Archive for août, 2012

Helloween – Walls Of Jericho

Il faut être clair : Helloween, plus de vingt-cinq ans après sa formation, capitalise encore sur ses trois premiers albums, à savoir Walls Of Jericho, Keeper of The Seven Keys part I & part II. C’est-à-dire sur un tronçon de carrière ne dépassant pas les cinq-six ans. Après le départ retentissant de Kai Hansen en 1989, la carrière des Teutons n’a plus jamais été la même. Même si l’intégration de Andi Derris en 1993 succédant au vocaliste évincé, Michael Kiske, a permis au groupe de retrouver une certaine popularité auprès des fans très mécontents du tournant opéré sous l’égide de Kiske sur Pink Bubbles Go Ape (1991) et Chameleon (1993), nous sommes très très loin de l’aura qu’avait Helloween lorsqu’il triomphait aux Monsters of Rock en 1988. Et il y a tout lieu de penser que cela va durer.

Un rôle un peu à part

Dans la trilogie mythique, Walls Of Jericho tient un rôle un peu à part. Tout d’abord car le groupe n’était pas encore un quintet mais un quartet, Kai Hansen tenant le micro. Son chant est bien plus brut et moins lyrique que celui de Kiske. Assez particulier, il participe d’une identité aussi spontanée que fougueuse que le groupe perdra très vite par la suite du fait des qualités techniques de son successeur. Ce chant était en fait adapté à une musique bien plus heavy que ce que proposera le groupe dès Keeper Of The Seventh Part I (1987).

Le speed mélodique dont le groupe se fera le plus illustre représentant était encore assez mâtiné d’éléments thrashy qui seront écartés par la suite. D’ailleurs très longtemps en concert, le groupe s’est contenté de ne jouer comme extrait de cet album que « How Many Tears ». J’ai souvenir d’interviews données lors de la sortie de Chameleon dans lesquelles le groupe renvoyait le fan amateur de « Ride The Sky » et tutti quanti à Gamma Ray, censé être le vrai héritier de la première époque du groupe. Depuis ce morceau ainsi quelques autres ont refait surface dans les set-lists du groupe, Weikath sentant bien qu’il est important de satisfaire les fans qui le suivent toujours lui et ses citrouilles.

Agressivité et fougue

Ce sont à mon avis des questions extra-musicales qui expliquent largement que cet album ait été délaissé par le groupe après 1989 et non des raisons artistiques. Ce qui gênait Kiske et les siens n’était pas la qualité indéniable des compositions du tandem Hansen/Weikath mais l’agressivité et la fougue affichées. Les éléments de « happy metal » que j’ai trouvés de plus en plus envahissants par la suite sont tout simplement absents ici, à l’image de la pochette que n’aurait pas reniée les tenors du thrash de l’époque. Le géant à tête de citrouille (Fangface) détruisant les murs de Jéricho était sans doute maladroit dans sa représentation picturale mais sans doute pas rigolo. Ces éléments « fun » n’auraient pas eu leur place sur une musique beaucoup thrash : certains riffs de « Ride The Sky », « Phantom Of Deah » ou « How Many Tears » auraient tout à fait pu être écrits pour le Kill ’em All de Metallica. Il est d’ailleurs significatif que les refrains, bien que toujours réussis, n’apparaissent dans les chansons que tardivement (« Reptile », « Heavy Metal (is The Law) »), le groupe cherchant manifestement à mettre en valeur ses qualités musicales et techniques, qualités évidemment patentes sur les longs solos mélodiques qui seront d’emblée une marque de fabrique (écouter notamment les longues parties solo de « Phantom Of Death »).

Car malgré une production assez brute au mixage très contestable et les limites du chant de Hansen, il faut reconnaître que les musiciens d’Helloween étaient déjà très maîtres de leur propos qu’il avait déjà pu étrenner sur leur mini LP intitulé « Helloween » et sorti un peu plus tôt. Les qualités de guitaristes duettistes de Hansen et Weikath sont connus, mais c’est rétrospectivement le niveau d’Ingo Schwichtenberg (batterie) et de Markus Grosskopf (basse) qui m’impressionne le plus. Le jeu de Grosskopf est notamment mis en valeur par une production très généreuse pour son instrument (« Guardians »).

