Allemands d’Helloween commencèrent très vite à se faire une place un peu à part en étant les promoteurs de ce qui s’est avéré au final un vrai genre spécifique, le « speed mélodique ». Et ce grâce à plusieurs atouts.

Car, au milieu des Overkill, Dark Angel, Kreator et autres Exciter de l’époque, les quatre membres d’Helloween avaient un certain nombre d’arguments à faire valoir. Et l’écoute comparée des Endless Pain (Kreator) ou We Have Arrived (Dark Angel) avec ce premier EP, fera apparaître très rapidement ces arguments. Le groupe de Kai Hansen (chant/guitare) et Michael Weikath (guitare) était à la fois plus mélodique – et c’est particulièrement sensible sur les solos – et plus habile musicalement que la majorité des groupes de la nébuleuse speed/thrash, tout en conservant le goût des tempos échevelés. Cette combinaison spécifique de musicalité et de mélodie dans un contexte où la double grosse caisse est reine et le chant se fait haut perché incitera bien vite à parler de « speed mélodique » pour caractériser la musique d’Helloween mais aussi d’autres groupes s’étant engouffrés à l’époque dans la brèche (Rage première époque, Grave Digger, Scanner etc.). Plus pragmatiquement, on pourra suggérer qu’Helloween fusionnait en fait avec brio des éléments propres au thrash metal avec ceux issus du heavy metal classique (Iron Maiden, Judas Priest).

Helloween était le leader du genre et ce premier EP démontre déjà pourquoi. Malgré une production fort moyenne (mais loin d’être catastrophique si on la compare à la concurrence en 1985) et les imprécisions du chant souvent criard et pas toujours très juste de Kai Hansen, les cinq titres proposées rentrent bien vite dans la tête de l’auditeur, une fois passée une petite introduction rigolote et plaisante. « Starlight » et « Warrior » sont franchement réussis dans un genre certes teigneux mais non dénués d’éléments mélodiques. Plus en retrait « Murderer » souffre d’un refrain un peu banal, mais profite de belles parties solos qui relèvent le niveau du morceau. « Cry For Freedom » recèle de nombreuses qualités, mais est un peu gâché par un chant en clair un peu incertain de Kai Hansen. L’orientation mélodique et épique ultérieure du groupe est toutefois esquissée : « Cry For Freedom » augure d’une certaine manière le future (brillant) du groupe. L’apex du EP est sans doute la superbe « Victime Of Fate », avec son riff épileptique, son refrain accrocheur et son break construit sur un crescendo maléfique impressionnant. Il est d’ailleurs significatif que le titre ait été réenregistré quelques années tard avec Michael Kiske au chant, tant le groupe était convaincu par son potentiel. Sans bouder la version de Kiske, je préfère franchement celle de Hansen, plus brute mais plus prenante.

À la suite du bon accueil de ce fort bon EP, le groupe ne lambina pas et se rua en studio pour enregistrer Walls Of Jericho. Sûr de lui, il proposa huit nouveaux titres aux fans alors qu’un ou deux morceaux de ce premier essai auraient sans doute trouvé leur place sans soucis auprès de « Ride The Sky » et de « Guardians ». C’est dire le potentiel du groupe, potentiel plus qu’esquissé ici sur ce EP à l’image de son illustration : certes imparfait mais fougueux, prometteur et surtout fondateur.

Baptiste (7,5/10)

PS : Ce EP n’est disponible sous format CD qu’associé avec Walls Of Jericho et le single « Judas », les titres étant tous placés sur un même CD. Si l’entreprise est financièrement compréhensible, elle a un défaut : empêcher de bien distinguer qui relève de quoi.

Noise / 1985

Tracklist : 1. Starlight 2. Murderer 3. Warrior 4. Victim Of Fate 5. Cry For Freedom

All Hail The Yeti – All Hail The Yeti

Un groupe nord américain portant un nom d'animal mythique, on a déjà vu cela au find fond de l'Ohio (une chimère ça ne vous dit rien ?), et après tout ce n'est pas plus ridicule que la « Panthère », « Les tigres de Pan Tang », « Sepulture » ou « Metallique » pour n'en citer que quelques uns dans la communauté des groupes metal. 