Une coexistence harmonieuse

Quant aux chansons en tant que telles ? Toutes sont bonnes mais quatre sont exceptionnelles : « Ride The Sky », « Phantom of Death », « Guardians » et « How Many Tears ». Ces quatre là sont de pure hymnes de heavy speed mélodique. « Gorgar », « Reptile » ou « Metal Invaders » sont un cran en dessous mais restent toutefois extrêmement attachantes et n’ont rien du statut de « crypto face B ». Je les aime toutes. Signalons que par son côté fédérateur le faux live « Heavy Metal (Is The Law) » est à mi-chemin entre ces deux groupes de chanson. Personnellement un grand frisson me saisit toujours à l’écoute de l’incantation métallique de Hansen sur ce morceau (je cite « Heavy Metal is the law that keeps us all united free / A law that shatters earth and hell »). On remarquera que la coexistence difficile entre Hansen et Weikath qui éclatera en 1989 n’était alors pas de mise : les crédits se répartissaient alors de manière égale entre les deux guitaristes, Weikath accouchant de deux brulôts avec « Guardians » et « How Many Tears » (un titre qui par son ambition préfigure les morceaux épiques des deux Keepers).

J’ai un rapport assez sentimental envers un album que j’ai écouté à plus soif lorsque je l’ai découvert vers 1991. Seul mon soucis d’objectivité m’incite à reconnaître des défauts évident : Walls Of Jericho est peut-être culte et attachant mais encore brut et parfois naïf. M’est avis toutefois que seul un très bon disque peut susciter de tels sentiments d’attachement, plus de vingt-ans après sa sortie. Ce constat ne remet toutefois pas en question le choix de Michael Kiske comme nouveau chanteur en remplacement de Kai Hansen. La carrière d’Helloween est aussi riche de ses discontinuités.

Baptiste (08,5/10)

Noise / 1985

Tracklist (40:50) :  1. Walls Of Jericho (intro) 2. Ride The Sky 3. Reptile 4. Guardians 5. Phantoms Of Deah 6. Metal Invaders 7. Gorgar 8. Heavy Metal (Is The Law) 9. How Many Tears

J'ai déjà parlé de Svölk il y a de ça quelques mois, à l'occasion de la sortie de leur second album Svölk'em all.

Le deuxième album était interessant, je l'ai dit dans la chro et je ne vais pas revenir dessus. Un troisième album est souvent un virage difficile : le groupe n'est plus un groupe de bleus, il a déjà un peu de bouteille et surtout, on commence à en attendre quelque chose.

Disons le d'entrée de jeu, Svölk ne s'est pas planté mais on ressent déjà une forme de lassitude.

Le premier titre « Living by the Sword » se présente pourtant bien. Il commence par une petite intro en douceur et tabasse un bon coup au bout d'une dizaine de secondes. La basse gratte et claque, la batterie est lourde, les guitares également. C'est toujours aussi inspiré des 80's, mais on ne s'en plaindra pas, mais un gout de bof reste en bouche. J'avais trouvé la voix de Knut plutôt interessante sur le précédent effort, mais j'accroche moins cette fois-ci. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre les deux. Peut-être mon humeur du jour…

Le second titre est un résumé du "problème" actuel de Svölk : il est bien trop Hard FM pour être honnête. Franchement, sans être un mauvais titre, il est tellement bateau et convenu que s'emmerde à l'écouter. C'est pas le petit riff un peu assassin de la fin qui me fera changer d'avis. Le groupe chantre du Bear Metal semble avoir accouché d'une marmotte.

Heureusement, et c'est d'ailleurs souvent l'inverse qui se produit, je trouve que le disque gagne en qualité durant son écoute. Là où  beaucoup de groupes mettent leurs meilleurs titres en avant, Svölk semble avoir fait le contraire, du moins à mon gout. Le morceau « Painbringer » est une réussite, un sacré mid-tempo bien rythmique. On retrouve le Svölk de Svölk'em all

On retrouve encore un côté Doom 70's, à l'image d'un Black Sabbath ou encore d'un Electric Wizard sur « Fallen » et sa basse bien lourde et ses riffs lents et entêtants. Un titre absolument succulent qu'on prend plaisir à écouter. Knut reprend de la voix, de la bonne voix. Ensuite, je trouve que  « Break My Bones » retombe un peu dans certains travers Stoner/FM.