Il n'empèche ça attire l'attention. Encore faut il que All Hail The Yeti soit à la hauteur niveau son. Et là, il faut bien reconnaitre que les fées poilues du metal se sont penchées avec bienveillance sur ce premier album. Aussi abrasif qu'un Corrosion Of Conformity, un souffle épique et musclé que l'on retrouve chez Down ou Crowbar. 

Et une énergie capable de mettre par terre la Nouvelle Orléans. Un sludge agressif rondement mené nous est proposé par un jeune groupe fondé en 2006 qui maitrise son sujet au poil. Du metalcore évoqué à tort comme matrice du groupe, le groupe n'en partage qu'une influence, majeure le bon vieux heavy metal et ses envolées lyriques à la guitare. 

Les vocalises au chant clair qui apparaissent de temps en temps sonnent plus justes que le style précité, c'est plus proche du Hard Rock mélodique US. Connor Garritty se débrouille bien au chant hurlé, épaulé par le batteur Skylar Feigel et le bassiste Nicholas Diltz au chant clair. En tout cas, ce n'est pas dans le core que le groupe puise l'essentiel des munitions. Le sludge est plus approprié pour servir de colonne vertébrale, sans oublier un soupçon de Doom et de Stoner  (l'intro d'« After The Great Fire » et son riff principal qui écrabouillent tout). 

« Axe Murder Hollow » confirme le talent du groupe pour sonner la charge, à coups de riffs Stoner – un tantinet Thrash. En prime le son est au poil, moderne et puissant, mais qui évite le côté froid et clinique de certains groupes Nord Américains, Tommy Decker et Mike Sarkisyan de Spineshank ont bien fait leur travail. Ici quand c'est crade on le laisse passer à dessein et ça colle bien avec l'ambiance pesante. Un « Ruby Ridge » devrait dresser les poils de tout amateur de Corrosion Of Conformity, ces derniers devraient se méfier, on a un sérieux prétendant à la succession qui débarque. Le groupe ne se contente pas de tout aplatir à un rythme de pachyderme, il sort aussi les baffes sur un rythme plus soutenu, accrochez vous sur « I Am Wendigod », on se retrouve assez vite submergé par une section rythmique percutante. D'ailleurs cette dernière ne démérite pas tout au long de l'album. « The Art Of Mourning » pourra rappeler avec son refrain entêtant, Alice In Chains, avec de l'harmonica en plus. 

On pourra rechigner sur certains riffs qui n'ont rien de franchement novateur, mais il n'empèche que le groupe arrive à sortir quelque chose d'accrocheur qui mérite d'être écouté. Seul « Judas Cradle » m'a laissé sur m'a faim, un titre de 20 minutes, cela laissait espérer un final Doom, rien à voir : on a droit à 6 minutes de musique qui dépote au compteur, et un quart d'heure de piafs et autres bestioles qui gazouillent dans le bayou. Frustrant. Un premier album est d'ordinaire une démonstration de savoir faire pour un jeune groupe, qui justifie son entrée dans l'arène du business de la musique, de mon point de vue All Hail The Yeti n'a pas raté son entrée. Très prometteur. Voilà la preuve qu'on peut bien faire du metal plombé sudiste, avec un vocaliste canadien et des mecs qui crèchent à West Hollywood, Californie.

Hamster (08.5/10)
 
 
 
 
AFM Records / 2012
 
Tracklist (59:57) : 01. Deep Creek 02. When the Sky Falls 03. Suicide Woods 04. The Weak and Wounded (Prelude to Flames) 05. After the Great Fire 06. Bloodguilt 07. The Art of Mourning 08. I Am Wendigod 09. Axe Murder Hollow 10. Ruby Ridge (Every Knee Shall Bow) 11. Judas Cradle