Enfin, l'album se finit sur les deux excellents titres que sont  « To Conquer Death You Only Have To Die » et surtout  « This Is Where Its Ends » qui est de loin le meilleur titre de l'album, peut-être de toute la carrière du groupe, et dans lequel Svölk multiplie les changements de riff, de rythme, d'ambiance et porte haut le Stoner/Metal tel qu'on l'aime.

Voilà pour ce troisième opus. Pas une grande claque, pas non plus un album moyen. Le côté répétitif du début s'estompe sur la fin. Svölk fait toujours du Svölk mais le fait avec talent, il n'y a rien à redire dessus. La prod est un peu plus moderne que sur le précédent effort et il s'en dégage une plus grande aggressivité. Le troisième album est donc plutôt bien négocié, malgré quelques réserves qui n'entachent pas le potentiel bien headbangant de Svölk.

Poney [6.5/10]

 

Site Internet : http://www.svolk.net/

Myspace : http://www.myspace.com/svolk

 

Napalm Records – 2012

Tracklist (51:45 mn) : 1. Living by the Sword 2. Feed Your Soul 3. Painbringer 4. Twenty Four Twenty 5. Fallen 6. Break My Bones 7. Bearserk 8. To Conquer Death You Only Have to Die 9. This is Where It Ends

Ashent – Inheritance

A tort ou à raison, on dit souvent que le troisième album est charnière. Il confirmera les bonnes intentions et permettra au groupe de continuer à progresser ou il sanctionnera le sur place et les vouera aux gémonies. Les italiens d’ASHENT font donc face à ce juge de paix avec leur troisième opus, Inheritance. Rappelons que le groupe est né en 2001 de l’initiative de deux frères, Gianpaolo et Onofrio Falanga respectivement bassiste et guitariste. Ils ont déjà deux albums à leur actif: Flaws of Elation (2006) et Deconstructive (2009) déjà chez Lion Music. Ce dernier album rencontre un beau succès critique et commercial et devient à l’époque la meilleure vente du label. Pour aller encore plus loin et atteindre un nouveau palier, de 3 nouveaux musiciens sont recrutés pour Inheritance parmi lequels Titta Tani (DAEMONIA, ex-NECROPHAGIA et ex-DGM).

ASHENT n’a pas choisi la facilité et propose un métal progressif complexe et assez déroutant. Aux contraires des productions précédentes, les claviers semblent parfois mener la danse et portent la mélodie principale et impulsent les différentes variations. Les guitares font un remarquables travail en soutien et apportent poids et une puissance. Les rythmiques sont complexes et assez audacieuses. Le premier titre « Eve » est vraiment particulier par son approche. L’auditeur est un peu perdu dans cette tornade de sons, de rythmes et de voix. Aucun fil conducteur n’est proposé pour suivre les débats et nous nageons rapidement en pleine confusion. Il va falloir vraiment s’armer de patience pour soulever toutes les touches et toucher à l’essence de la musique d’ASHENT. Dans la grande tradition des THRESHOLD ou PAIN OF SALVATION, l’auditeur n’est pas bêtement tenu par le main sur un chemin balisé mais il va devoir faire des efforts. Pas sûr que beaucoup soient prêt à y consentir.

J’en vois déjà lever les yeux au ciel devant cette complexité que certains pourront jugée stérile. Question de goût mais les amoureux des CYNIC et autres DEVIN TOWNSEND ne seront pas d’accord. Moi je reste partagé. Je loue le talent et la maitrise technique de nos amis mais je me suis totalement perdu dans Inheritance. Malgré de belles qualités, les compositions ne me semblent avoir ni queue ni tête et sonnent à mes oreilles comme un patchwork d’idées déconstruites. Finalement la magie du groupe opère lors des plages instrumentales. « Danzatrice Scalza » et « Labyrinthique » sont de petits bijoux subtils et maitrisés.

Quand on tombe sur plus fort que soit, il faut l’avouer et s’effacer. Je n’ai pas compris grand-chose à Inheritance des italiens d’ASHENT. Je laisse les progueux juger et cours chercher deux aspirines pour soulager ce vertige persistant.

Oshyrya

 

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Lion Music / 2012

Tracklist (57:13 mn) 01. Eve 02. Magnification Of A Daydream 03. Shipwrecked Affair 04. Fractural 05. Spider's Nest 06. Renaissance 07. The Starving Litany 08. Confessions Of Reimman 09. La Danzatrice Scalza 10. The Defiant Boundary 11. Labyrinthique